La double suppression de la notion du service public et de celle de la solidarité, pour les remplacer par la privatisation et le chacun pour soi, entraîne la société dans une spirale de la déchéance. Elle va causer des ravages dans un monde que l’on n’ose plus prévoir meilleur. En choisissant la notion de profit face à celle de l’humanisme, le politique trahit simplement les fondements de sa raison d’être. On savait, par exemple, depuis longtemps que l’égalité devant la médecine n’était plus qu’une idée du temps passé, et il suffit de se pencher sur les réalités pour s’en convaincre. Dans un rapport rendu par la Direction des études (Drees) du ministère de la Santé, le constat est sans appel : l’accès aux soins est inégal selon les régions. Il est vrai que 95% de la population française a accès à des soins de proximité en moins de quinze minutes. Mais l’enquête met aussi en avant de grandes disparités entre les régions dans l’accès à certains soins plus spécifiques. On continue à supprimer, à fusionner, à rationaliser, sans se soucier outre mesure des véritables conséquences sur les individus.
Faute de vouloir assumer le fait que la solidarité sociale passe par la non exonération de la contribution proportionnelle de toutes les strates, il faut s’attendre à des fractures terribles. Dans quatre régions, il faut plus de 45 minutes pour accéder à une maternité, et pour accéder aux spécialistes, il faut avoir un compte en banque bien garni, puisque rares sont ceux qui respectent les tarifs de ce qui fut la sécurité sociale. Plus de limites, plus de précautions : la carte bleue est devenue plus utile que la carte Vitale ! Il y a, en plus, les inégalités d’accès qui persistent, tant pour les spécialités les plus courantes, que pour les plus rares. Pour exemple, les régions rurales, à faible densité de population, cumulent l’éloignement des soins de proximité et de la plupart des soins spécialisés. La double peine, en somme. Elle va aussi se préciser dans les prochains jours avec la dépendance.
Selon la ministre des solidarités, Roselyne Bachelot, la dépendance coûte actuellement 32 milliards d’euros, dont 25 milliards financés par les dépenses publiques (État, assurance-maladie et départements) et 7 milliards à la charge des familles. On va donc parler gros sous, puisque c’est la préoccupation essentielle de tout le monde. Selon le rapport d’un des groupes de travail qui e penche sur le financement de ce que l’on appelle le cinquième risque, il faudra trouver, en 2040, 10 milliards d’euros de plus pour financer l’évolution du nombre de personnes dépendantes. Selon Roselyne Bachelot, un effort supplémentaire de 2,3 milliards d’euros par an sera nécessaire à l’horizon 2025. Le financement de « mesures nouvelles » est estimé à un milliard d’euros pour 2012… alors que les départements sont exsangues et ne peuvent plus faire face à leurs obligations. Il existe la CSG, et les milliards donnés avec la réforme fiscale qui supprime l’ISF, mais par idéologie pure, il ne sera pas question d’y toucher : ce sont les salariés, et notamment les plus pauvres d’entre eux, qui vont une fois encore être mis, directement pour certains, ou indirectement pour d’autres, à contribution !
Actuellement, on se contente des constats avec des observations « officielles », que toutes les personnes de terrain font depuis des lustres : le manque de coordination entre la myriade de services et de personnes susceptibles d’intervenir auprès des aînés dépendants. La multiplicité des acteurs et des financements consacrés à la perte d’autonomie ne saurait justifier l’extrême complexité que les personnes âgées et leurs familles doivent affronter, et ce malgré les dispositifs de coordination empilés sans succès depuis trente ans . Résultat : une moindre optimisation des efforts comme des coûts, et le recours fréquent aux formules de prise en charge les plus coûteuses, comme l’hospitalisation… faute de réponse adaptée ! Bien évidemment, les « experts » ont trouvé la solution : la coordination incombera aux… Conseils généraux ! Faute de solution pour le financement réel par des contributions réparties entre les générations, on va encore faire le coup de la « coordination »
Heureusement, le rapport reconnaît que l’on n’aurait pas forcément besoin d’une nouvelle structure dédiée ! Et c’est là que surgissent les idées géniales des technocrates: on pourrait s’appuyer sur une mise en réseau des acteurs, comme les Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades Alzheimer, dont on se demande bien où elles sont, ou encore prendre la forme d’une structure territorialisée, créée à partir d’institutions existantes, comme les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).
Le problème, c’est que les premières sont évanescentes, et que les secondes, submergées par les dossiers, faute de moyens humains détachés par l’ État, contrairement à ses engagements initiaux, pèsent sur les finances des… Conseils généraux ! C’est toujours le même système qui veut que l’État, ruiné, et surtout dépenaillé après la RGPP, mutualise les grandes idées médiatisables, et transfère sans vergogne les modalités pratiques de leur mise en œuvre.
Une mauvaise prise en compte de la santé depuis la naissance, à l’école, dans le travail, débouche inexorablement sur des problèmes ultérieurs de dépendance. Les obstacles financiers et matériels mis sur le chemin de l’accessibilité aux soins vont creuser des ruptures irréparables, dont on ne mesurera bien évidemment les dangers que dans une génération. En définitive, on vient de trouver la solution pour économiser, qui va à l’encontre de ce que l’on préconisait au temps de ma jeunesse. Plus question d’avaler le matin l’horrible huile de foie de morue… mais plutôt se gaver d’huile d’olive, bien connue pour ses bienfaits pour la santé. Plusieurs études ont en effet démontré que l’huile d’olive jouait un rôle majeur dans la prévention de plusieurs maladies comme : les maladies cardiovasculaires, la réduction du mauvais cholestérol, les problèmes gastriques et digestifs, grâce à la stimulation de la sécrétion biliaire, ainsi que le développement des os, et bien d’autres vertus comme celle d’une grande efficacité sur la prévention des accidents vasculaires cérébraux. D’ici à ce que ce soit la solution de tous les maux !
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