Il arrive parfois que celles et ceux qui se pensent les grands de ce monde soient touchés par la grâce divine ! Il faudrait d’ailleurs que les instances du Vatican se penchent sur ce phénomène qui transforme un libéral invétéré en adepte de la régulation du marché. Une transformation idéologique qui relève du miracle. Lors de sa dernière conférence de presse de « gendre parfait », le Chef de l’Etat a ainsi découvert un mot qui jusqu’à présent avait échappé totalement à son vocabulaire : « spéculateurs ». Une révélation qui ressemble étrangement à celle qui transforme un hérétique en croyant.
Comment peut-on un seul instant, quand on est un journaliste expérimenté, croire dans cette mutation génétique ? Comment admettre sans sourciller que celui qui a été le plus ardent défenseur des spéculateurs depuis son arrivée sur la scène politique se mette à les faire brûler en place publique sur le bûcher ? Qui peut accorder le moindre crédit à de tels propos, tenus après que le monde ait été ravagé par une crise financière dont, justement, la spéculation est la principale cause ? Quelle crédibilité peut-on accorder à un responsable qui adapte son idéologie, au gré des évolutions de l’opinion publique ? Doit-on penser que la campagne électorale permet de citer Jaurés, Blum, Mitterrand, alors que tout au long de sa vie on a passé son temps à piétiner quotidiennement les valeurs qu’ils défendaient ? Moins sensible politiquement, la régulation des matières premières a donné lieu à plus d’envolées verbales de la part de Sarkozy. Sur ce chantier, sa cible est toute désignée: les spéculateurs ! Bien entendu, il n’en connaît aucun, et surtout au Fouquet’s, il n’en a jamais rencontré un !
Le président, dans une extraordinaire envolée digne d’un militant d’Attac, a délivré un message fort en dénonçant « cet intervenant sur le marché du cacao qui a acheté 15% des stocks, les a revendus, a empoché la plus-value, sans prendre le moindre risque ». Mais bon sang de bonsoir, c’est ça. Il y aurait dans le monde, des capitalistes qui achètent des matières premières à bas prix et qui les revendent avec des bénéfices exorbitants. Ils auraient un comportement détestable, qui provoquerait une envolée des cours et aurait pour conséquence d’« affamer» les pays pauvres. C’est un miracle ! le capitalisme effréné, non maîtrisé et non régulé provoquerait des désastres humains sur la planète.
« Inadmissible! » a clamé le chef de l’État, qui veut obtenir du G20 un «socle minimum» de règles visant à limiter les positions purement spéculatives sur les marchés à terme, tout en favorisant la transparence des stocks de matières premières alimentaires. Le chef du monde G20 va adhérer dès la semaine prochaine à Attac, pour condamner la spéculation sur le blé, savamment organisée par les grands producteurs de tous les pays ; celle sur la cacao, que, depuis quelques jours, la situation en Côte d’Ivoire va renforcer ; celle sur le riz, que les événements climatiques vont doper ; celle sur le sucre, qui ne cesse de croître. C’est vrai qu’aucune manifestation autour des sommets du G 20 n’a attiré l’attention du chef de l’Etat français, touché par la grâce !
En moins de deux ans, le prix des céréales sur les marchés mondiaux a doublé et parfois triplé. Le riz, le blé, le maïs, bases de l’alimentation d’une très grande majorité de la population mondiale, ont vu leurs cours s’envoler. les « libéraux », amis de Nicolas Sarkozy, prétendent que c’est la faute aux Chinois, aux Indiens, aux Brésiliens, qui veulent maintenant se mettre à manger. Peut-on croire que la hausse de la demande peut provoquer une poussée aussi brutale des prix, en l’espace de quelques mois ? En réalité, au fur et à mesure que les gérants de fonds de placement ont pris conscience que les titres financiers qu’ils possédaient risquaient d’être dévalorisés, à cause de la crise boursière, ils ont cherché d’autres « valeurs refuges ». Ils ont donc converti leur argent en placements sur les matières premières et les denrées alimentaires, dont ils savaient qu’elles n’avaient à long terme que peu de risques de baisser, parce que leur demande aura, dans l’avenir, tendance à augmenter.
