Après la Grèce et l’Irlande, le Portugal vient de faire appel à l’aide internationale pour faire face à sa dette. L’heure est à la spéculation pour savoir quel sera le prochain pays à faire appel au fonds de sauvetage européen. L’Espagne est montrée du doigt, mais certains se demandent si l’Italie ou même la France ne pourraient pas connaître le même sort. Quel scandale ! Il y aurait dans le monde des spéculateurs qui douteraient de la solidité de notre santé financière, au moment où le gouvernement cherche à se désendetter en mettant le couteau sous la gorge des… collectivités territoriales, directement ou indirectement. Il faut dire que vient d’intervenir une décision prise par un Peuple rebelle qui n’avale pas, comme ceux de l’Europe continentale, toutes les inepties qu’on lui raconte. Les Islandais ont, pour leur part, pour la troisième fois, décidé par référendum que le fantastique trou causé par leurs banquiers relevait de l’affaire de ces derniers…. Ils ont voté NON, mais eux, ils seront respectés dans leur choix et on ne leur fera pas le coup tordu de leur faire payer cash les erreurs volontaires de gens plaçant les profits au-dessus de toutes les autres valeurs.
Les Islandais ont clairement, en effet, repoussé l’accord sur le remboursement de 3,9 milliards d’euros réclamés pour indemniser Londres et La Haye, après la faillite de la banque Icesave en 2008, plongeant dans l’embarras le gouvernement de Reykjavik. Quelque 230.000 électeurs étaient appelés à se prononcer, pour la seconde fois en un an, sur une nouvelle mouture de cet accord Icesave, la banque en ligne dont la faillite avait spolié près de 340.000 épargnants britanniques et néerlandais. Déjà en mars 2010, les Islandais avaient massivement rejeté, à 93%, une première version de cet accord qui était moins favorable pour l’Islande.
Laborieusement négocié par Reykjavik avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, l’accord Icesave visait à structurer le remboursement convenu avec ces deux pays, qui ont dû indemniser les victimes. Pour les partisans du « NON », « il n’y a jamais eu d’obligation légale pour les citoyens islandais d’assumer les pertes d’une banque privée ». C’est clair, net et concret.
Chez nous, il faut admettre que nous en sommes loin, au nom du « libéralisme » interdisant que nous fassions entrave aux outils du profit ! Les banques ont repris leur bonhomme de chemin, oubliant majoritairement les conséquences réelles sur l’économie de leurs errements. Les contribuables islandais ont au moins le mérite de ne pas se laisser berner par un système qui est passé de la notion « capitalistique » à celle beaucoup plus dangereuse du « profit » virtuel organisé. Le danger n’est pas écarté, même s’il faut affirmer le contraire. Le nouvel accord permettait à l’Islande d’étaler ses paiements jusqu’en… 2046 à un taux de 3% pour le 1,3 milliard d’euros dû à la Haye et de 3,3% pour les 2,6 milliards dus à Londres. A l’échelle des habitants de cette île de l’Atlantique nord, l’accord représente près de 12.200 euros par tête, hors intérêts.
En Allemagne, on commence à prévenir pour éviter d’avoir à guérir. Wolfgang Schäuble, le ministre des finances d’Outre Rhin, a déclaré préférer voir les banques échouant aux tests en cours sur leur solidité fermer leurs portes, plutôt que de demander à Berlin une nouvelle aide financière. Deux banques allemandes, Helaba et NordLB sont particulièrement susceptibles d’échouer aux tests de résistance, dont les résultats seront publiés en juin. « Si les résultats de ces tests révèlent que (les banques) ont besoin de nouveaux fonds propres, leurs propriétaires seront là pour couvrir ces besoins. En aucun cas ils ne devront faire appel à l’État (…) Le fonds d’aide aux banques Soffin n’acceptera pas de nouvelles demandes d’aide.
