C’était il y a maintenant plus de 44 ans. J’étais allé en voyage en RDA, alors recroquevillée derrière son mur de la honte, avec l’espoir de comprendre les raisons qui avaient bien pu pousser ce « pays » de l’Est à agir ainsi. Les rencontres institutionnelles au programme avaient permis un échange qui m’avait marqué. Les responsables politiques de la RDA se basaient sur une théorie qui n’a pas résisté à l’épreuve du temps et que tous les pouvoirs tentent de mettre en œuvre. Quand un régime repose sur la propagande outrancière, il ne tolère absolument pas les intrusions extérieures susceptibles de casser les effets de ses montages outranciers. La RDA passéiste avait imaginé qu’une muraille lui permettrait d’endiguer le besoin de vérité d’un peuple, surveillé en permanence.
Un film a retracé parfaitement cette volonté politique par l’humour. Good Bye Lenin est un mélange réussi de comédie et de tragédie, de déception et de joie, de désespoir et d’espoir. Sur fond d’effondrement du Mur de Berlin, le film tire une grande partie de son humour, du discours de la République démocratique allemande (qui disparaît rapidement) ainsi que de la façon de vivre de ses habitants. L’histoire se déroule pendant l’année qui a suivi l’effondrement du Mur de Berlin, en novembre 1989. Alexander Kerner, 20 ans, (re)construit la RDA dans une chambre du modeste appartement familial de Berlin Est.
Sa mère a subi une attaque cardiaque huit mois auparavant, et se trouve dans le coma sur son lit d’hôpital; elle ne sait rien des événements tumultueux des années 1989-1990. Au moment où elle est dans le coma, le pays qu’elle a connu toute sa vie est en train de se faire absorber par l’Allemagne de l’Ouest. Quand elle sort de son coma, le pronostic n’est pas rassurant. Selon les médecins, il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Alex apprend qu’il faut éviter à sa mère la moindre émotion, ce qui pourrait la tuer. Il décide qu’il serait préférable de la tenir dans l’ignorance de la disparition de la RDA. Mais comme tous les mensonges, plus ceux-ci durent dans le temps, plus ils sont difficiles à perpétuer. Le mur ne résista pas longtemps à cette propagande, comme la supercherie attendrissante d’Alex eut une fin. Les « ondes », qu’elles soient « ondes radio » ou « ondes télé » ne s’arrêtent pas aux frontières. Et elles étaient déjà présentes en RDA, montrant un visage idyllique de l’occident et de sa société de consommation. Impossible de résister à ce courant irrésistible qui tôt ou tard finit par emporter toutes les propagandes sur son passage.
Les Chinois ayant été mis en difficulté par le retour sur images des manifestations de la Place Tien An Men via les télévisions étrangères, a vite décidé de museler les possibilités de voir autre chose que sa propagande. Tant que le peuple chinois ne voyait que la « vérité officielle » sur les agissements des contre-révolutionnaires, il ne se posait pas trop de questions. L’intrusion d’éléments extérieurs via CNN a failli coûter cher au régime, devenu le grand ami de l’UMP française… Et ce n’est pas une boutade : cette amitié n’est pas si anormale que certains commentateurs le pensent.
Le Gabon vient, après le coup d’Etat institutionnel de son Président, manipulé par les pasteurs évangélistes, de fermer ses frontières et de couper la diffusion des chaînes de radio et de télé francophones venant de l’extérieur. Il espère, en reprenant les rênes du pouvoir, et en relançant sa propagande, qu’il arrivera à museler le processus le plus dangereux : celui du doute ! En fait, il ne tiendra pas longtemps avec cette technique qui, tôt ou tard, se révèlera impossible à maîtriser !
Les Etats-Unis, et maintenant la France, ne sont guère différents dans leur manière d’agir. Ils veulent tenter d’imposer le silence à WikiLeaks, qui a été transformé en grand Satan ! « Chassé » des Etats-Unis, le site qui scandalise les tenants d’un pouvoir obscurantiste, secret et trompeur, est désormais indésirable en France où le gouvernement, qualifiant le site de « criminel », a demandé que le serveur français qui accueille une partie de son contenu, mette fin au plus vite à cet hébergement… Encore une bêtise de ce Besson, qui décidément souhaite verrouiller les frontières dans toutes les circonstances. « La France ne peut héberger des sites internet qui violent le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique », a affirmé le ministre de l’Industrie, en charge du numérique, dans une lettre adressée au CGIET (Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies, chargé de donner des avis). Il demande ainsi à cet organisme d’indiquer au plus vite les moyens de mettre un terme à l’hébergement de WikiLeaks en France, avec l’espoir que ce site dépotoir ne continue pas à déverser ses notes désastreuses pour le Chef de cet Etat français, soucieux de ne pas déplaire aux américains pris la main dans le sac des compromissions en tous genres.
« On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d’autres Etats en raison d’atteintes qu’ils portent à leurs droits fondamentaux », explique doctement le Ministre « numérisé », dans son courrier. En fait, il sait bien que quoi qu’il fasse il n’empêchera jamais WikiLeaks de revenir d’une manière ou d’une autre, puisque désormais, plus rien ne peut arrêter Internet, et surtout pas un mur de papier réglementaire. Une chose est sûre, tout est fait pour empêcher le site de continuer à livrer ses secrets : encombrer les routes pour le rendre inaccessible; l’obliger à changer de nom de domaine et d’hébergeur ; décapiter son organisation (le fondateur Julian Assange a reçu des menaces de mort et est recherché par Interpol)…Comme en RDA, en Chine, au Gabon ou ailleurs les pouvoirs déviants cherchent désespérément à construire des murs réputés infranchissables pour cacher leurs inepties… Ce ne sont heureusement que des édifices qui ne résistent jamais à l’épreuve du temps.
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France terre d’asile pour ceux qui ne posent aucn problème !
Je me demandais comment Bessson allait arriver à se faire remarquer dans ses nouvelles fonctions, à priori anodines (pas aussi connotée que ses attributions précdentes).
Et bien ça y est !