Il existe un principe basique en matière de marketing, qui consiste à changer les emballages ou les vitrines régulièrement pour redonner du lustre à des produits qui n’attirent plus la clientèle. Mais attention, il ne faut pas bousculer les repères de celles et ceux qui composent le fonds de commerce. Cette méthode s’appelle en politique un remaniement ministériel…qui consiste à faire du neuf avec des vieilles recettes dont, il y a quelques années, on ne donnait pas cher ! En effet, la première leçon des décisions prises par un Président aux abois se résume d’une simple formule : « on n’est jamais mort en politique… et c’est probablement le secteur social où le banni d’un jour peut se transformer en sauveur s’il sait se rendre indispensable ! ». C’est devenu une grande spécialité de l’UMP que celle de la résurrection salvatrice, et parfois on se demande les raisons pour lesquelles on a reproché à cette malheureuse Georgina Dufoix cette formule « historique » : « responsable mais pas coupable ! »
Alain Juppé est condamné fin 2004 à un an d’inéligibilité (10 ans en première instance) et à 14 mois avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Quelques années auparavant, il avait été contraint de quitter un confortable appartement du VIIe arrondissement, qu’il louait pour le prix d’un trois pièces porte de Charenton… et le voilà revenu aux sommets de la République, ce qui devrait mettre un peu de baume au cœur de MAM qui elle ne sera pas traduite en justice pour ses pérégrinations familiales en Tunisie. Elle va pouvoir prendre date pour l’après présidentielles, après une exclusion temporaire qui lui permettra certainement de mobiliser à son profit le canal historique du RPR, qu’elle n’avait jamais supporté d’avoir dû noyer dans l’UMP.
Battu aux législatives dans sa propre ville, incapable d’imposer son adjoint Hugues Martin aux Sénatoriales, ferme et définitif sur sa volonté de « rester Maire de Bordeaux à plein temps », vendeur de Thomson pour le franc symbolique, « droit dans ses bottes » à Matignon alors que tout s’effondrait autour de lui… multipliant les critiques acerbes ou voilées, à l’égard de celui qui l’érige, de fait, en concurrent direct de « son premier collaborateur », condamné à ne plus sortir de Matignon, le « meilleur d’entre nous » revient du diable Vauvert… attestant que l’UMP n’a pas encore de véritable relève crédible. Vue de la Gironde, cette ascension beaucoup plus significative sur la forme que sur le fond, prend un tout autre relief, car elle permet de vérifier que la proximité n’a jamais été la valeur référence en politique d’Alain « Porthos » Juppé.
Oubliant tous ses engagements dans ce domaine, il va laisser l’UMP de Gironde tenter de persuader l’électorat que les cantonales se résument à l’éviction de l’Assemblée Départementale de celle qui lui a infligé un camouflet aux législatives . Plus rien n’aura d’importance !
Nicolas Sarkozy s’est en définitive pris pour Alexandre Dumas en réinventant les 3 mousquetaires… pour un gouvernement fragilisé. Il laisse Porthos Fillon à son poste, alors qu’il a fait pire que MAM en allant lui-aussi en famille en Egypte sans bourse délier. Il le flanque de deux compères, avec Claude Guéant qui aura la haute main sur les préparatifs des futurs combats, et faisant ressurgir de ce que l’on avait pris pour une maison de retraite, Gérard Longuet.
Lui aussi, sorte d’Athos, a évité pendant des années, les foudres judiciaires. Inquiété pour le financement du Parti républicain et la construction de sa villa, il doit démissionner du gouvernement Balladur en octobre 1994 et entame un retrait médiatique, tout en restant à la tête de la région Lorraine. Il est mis en examen en 1995 dans l’enquête sur le financement du Parti républicain. Il bénéficie d’un non-lieu, il y à peine moins un an, en partie grâce à la loi d’amnistie de 1990 sur les financements politiques, certains faits reprochés représentant un financement illégal de parti politique, mais la loi d’amnistie ne permettant des poursuites que pour des faits d’enrichissement personnel.
Renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « recel d’abus de crédit », dans une affaire concernant la construction de sa villa de Saint Tropez, il est relaxé en première instance, puis par la cour d’appel en novembre 1998. Mis en garde à vue en mai 2001 pour recel de corruption dans l’affaire des marchés publics de la région Ile de France, il est également relaxé, en octobre 2005, ce qui lui donne une forte expérience du système judiciaire… et un parcours glorieux dans la vie publique. Claude « Aramis » Guéant, en voltigeur, ou en bretteur de haut niveau, va tenter de redonner un brin de crédibilité à un Ministère qui suintait les concepts pétainistes. Il le pourra d’autant plus facilement qu’il connaît toutes les bottes secrètes pour faire fonctionner une armada partisane désormais installée sur tout le territoire.
Le trio aura son d’Artagnan en réserve à l’Elysée puisque Brice Hortefeux, qui lui, est sous le coup de deux décisions de justice… mais qui n’est absolument pas sanctionné pour sa vision de l’Auvergne et de la présomption d’innocence. Il reste a modifier la politique. Les seules certitudes que ce remaniement garantit : aucune modification de la politique sociale (chômage, pouvoir d’achat, endettement…), aucun changement de la politique dans le domaine de l’éducation (suppressions massives de postes, aucune amélioration attendue dans le domaine de la justice (moyens, liberté effective des juges…) ; aucune rectification prévue dans la fiscalité (bouclier fiscal, niches fiscales…).
En fait, on tente d’effacer une image catastrophique en renouvelant les meubles mais en ne changeant absolument rien au fonds de commerce qui tournera autour de la montée organisée de l’insécurité, de la magnificence de l’action internationale (G 20) du maître des lieux, de la gestion des campagnes militaires angoissantes, et plus encore de la préparation, dans l’ombre, de l’échéance de 2012. Dès demain matin va débuter le lèche-vitrine médiatique… Regardez, écoutez, lisez ce que l’on va vous proposer. Comparez aussi !
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En somme, on prend les mêmes et on recommence….et surtout, on ne change pas de politique!
Ok, ok pour Sarkozy et ses sbires. Mais puisque la gauche prône « l’alternance », quelle garantie nous donne-t-elle qu’elle va réellement changer de politique? Va-t-elle s’émanciper de la « réduction des déficits publics » par exemple? Des directives assassines de l’Union européenne? Au vu de l’expérience passée (privatisations du gvt Jospin par exemple) j’ai le droit d’avoir qques doutes…
Un remaniement avec des repris de justesse présumés compétents, et vogue la galère pour le peuple !!!
Si on pouvait éviter d’ en reprendre pour cinq ans en 2012 ça ne serait pas mal.