C’est parti, la campagne pour les présidentielles a débuté et elle s’annonce extrêmement fructueuse pour la réhabilitation de la politique, au sens noble du terme. Vous allez voir que les débats vont être aussi profonds et féconds que le furent, par exemple, ceux qui émaillèrent inutilement pour le résultat final, le référendum sur le traité constitutionnel européen ! On s’est vivement engueulé, toujours sur des idées, mais c’était déjà une autre époque, car désormais on ne fait plus du tout référence à des principes.
Nicolas Sarkozy s’engouffre tête baissée dans cette carence des partis de gauche à entretenir les confrontations, en plaçant, avec jubilation, le débat sur des sujets anecdotiques qui masquent ses échecs patents. Il le sait, tout le monde ou presque a oublié ses frasques néo-libérales, ses cadeaux aux grandes fortunes, ses fréquentations ostentatoires, ses erreurs grossières d’appréciation, ses débordements déplorables… et il va jouer sur un tout autre contexte. Il va se parer dans la toge en lin blanc du sauveur courageux et volontaire. En fait, Chatel, qui bénéficie d’une indulgence coupable de la part des syndicats enseignants qui le laissent vagabonder dans la privatisation de l’Éducation, a déniché la comparaison qui révèle la profondeur de la réflexion UMP : Sarkozy c’est Astérix, même combat !
Le petit gaulois agité, qui terrasse tous les étrangers qu’on lui présente, va devenir le symbole de la campagne de la droite. Tout colle à merveille avec le souhait des Franchouillards de tous genres qui résistent aux envahisseurs… et plus encore avec le fait qu’une gourde (même magique) peut transformer la vie d’un avorton. Chatel a écrit l’histoire, et c’est certain, a redonné du lustre à la cote de popularité à son chef, qui vit dans le village Élysée, entouré par les ennemis. « Sarkozyx », c’est beaucoup mieux qu’une promesse électorale non tenue, qu’un programme obsolète, qu’une déclaration fracassante, car c’est une assurance tous risques pour la campagne qui vient !
Le Ministre de l’éducation a des lectures du niveau de cette maternelle qu’il veut déstructurer, puisqu’il connaît aussi Babar. Dans un raccourci saisissant il a en effet affublé François Hollande de la trompe et de la naïveté du roi…des éléphants, tous bien évidemment socialistes. En chemise à col, veste et pantalon d’une « agréable couleur verte » et paire de souliers rehaussés de guêtres, Babar va coller à la peau de l’adversaire de Sarkozy, grâce à la répétitivité médiatique actuelle. Les propos de Chatel suffiront à résumer les arguments éventuels du principal adversaire de son maître à penser. C’est ainsi que l’on tue par avance, en France, tout véritable affrontement idéologique, qui soit disant déplait aux électrices et aux électeurs. Avec « Sarkozyx » et « Babarollande » on a atteint les profondeurs insoupçonnables des oubliettes de la démocratie, mais peu de monde s’en émeuvra.
Même ceux qui se prétendent les farouches adversaires du système médiatique reposant sur les petites phrases cèdent à la tentation. Ils tapent sur ce mode de communication quand il leur est défavorable, mais se réjouissent quand leurs petites phrases sur les autres sont reprises. Jean-Luc Mélenchon, le chantre du débat démocratique, aux côtés duquel j’ai combattu, n’a jamais digéré les présentations sommaires que faisaient de lui, les journalistes, « valets du pouvoir en place ».
Il expliquait sentencieusement que les journalistes pervertissent le dialogue en considérant que les politiques sont automatiquement des «menteurs», rendant «vains les méritocrates comme moi. (…) Le méta discours qui nous entoure est une subversion complète de la sphère publique»… Des déclarations que peu de gens réalistes peuvent critiquer, quand ils connaissent les réalités de ce monde qui s’arroge le soin de juger, sur la base d’un constat simple : « tous superficiels, menteurs et pourris ». Il est vrai que Jean-Luc Mélenchon a beaucoup fait progresser son combat pour un autre journalisme, en faisant encore mieux que Luc Chatel.
De l’interview qu’il a accordée au JDD, les médias n’ont retenu que la petite phrase selon laquelle François Hollande serait « un capitaine de pédalo ». Une formule qui illustre bien le piètre état du débat politique d’aujourd’hui, et qui maintenant sert de formule choc pour la Droite, ravie de l’aubaine. Comment croire que ce genre de synthèse ne va pas polluer définitivement les relations entre celui qui fut socialiste et celui qui a obtenu, que ça fasse plaisir ou non, la confiance d’une majorité de femmes et d’hommes, tout autant de Gauche qu’un ancien sénateur, élu par les notables d’un département.
