la SNCF fout le camp à très grande vitesse

Aller à Paris pour travailler peut constituer une véritable aventure dans le nouveau contexte de la SNCF, compte tenu de la situation sur la ligne Bordeaux Paris. L’obsession de la vitesse a fait prendre à la société en général, et aux transports en particulier, des postures désarmantes. Par exemple il faudra s’habituer à ce que les trains qui arrivent ou partent à l’heure soient des exceptions, car les moyens humains et matériels qui garantissaient cet engagement n’existent plus. L’usager du service public est devenu un client auquel il faut vendre des… promesses mais surtout pas des réalités.
En fait, la transformation sociale en cours conduit à l’intégration de références identiques dans tous les registres de la vie quotidienne. En politique, depuis maintenant 10 ans on vend du vent sur la base d’effets d’annonce, puisque on sait fort bien que la volonté et les moyens de leur mise en œuvre concrète n’existent pas. A la SNCF, on vous vend de pseudos économies de temps qui parfois n’existent que sur les dépliants publicitaires. Pas une semaine sans que le TGV que je vais chercher à Libourne n’ait une véritable raison pour éviter de respecter les horaires annoncés. C’est effarant, et on sent bien que le personnel, au plus haut niveau, s’est fait une raison.
Dans le vaste hall de la gare Montparnasse, après avoir couru pour arriver suffisamment tôt, le festival habituel des annonces débute en général entre 18 h et 19 h, période durant laquelle les « incidents techniques », les « retards d’acheminement », les « délais de préparation », les « incidents sur les voies », les « accidents de personnes » se multiplient. Même si les voix qui annoncent ont pour ces dames la suavité qui sied aux hôtesses, on sent bien qu’il y a une certaine lassitude à devoir, le plus brièvement possible, donner des espoirs successifs de départs décalés. Les annonces ne servent, en fait, qu’à repousser l’échéance. On débute par « quelques minutes », puis par une dizaine de minutes, puis par vingt minutes, pour arriver parfois à une demi-heure… C’est l’art de repousser l’espoir de voir la SNCF tenir ses engagements. Sur le tableau d’affichage la dernière colonne indque imperturbablement « à l’heure ».
Le plus cocasse, c’est que la raison varie, au fil du temps, pour finalement devenir inexpliquée, sauf par des mots banals ne recouvrant pas la réalité qui est l’insuffisance de moyens, la surcharge du trafic, les priorités données à certaines rames sur d’autres. Le train pour Chartres est annulé… et les voyageurs attendront le prochain… Pas grave, des excuses ressassées par la voix lointaine doivent suffire à calmer le désappointement des gens. L’engagement sur la ponctualité, et la distribution des enveloppes permettant le remboursement partiel du billet, ne sont même plus respectés, car les coûts seraient prohibitifs pour l’entreprise. Même avec 20 ou 30 minutes de retard à l’arrivée, dans la nuit, vous aurez du mal à voir un contrôleur remettre sur le quai la fameuse enveloppe. Si ce fut le cas il y a quelques mois, c’est désormais oublié !
En fait, on entre dans la période extraordinaire où on a fait les poches des collectivités territoriales pour construire des lignes à grande vitesse, qui ne serviront qu’à gommer (et encore !) le retard régulier constaté sur la ligne qui devrait amplement permettre le déplacement dans un temps raisonnable. Si on commençait simplement à faire partir les trains à l’heure et à les faire arriver à l’heure, on aurait une avancée significative en matière de services. C’est une course effrénée contre le temps, dépourvue de tout sens réel, puisque l’essentiel n’est pas atteint, dans le contexte actuel. Ces milliards de la frime ont comme seul avantage réel de faire travailler les grandes entreprises de travaux, mais pas nécessairement de procurer un changement profond du quotidien des contributeurs.
Il fut une époque où on prétendait que les journalistes avaient le défaut de ne parler que des trains qui n’arrivaient pas à l’heure, alors qu’ils négligeaient les milliers qui arrivaient dans les temps… C’est une époque révolue, car maintenant, ils auraient bien du mal. Imaginez que, par exemple, ils annoncent que dans la journée de hier tous les trains (TER, trains normaux, TGV), fait rare, tous les trains,donc, soient partis et arrivés à l’heure, c’est cela qui constituerait un événement.
Matériel moins entretenu, personnel absent, services commerciaux perdus dans des tarifications d’une complexité effarante, entrée dans la logique du profit…La SNCF pratique la fuite en avant par des promesses qui n’ont véritablement aucun intérêt tant que les bases de ce qui a fait sa valeur ne seront plus respectées.

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Cet article a 5 commentaires

  1. tissier

    Cher Monsieur,
    lors d’une halte à l’ancienne gare de créon nous avons pu apprécier une exposition d’aquarelles formidable et une mention très bien à l’artiste Marie Legrand.
    voilà c’est dit.
    cordialement.
    J.L Tissier

  2. J.J.

    Et bien sûr, en « haut lieu », on explique doctement ce capharnaüm inextricable par la faute des cheminots, ces nantis, ces privilégiés, qui ne pensent qu’à leur retraite, leurs avantages exorbitants,l’organisation de leurs grèves, etc…etc… alors que cette catégorie « socio professionnelle » est parmi les plus motivée par la sécurité, le travail bien fait, l’obsession du train qui arrive à l’heure et la satisfaction du voyageur.

    Mais que faire, avec un matériel souvent à bout de souffle et une organisation à l’image des technocrates qui l’ont ficelée de bric et de broc, sans aucun sens des réalités ?

    P.S. Je ne suis ps cheminot, simple voyageur occasionnel.

  3. facon jf

    Le cheminot de base, celui qui est sur le quai ou dans le train, lui a droit aux insultes et aux crachats des usagers mécontents. Croyez vous qu’il ne préférerait pas un service public de qualité? Méprisés par la haute hiérarchie, engu…et parfois agressés physiquement par les usagers pour des salaires très bas, une situation difficile qui conduit souvent à la grève. Grève qui renforce immanquablement la vindicte des usagers, la spirale infernale n’est pas prête de s’arrêter. Les nouvelles dispositions de privatisation du rail ne vont pas améliorer les choses pour les voyageurs! Enfin bon voyage quand même…
    PS: je ne suis pas cheminot mais simple client.

  4. PC

    « Paris à 2HO5 de Bordeaux en 2017 » ai-je entendu cet après-midi… et 8 milliards d’euros dans les poches de Bouygue.
    Tu vois bien JM qu’il y en a qui ne perdent pas de temps…..

  5. Gilbert SOULET

    Bonjour Jean-Marie,

    Bonjour à tous,

    Allons, allons, cher Jean-Marie, tu « dérailles » un peu; Ce que tu nous explique concerne Bordeaux-Paris et retour;
    Et tous ces défauts exprimés ne se retrouvent pas sur le Sud-Est que je connais mieux puisque j’y habite!
    Ici, aucun problèmes:
    Paris-Marseille toujours à l’heure,; pas la moindre défaillance, des prix annoncés : tous les mêmes; Des effectifs suffisants, des O.S. satisfaites, et des associations sur les Transports jamais en manque! Quant aux TER et autres, pfff…
    Courage, nous vivons un autre monde SNCF, RFF, Véolia et consorts.

    Gilbert de Pertuis en Luberon
    Cadre Honoraire SNCF
    association NOSTER PACA sur les Transports.

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