Mais qu’a fait le gouvernement français ultra libéral, inspiré par les préceptes du Club de l’Horloge, pour juguler cette nouvelle spéculation sur la famine terrestre organisée ? mais les accords de l’O.M.C. ont-ils été dénoncés par la France ? Quels dispositifs a-t-on mis en place pour éviter ces marges énormes, réalisées sur le dos des producteurs les plus humbles ? Cette tendance de fond inexorable a donné un mouvement brutal, qui frappe avec violence les populations les plus fragiles. Sur tout le continent africain et dans certaines parties de l’Asie, des émeutes de la faim ont commencé à éclater.
Les pays où le Fonds monétaire international et la Banque mondiale avaient imposé la suppression des subventions sur les denrées de base, l’affectation des meilleures terres à des cultures d’exportation, au détriment des cultures vivrières, se trouvent désormais à la merci des hausses de prix. Des prix qui ne sont plus régulés, à cause de la libéralisation décidée par l’Organisation mondiale du commerce… Heureusement que les spéculateurs vont être pendus aux crocs des bouchers dans les prochaines semaines. Ils tremblent. Comme les spéculateurs financiers ou sur les monnaies.
La spéculation est le vice caché du libéralisme, puisqu’elle permet de s’enrichir en dormant. Elle a des effets pervers dans un système non régulé, que tous les amis ou proches du converti au marché régulé connaissent. Le problème c’est que ce ne sont que des « paroles verbales ». La taxe sur les transactions financières, même «très faible », ne verra jamais le jour, car le capitalisme s’y opposera. Le Congrès américain l’a déjà refusée. Mais la France « veut montrer l’exemple » a assuré le chef de l’État, qui compte dès le départ être suivi par un petit nombre de pays. En s’attaquant au prix des matières premières, Nicolas Sarkozy risque également de se heurter aux Américains et aux Britanniques, qui préfèrent laisser le marché dicter les prix.
« Il ne s’agit pas de fixer le prix des matières premières », a précisé Nicolas Sarkozy à l’intention des libre-échangistes. « Je suis favorable au marché financier des produits dérivés qui permettent de se couvrir, mais il faut réguler ce marché, sinon c’est la loi de la jungle, la loi du plus fort !» a-t-il ajouté. Il va finir par convaincre ses potes du CAC 40, qui vont rejoindre Jean Luc Mélenchon !
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J’ai compris la raison de cette pantalonnade : ses conseiller en marketing lui ont déclaré que c’était bon pour rester à la soupe.
Qu’il se barre avec sa beauté et la caisse et qu’il parte rejoindre son ami Ben Ali, c’est qu’il pourrait faire de mieux.
Dernière minute
Une foule impressionnante vient de se presser devant l’Elysée protégé par les forces anti émeute pour demander le départ du tyran et de sa bande. Malgré l’Etat d’urgence, les citoyens ont choisi la rue pour crier leur colère… Ils demandent également la dissolution du parti presque’unique UMP. Partout dans les villes de province, comme à Bordeaux par exemple, les mairies sont occupées par les assemblées générales de citoyens: c’est là que semble se jouer l’avenir du pays. Un commando – semble-t-il anarchiste – a investi TF1. L’écran de la chaîne est noir depuis des heures. La télévision d’Etat est aux mains de son personnel en en grève.Le premier ministre a envisagé de faire intervenir l’armée mais c’était avant les fraternisations de compagnies de CRS avec les manifestants… Le pays est paralysé par la gève générale. Le principal parti d’opposition est dépassé par les évènements: il est vrai que son leader également directeur du FMI est rendu coresponsable de la situation puisque c’est sous les injonctions de cette institution que le super plan de rigueur a été mis en place. Seul le FN se pose ouvertement en défenseur de l’ordre mais son discours ne passe pas parmi son électorat protestataire impliqué dans les évènements. On parle de nouveaux Etat généraux pour dénouer la crise qui se réuniraient au palais Bourbon où siège l’assemblée générale de Paris centre…
L’Histoire, un éternel recommencement ….
La spéculation sur les blés, sous l’ancien régime, a été à l’origine de combien de révoltes ?
A-t-on vraiment progressé dans le domaine social, au niveau mondial, si l’on se réfère à ces évenements ?
Et il y a toujours de bonnes et sensibles âmes à s’émouvoir et à se scandaliser des violences d’une foule affamée et en colère.
Où a commencé la violence et qui a provoqué la colère ?