L’Espagne, qui pourrait être le prochain domino européen à céder, pratique en revanche la méthode Coué : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes bancaires possibles ! C’est comme en France : il n’y a aucun danger ! Elena Salgado a en effet déclaré que les caisses d’épargne espagnoles devraient enregistrer un niveau de fonds propres deux fois supérieur au niveau requis par les tests de résistance. Elle a également répété que l’Espagne ne risquait pas d’avoir recours à une aide internationale, après la demande émise par le Portugal cette semaine auprès de l’Union Européenne (U.E.) et du Fonds monétaire international (F.M.I.). « Je ne vois désormais aucune menace de contagion. C’est totalement exclu. » Sauf qu’elle ne semble pas savoir que, plus on dément une information, plus elle devient plausible quand il s’agit du secteur financier !
Une seule chose est certaine, c’est que partout où les banques ont été en difficulté, et partout où les États se sont sur-endettés au nom de l’efficacité économique, les seuls qui payent l’addition sont les salariés de tous ordres. S’ils ne contribuent pas à effacer les errements bancaires par leurs impôts, ils le font en payant au prix fort (chômage, perte de la notion de solidarité, endettement) une ardoise dont ils ne portent aucune responsabilité. Les dégâts collatéraux sont aussi dévastateurs car ils sont, en France comme ailleurs, mal répartis, puisqu’ils touchent les plus faibles avec davantage de force que celles et ceux qui ont bien des airbags pour amortir le choc.
En Espagne ou 90 % des emprunts immobiliers ont été faits sur la base d’intérêts à taux variables, les ventes se multiplient, mais il n’y a pas d’acheteurs. En Islande, les résidences principales sont récupérées par les banques dès que les échéances ne sont pas payées… en raison du chômage ! Au Portugal, aucun parti politique ne veut assumer les privatisations demandées par le F.M.I. En Grèce on guette les touristes comme des sauveurs potentiels… En France, la vie est au beau fixe. Christine Lagarde a les yeux rivés sur la hausse du P.I.B., mais malheureusement pas sur celle des prix, qui réduit considérablement la marge de manœuvre des ménages. Ils ont eux, car ils sont moins performants que Madame la Saint Christophe de Bernard Tapie, le regard fixé sur la ligne du bas de leur relevé mensuel des mouvements sur leur… compte en banque. Il ne faut pas être un ou une économiste de génie pour constater qu’avec ce simple indice, ils vont vers le précipice ou dans le mur… Mais qu’ils se rassurent, Nicolas Sarkozy est en guerre et tout va s’améliorer !
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« »plus on dément une information, plus elle devient plausible quand il s’agit du secteur financier » »
Cela semble également vrai pour le secteur nucléaire et les activités de nos etats-majors de va-t-en guerre…
Ce matin aux informations (France Musique,bulletin de 7 heures), les fiers vikings étaient violemment pris à partie : populistes, inconscients des dangers qu’ils font courir à l’économie (capitaliste) mondiale et surtout mauvais exemple montré à des populations qui semblent remuantes un peu partout dans le monde.
En clair : pas question d’aprouver ni d’imiter ces dangereux trublions !
pourt
suite….
Pourtant, quelle belle illustration de la valeur du Suffrage Universel.
Mais nous ne sommes pas en Islande….
Bonjour,
la dette est une question politique et de rapport de force… c’est tout! Dans l’Entre-deux-guerre, lAllemagne à genoux payait ses dettes de guerre imposées par les plans de réparation en or et cela jusqu’en 1945. Du coup, les banques françaises et anglosaxonnes continuaient de faire les yeux doux à ce pays – même dans le crash financier qu’il connaissait. Losque les nazis sont arrivés aux pouvoir, les banquiers occidantaux n’ont eu de cesse de rechercher des ententes avec le nouveau pouvoir pour continuer à percevoir les intérêts en or allemand. D’où les élans collaborationnistes de certains grands capitalistes européens pendant la seconde guerre mondiale. Les nazis ont payé les réparations jusqu’en 1945, les derniers envois, c’était avec l’or des juifs!!! Comme quoi au petit jeu de la dette, les créanciers peuvent être tenus par leur débiteur, surtout si il s’agit d’une grande puissance économique…
La grande menace économique actuelle, c’est la dette américaine: le jour où ce pays va s’effondrer, on a de quoi s’inquiéter.
Cordialement