Lundi le Chef de l’État, dans une conférence de presse circonstancielle et sans intérêt, vantait les bienfaits de son action à la tête du pays. Il démontrait, sans aucune retenue, que l’abandon du système social à la Française, l’inflation des exonérations diverses, la suppression de la taxe professionnelle, les réformes en cours, avaient redressé la France dans une période de crise imprévue. En fait, à l’écouter, il avait été le Clemenceau dont pouvait rêver une Nation en guerre contre… tout le monde ! A l’en croire, le programme socialiste était de la daube, et ses recettes à lui, allaient recueillir des étoiles au guide planétaire de la gouvernance.
En fait, il a été rappelé par la réalité, car la tendance à la baisse légère du chômage s’est brutalement arrêtée en Mai, et le déclin va se poursuivre en juin, malgré toutes les consignes de radiations. Il n’y a que Nicolas Sarkozy pour parader ainsi devant des médias hypnotisés par ce discours répétitif, uniquement constitué d’effets d’annonces incontrôlables ! Les statistiques publiées par le ministère du Travail (ou plus exactement le Ministère du chômage) sont en effet franchement mauvaises, et l’ampleur de la hausse n’était guère « anticipable » au vu des indicateurs économiques. Alors, il faudra se poser la question de l’interprétation qui en est faite. Dans le fond, l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi va réjouir la nouvelle directrice du FMI, car elle y verra… un signe éclatant de l’efficacité de la politique économique qu’elle a menée !
Après quatre mois consécutifs de recul, le nombre de demandeurs d’emploi n’ayant pas du tout travaillé dans le mois (catégorie A) a rebondi de 17.700 en mai (+0,7 %), pour s’établir à 2,686 millions en France métropolitaine. Il s’agit d’une croissance extrêmement forte, qu’il n’a pas été possible de minorer ou d’enrayer. Elle n’est que le reflet de l’échec patent de mesures visant uniquement à détruire la solidarité, par des exonérations de charges sociales, seulement utiles à augmenter les profits des grandes entreprises. La situation est pire si l’on regarde l’ensemble des chômeurs tenus de faire des « actes positifs » de recherche d’emploi, y compris ceux qui ont travaillé dans le mois : le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A,B,et C a augmenté de 39.400 (+1 %), la plus forte hausse depuis octobre 2009 ! Ne cherchez pas : cette référence demeure la seule qui vaut la peine d’être retenue, car elle accentue la paupérisation générale du pays, avec des travailleurs pauvres. Elle va encore augmenter le nombre de personnes relevant du RSA et elle conduira les conseils généraux droit dans le mur !
Ces constats portent le nombre des gens dans l’insécurité sociale à 4,078 millions en métropole, un nouveau record pour le sarkozisme triomphant ! Malgré deux petites baisses en février et avril, le nombre de chômeurs, toutes catégories confondues, a augmenté de… 33.000 depuis le 1er janvier. Pour la première fois depuis le début de l’année, le nombre de chômeurs de moins de 25 ans repart à la hausse (+1,3 % en mai, à 429.300). Et ce n’est qu’un avant-goût de la rentrée, quand tous les diplômés vont se retrouver sur le marché de l’emploi… Pour l’été, quelques-uns auront des « jobs » déclarés, mais après, ce sera le désert pour tous les contrats. L’allongement de la durée du travail pour prétendre à la retraite ne va pas améliorer ce phénomène. Il n’empêche surtout pas les « veux » salariés de faire encore et toujours les frais des restructurations financières, car le feu clignotant orange concerne toujours les seniors. Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans ne cesse de progresser, de 0,9 % sur un mois et de… 12,3 % sur un an. C’est un signe dramatique des erreurs commises par sectarisme idéologique… et dont plus personne ne maîtrise les effets. Les licenciements convenus, les départs conventionnels, les congés de longue maladie vont maintenir de fait des départs à l’âge ancien, mais la différence, c’est que ces périodes de pré-retraite sont réglées désormais sur les budgets sociaux !
Conséquences : les effectifs des chômeurs de longue durée ne cessent de s’étoffer depuis le printemps 2008, et le mois de mai n’a pas inversé la tendance : le nombre de demandeurs d’emploi depuis au moins un an atteint 1,54 million (+0,8 % sur un mois, +10,5 % sur un an). Plus de contrats aidés et le RSA avec les désolantes déclarations UMP sur ce mode insuffisant de solidarité. Mais comment expliquer aux électrices et aux électeurs qu’ils devraient être attentifs à ne pas mourir sous le rouleau compresseur médiatique. La réduction, non mesurée et surtout aveugle, des postes de fonctionnaires aura d’autres répercussions sur l’entrée dans la vie active des jeunes et sur l’absentéisme des ex-retraitables ! On n’en mesurera les effets réels qu’en 2013, mais en attendant, la méditation est fortement recommandée sur cette déclaration du Chef de l’État Français devant le gratin de la presse et tous les ministres concernés : Nicolas Sarkozy expliquant qu’il avait essuyé, un peu plus d’un an après le début de son mandat, « la plus grave crise économique que le monde ait connue ».
« Je suis très impressionné de voir la capacité de sous-analyse de la crise », a-t-il lancé, à l’adresse de la presse, accusée de ne pas avoir assez souligné la difficulté de la situation. Nicolas Sarkozy veut montrer que, malgré la violence du choc, non seulement il a réussi à empêcher la baisse du pouvoir d’achat des Français – chiffres de l’Insee à l’appui -, mais qu’il a, et surtout, préparé l’avenir. Et de rappeler que, dès le 22 juin 2009, il annonçait officiellement le grand emprunt devant le congrès réuni à Versailles, « alors que la réponse à la crise mobilisait encore les gouvernements du monde ». On en voit le résultat concret ! Ah ! Au fait, sa cote de popularité a grimpé de 2 points… Comprenne qui pourra !
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