Travailleuses, travailleurs, soutenez Arlette !

Arlette Chabot avait triste mine, celle d’une presque « licenciée » qui, rentrant chez elle le soir, a la boule au ventre en pensant à ces patrons de combat qui destituent leurs cadres sans aucun état d’âme. Elle sait enfin ce que veulent dire les propos des invités sur son plateau. Virée de son poste de directrice de l’information de cette chaine n’ayant plus rien de « publique », elle mesure l’injustice du sort réservée aux valets accusés finalement de ne pas bien servir leurs maitres. Cette sanction a du lui rester en travers de la gorge, tellement elle a été rapide. La raison ne peut pas être politique, car elle n’a jamais témoigné d’une hostilité manifeste à l’égard du sarkozisme triomphant. C’est même une terrible injustice que celle qui consiste à « dégrader » l’image de cette femme de devoir. En fait, la raison de ce camouflet n’a rien à voir avec sa propension à cirer les pompes ministérielles, comme elle l’a encore démontré dans ce qui n’a plus rien d’une émission politique.
Elle aurait été victime du traitement du divorce du Chef de l’Etat français. Voici d’ailleurs ce qu’a déclaré sur le sujet Christophe Hondelatte, journaliste à RTL : « Nicolas Sarkozy m’a dit dans son bureau en 2007, que l’annonce sur France 2 de son divorce d’avec Cécilia l’avait agacé. C’est un fait. C’est comme dans la vie quand des gens ne peuvent pas voir en peinture d’autres gens. Depuis, j’ai eu l’occasion de le dire à Arlette Chabot, puis à Patrick de Carolis et Patrice Duhamel. J’ai laissé passer un délai de décence avant d’en parler maintenant. J’ignore si ce fait est à l’origine de son départ de la direction de l’information. .. » Ouf ! Elle est devenue l’innocente victime expiatoire des erreurs commises, à l’insu de son plein gré, par sa rédaction… qu’elle aurait dû museler sur un sujet aussi sensible ! Elle est donc passée du statut de donneuse de leçons à celui de martyr institutionnel. Elle souffre en silence. Elle fait contre mauvaise fortune bon coeur. Elle mérite donc une promotion au grade d’officier dans la légion d’honneur, tant elle a été héroïque dans ce monde où il existe encore des journalistes qui se rebellent.
Arlette Chabot depuis ce soir est entrée dans le livre de l’histoire de la télévision en animant la seule émission de débat politique… sans débat ! Un grand moment pour le service public, qui réussit enfiin à devancer toutes les autres chaînes dans un domaine, puisque « à vous de juger » aura été regardé par chaque camp à tour de rôle en sachant que, bien évidemment, le créneau horaire le meilleur avait été réservé pour le « premier collaborateur  » du chef de l’Etat. Un hasard sans doute, après tirage à la courte paille. En fait, c’est simple mais il n’y a que Jean-Michel Apathie pour ne pas le voir : échaudés ou même brulés justement par sa direction des débats, les plus aguerris ne lui font plus confiance. C’est d’ailleurs bizarre que seuls les gouvernants braillent leur désappointement sur le refus de Martine Aubry, Ségolène Royal et sur Thibault et Chérèque de se prêter à un « affrontement » avec arbitrage pipé. Les spécialistes savent parfaitement analyser les vices cachés d’un débat devant des caméras (durée des prises de parole, questions de relance, plans de coupe…) qui, à l’arrivée, pèsent dans la balance des perceptions des téléspectateurs. Il semble que désormais, dans le monde politique, certain(e)s renoncent à passer à la télé à tout prix et aient enfin compris que parfois le silence ou l’exigence de transparence mérite au moins d’être envisagés.
Dans le cas présent, si débat il devait y avoir, c’est ailleurs que dans un studio. A l’Assemblée, au Sénat, dans des négociations réelles mais pas devant l’œil des caméras ou sous la houlette de ce clown triste qu’est devenue Arlette Chabot. Dans le fond, c’est un exutoire facile à l’absence totale de débat sur un sujet concernant pourtant des millions de personnes, qui de toutes les manières, ne sont majoritairement que des téléspectatrices ou des téléspectateurs habituellement passifs. Hier soir, cette émission a pourtant parfaitement illustré la gouvernance actuelle d’un pays doté d’une majorité autiste pour les problèmes touchant au peuple, mais extrêmement attentive aux préoccupations du monde du profit. On le sent bien actuellement, en restant sur des positions idéologiques masquées par des considérations faussement « objectives ». Leur répétition en boucle par tous les ministres les plus braillards de l’UMP constitue la seule méthode pour masquer une situation épouvantable sur le plan social. Arlette Chabot n’a pas trop insisté sur le divorce actuel entre une majorité repliée sur elle-même, enkystée dans des concepts défaillants, réactionnaire par conviction, et une population qui découvre la souffrance, la misère et la précarité. Autant de situations qu’elle ne connait même pas et qu’elle n’imagine même pas… ce qui lui permet de terminer ses émissions avec la conscience tranquille, et de ne pas trop s’interroger sur son sort.

Cette publication a un commentaire

  1. PIETRI Annie

    Pauvre Arlette ! Elle n’a jamais été très….enthousiasmante, mais au moins ses émissions étaient-elles l’occasion de débats intéressants. Là, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, et elle aurait aussi bien pu être remplacée par une potiche, compte tenu de l’absence de débat ! Ce fut un hymne à la gloire de la réforme des retraites telle que l’a voulue Sarkozy, et un quasi monologue de Fillon et consorts. Mme Royal a eu bien du mérite de faire face -si l’on peut dire -à cette coalition sarkoziste, et les syndicats n’ont eu que « les restes » du temps d’antenne. Qu’en pense le CSA ?

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