Le département de la Gironde aura été le seul en France où les Maires ont pu se positionner sur la réforme des collectivités territoriales. Etranglés financièrement par de pseudos mesures en faveur du milieu économique, qui n’en retirera véritablement aucun avantage, et sous la menace d’une absorption fusion forcée, ces derniers m’ont donné, pour la première fois dans l’histoire de l’association des Maires du département une courte majorité (255 voix contre 251 au sénateur UMP Gérard César). Tout avait été fait pour que le résultat soit inversé et, finalement, grâce au subterfuge de l’adhésion, sans délibération la rendant possible, d’une poignée de Présidents d’intercommunalités (7), tous adhérents convaincus de l’UMP, l’écart a été inversé.
Ce sont des pratiques habituelles chez les gens qui ne font pas de politique. N’empêche que les Maires (certains de l’Ump ont voté deux fois soit en fait près de 15 voix supplémentaires) n’ont pas digéré les réformes présentées comme salvatrices, alors qu’elles ne risquent que de déboucher sur un charcutage des territoires au nom, bien entendu, d’économies potentielles. Beaucoup l’ont compris et ne se sont pas laissé aveugler par un esprit partisan, se parant du voile pudique de l’apolitisme… et 255 voix représentent un potentiel réel, que personne ne pouvait accepter de voir trahi, par un énième accord du consensus, toujours défavorable à celles et ceux qui souhaitent résister et ne pas accepter la recentralisation ou le retour aux principes du second Empire !
Pour le plus grand désespoir de Monsieur le Préfet, les maires républicains ont décidé de montrer leur désapprobation des tripatouillages effectués lors d’un scrutin qui aurait dû être exemplaire pour les citoyens, puisque conduit par des élus locaux souhaitant être respectés. Je ne me suis jamais exprimé sur le déroulement de ce vote, mais une succession de non-respect des principes élémentaires de la vie associative démocratique a été constaté, et l’enjeu réel lié à la réforme des collectivités a été occulté par des manœuvres dilatoires. N’empêche que maintenant, les élus de toutes tendances vont être confrontés à la réalité des textes votés par les sénateurs UMP girondins, et notamment le Président de l’association des Maires de la Gironde.
J’attends avec une grande impatience les propositions « neutres », « équilibrées », « respectueuses » des volontés des maires – mais certainement pas des populations – des services de la Préfecture. Dans tous les départements où le processus de destruction des équilibres entre ruralité et monde urbain a débuté, la colère monte et les oppositions se cristallisent. La vérité saute à la face des « apolitiques » et plus encore des « optimistes » de la race des autruches… politiques ! Ils découvrent que le charme de la flûte de leur mentor les conduit vers la disparition pure et simple de leur liberté de gestion. Ils constatent partout que la réforme ne vise qu’à détruire le réseau républicain des collectivités de proximité. Ils apprennent que derrière les mots dorés d’une loi, il peut y avoir les pavés qui font mal. Il n’était donc pas possible de ne pas tenir compte de ces constats quotidiens (Indre, Gard, Hérault, Hautes Alpes…) et d’accepter que la réforme territoriale UMP soit cautionnée par une pseudo alliance de façade.
Réunis le 21 février 2011, les élus socialistes et républicains de Gironde ont donc décidé à l’unanimité de présenter leurs propres listes lors de l’élection des délégués à la Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI). La réforme territoriale comporte en effet un important volet consacré à l’intercommunalité. Elle confie au représentant de l’Etat l’élaboration de la carte intercommunale qui pourra faire l’objet d’intégration de communes dans une communauté de communes, de modification de périmètres des intercommunalités ou encore de fusion ou de suppression des syndicats de communes. Le Préfet pourra passer outre l’avis des communes, mais sera tenu d’intégrer les propositions alternatives votées par la CDCI à une majorité des deux tiers. Je n’ai cessé de le répéter parmi les élus qui avaient accepté le débat démocratique, qui aurait pu se résumer en 7 minutes d’expression contrainte devant l’assemblée générale, si je n’avais pas effectué une modeste campagne électorale.
Le rôle de la CDCI, muselée par cette référence à une majorité des deux tiers, est ainsi primordial dans la redéfinition des intercommunalités. Les élus socialistes et républicains girondins qui se sont clairement opposés à la réforme territoriale et à la recentralisation qui s’y profile au détriment des communes et des intercommunalités, ont donc décidé de continuer à mobiliser les élus soucieux du devenir de leurs habitants.
Ils continueront à porter une vision constructive d’une intercommunalité construite dans le dialogue et disposant des moyens financiers indispensables pour assurer aux populations les services de proximité qu’ils attendent des collectivités, en particulier en milieu rural. Dans cet esprit, ils présenteront en Gironde des listes dans chacun des cinq collèges qui donneront lieu à élection le jeudi 15 mars 2011.
La liste du collège des communes dont la population est inférieure à la population moyenne communale sera conduite par Philippe Plisson, maire de Saint Caprais de Blaye (540 habitants). Celle du collège des cinq villes les plus peuplées sera conduite par Alain Anziani, adjoint au maire de Mérignac et Sénateur. Dans le collège des autres communes Françoise CARTRON, maire d’Artigues près Bordeaux, Sénatrice, mènera la combat contre la réforme..
La liste du collège des Etablissements publics de coopération intercommunale sera conduite par Yves Lécaudey, maire de Sainte Hélène, Président de la communauté de communes « La Médulienne » (Médoc) et enfin le collège des syndicats de communes et des syndicats mixtes reviendra à Vincent NUCHY, maire de Salles, Président du syndicat mixte du Parc des Landes de Gascogne.
Je ne serai pas sur cette liste, afin de démontrer que le scrutin da la Présidence de l’association des Maires de la Gironde ne reposait pas sur une ambition personnelle mais uniquement sur la défense de valeurs. Pour ou contre la réforme territoriale : personne n’échappera, parmi les élus locaux, au choix concret d’un bulletin de vote. Gageons que la Gironde servira encore de détonateur national… dans une période où il vaut mieux être dans la résistance que dans la collaboration !
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bonjour Jean-Marie
quelle sera la position du collége des cinq villes les plus peuplées en particulier et des autres colleges en général
quels sont les criteres qui serviront de consensus.dimension de cdc en terme d’habitants, de perimetre, par exemple
il me semble important que tu ou ils doivent communiquer sur ces themes qui nous sont chers
amitiés
JPS