En ayant lentement étranglé le concept même de la politique voulant que les campagnes reposent sur des valeurs, des propositions, des contributions, notre société du non dit, de la fuite, de l’indifférence, a généré ce type de déviance. Demain, l’affrontement idéologique se résumera durant des mois dans celui de Peter Pan et du capitaine Crochet, dans celui de Lucky Luke et de Jo Dalton ou dans celui de Superman et Lex Luthor… En fait, pour moi, j’ai toujours préféré Gavroche à Astérix et je crains que la France ait déjà à sa tête le capitaine du Titanic !
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Comment le débat politique peut-il tomber si bas, quand les problèmes qui se posent au pays et aux citoyens sont si graves et si préoccupants ! Comment des soi-disant responsables politiques peuvent-ils se livrer à des facéties d’enfants d’école maternelle, quand ils devraient se pencher sur les problèmes qui se posent à notre pays et au Monde! Et comment un homme qui se dit de la gauche extrême, et dont on était en droit d’attendre qu’il fasse preuve du sens des responsabilités peut-il s’abaisser à des plaisanteries de bas étage, indignes de lui !
Mais, madame PIETRI, vous dites: « Comment le débat politique peut-il tomber si bas ? » Mais pour une raison extrêmement simple:
Nous savons toutes et tous, elles et ils savent toutes et tous quelle est la solution.
C’est d’une telle évidence maintenant, qu’au fond il n’y a plus rien à dire.
Que les bénéfices sur cotations en bourse des produits vitaux pour lutter contre la famine des populations soient interdits
et que les profits réalisés par les financiers non productifs de richesses bénéfiques au bien commun soient taxés suffisamment pour combler toutes les dettes accumulées par le fait même de leur existence !.
Une fois que cela est clair, est ça l’est, de quoi voulez-vous donc que l’on discute ?
Alors, on passe le temps, on s’amuse, on disserte, on se congratule, on s’invective, on s’insulte, on se sonde, on se re-sonde, on vend du papier journal, des informations télévisées, des produits bios industrialisés, on commerce équitable, on souffle sur les éoliennes, on fabrique des barbes culs solaires pour les week-end en famille, on repousse la retraite comme le moment où les chinois vont enfin se décider à s’accorder du crédit à la consommation, on sauve la baleine qui reste encore, on organise quelques guerres, tout mais surtout pas ce qu’il faut: partager équitablement entre être-vivants.
Equitablement, pas également, vous saisissez la différence, elle est de taille, je ne suis pas un échappé de goulag soviétique.
Et puis on vote… ça occupe.
Pour le débat politique tant malmené on savait la nécessaire reconquête des citoyens, mais là en effet, ce sont les politiques de plus en plus nombreux qui « mélanche » (pour faire aussi « emporte-pièce » que lui.) le ON et le OFF.
Effectivement, ça n’élève pas le débat, on continue avec La Piste et ses clowns, pitoyable !
Durant le printemps de jasmin, ou des orangers, au sud de la Méditerranée quoi, des femmes et des hommes sont morts pour se libérer de leur dictateur.
Durant l’automne des vignes, au nord de la Méditerranée quoi, des femmes et des hommes via le marché économique ont viré deux chefs de gouvernements.
En France tout va très bien Madame la Marquise,
tandis que nos élites bandent-dessinent,
les journalistes répondent au béni-oui-oui quizz !
Il n’y a rien de plus pitoyable qu’un public acquis .
Et nous ne faisons rien d’autre que de commenter les pitreries.
Cela nous donne surement le sentiment d’agir et encourage les clowns.
Sauf ceux qui meurent littéralement de faim, et ils commencent à être fort nombreux, et qui n’en ont rien à battre des gros mots qu’ont dans la bouche les fins politiques.
Eux qui se contentent de porter en bouche, avec parcimonie et retenue et élégance, juste de quoi ne pas crever.
Il semblerait que ces gens de l’U M P (Union des Mauvais Perdants) soient saisis d’une telle frousse à l’idée que quelqu’un pourrait leur piquer leur place qu’ils en viennent à des arguments de cours de récréation.
C’est en effet une véritable attaque « ad hominem », argument indigne d’un personnage qui se prétend homme politique, à laquelle s’est livré monsieur Chatel.
En évoquant Babar, ce bon monsieur Chatel a d’ailleurs montré involontairement le bout de son faux nez : ce personnage de fiction, imaginé par Jean de Brunhoff (je souligne le souhaitable ci-devant « de ») est un peu comparable au personnage de Tintin, dans « Tintin au Congo », avec toute une symbolique plutôt plus que moins colonialiste (heureusement, Tintin a un peu évolué par la suite).
On y trouve sous-tendu le mythe de la supériorité de la civilisation occidentale par rapport aux « sauvages », et autre concepts rances.
Rien d’étonnant à cela, la famille de Brunhoff, « catholique et française », se prétendant » de gauche », s’est également fait connaître pour des positions particulièrement réactionnaires et ses relations avec l’église catholique.
Thierry de Brunhoff, qui se fit une réputation comme pianiste est également connu comme moine bénédictin.
Là, je m’avance, mais , de Villiers, de Brunhoff, même combat?