Un "Petit Prince" en rétention

Quel beau pays que la France ! Deux de ses héros footballistiques sont mis en examen pour ne pas avoir été des parangons de la morale républicaine. Les idoles sont tombées de leur piédestal… pour devenir des clients friqués d’une prostituée mineure. Le Ministre de l’intérieur attend le jugement d’une cour d’appel pour éviter une condamnation pour des propos jugés racistes. L’ex-Ministre du budget va être entendu, avec sa femme, par la justice pour simplement répéter (avec le risque d’être entendu) qu’il n’est absolument pour rien dans une affaire pour le moins trouble. Il n’a rien vu, rien entendu, rien dit et surtout rien… écrit ! La France découvre que les moralistes du comportement antérieur à la loi sur le financement des partis politiques, voulue par les socialistes, ont monté une vaste opération de contournement de l’esprit du texte, trop restrictif pour le… financement des campagnes électorales à l’américaine. Les explosions de violence se multiplient et trahissent un contexte sécuritaire dangereux. L’extrême-droite, confortée par le discours du pouvoir en place, prospère et attend son heure. Tout se délite. A l’étranger, la France apparaît de plus en plus comme une république bannière mais… une part du pays bronze heureusement sur les plages de l’hexagone. Lentement, les vapeurs de l’opinion dominante provoquent un coma social et citoyen qui ressemble au sommeil des volcans. Et, au cœur de cet été pourri, une information encore plus terrible ! Une histoire banale d’immigration au pays des Droits de l’homme. Un événement qui ne provoque pas de tempête dans les corps huilés allongés sur les serviettes déposées sur le sable fin de l’océan et les galets de la Méditerranée. Allez, pour vous réveiller un instant, laissez-vous bercer par ce conte de fées à la Française, conté par les citoyennes et les citoyens qui les soutiennent.
En juin 2009, un jeune couple, M. et Mme Odikadze, a dû fuir la Géorgie, les familles respectives n’acceptant pas leur mariage. Ils arrivent en Pologne, où les médecins détectent une hépatite C chez le monsieur, due à des transfusions faites après des sévices infligés par l’une des familles. Malgré la maladie, et bien que Madame soit enceinte, il est de nouveau obligé de fuir la violence du camp de réfugiés. Les voilà arrivant à Grenoble, fin septembre 2009, et croyant pouvoir trouver refuge en France, ils veulent déposer une demande d’asile. Or, dès lors qu’ils sont passés par la Pologne, la France refuse de prendre leur demande en compte. Un petit garçon nait au CHU de la Tronche (38) en octobre 2009. En novembre, à cause de sa maladie, monsieur et sa famille ne peuvent se rendre à la première convocation, (dans le cadre des accords Dublin 2) de la Préfecture.
Fin janvier 2010, juste avant la deuxième convocation, Monsieur veut déposer à la Préfecture une demande de carte de séjour pour étranger malade, Madame demande une carte d’accompagnant. Celle-ci refuse de prendre leurs dossiers. Une deuxième tentative de dépôt a lieu en juin 2010, mais il y a un nouveau refus, la Préfecture les considérant comme des Dublin 2 en fuite, et à renvoyer le plus vite possible en Pologne (alors qu’ils ne relèvent plus de cette convention… le délai étant écoulé). Il est certain que nous sommes le pays des Droits de l’homme… et des enfants ! Les Georgiens connaissant le principe de « Dublin 2 », tout est évidemment facile pour eux. En tout cas, la Préfecture sait très bien où la famille habite, car elle n’a jamais caché son adresse, étant logée dans un hôtel grâce au… Conseil Général, qui se doit de préserver l’enfant. Le 7 juillet 2010, la préfecture fait facilement arrêter la famille à son domicile. Une expulsion était prévue le 8 juillet au matin. Le référé fait par l’avocat suspend cette expulsion chrono.
Lors de l’audience au tribunal administratif le 8 juillet, l’expulsion est maintenue. Le 9 juillet, le juge maintient la famille au Centre de rétention pour 15 jours. Or le bébé est sujet aux bronchites et est actuellement malade. Monsieur a dû annuler une intervention prévue de longue date au CHU de Grenoble. Madame vient d’apprendre qu’elle est enceinte de 3 mois. Ce sont des conditions sanitaires idéales, mais chez nous, la justice est impitoyable et surtout, elle réagit promptement à ces délits gravissimes concernant, bien évidemment, des gens nantis, dotés de conditions de vie somptuaires et ruinant une France déjà exsangue à cause, tout le monde le sait… de ces immigrés venant exploiter les merveilleuses conditions sociales dont bénéficie le pays. Il faut éliminer cette « racaille » qui trompe les règles élémentaires de notre République de la fraternité ! Bien évidemment, la famille ne peut recevoir tous les soins nécessaires. Le dangereux bébé, son père malade et sa mère enceinte sont enfermés dans un centre de rétention, et donc la sécurité des biens et des personnes est maintenue dans ce pays… où l’exemple vient d’en haut. Beaucoup d’âmes rigoureuses, intransigeantes, tellement exigeantes avec les plus faibles se foutent pas mal de cette situation révoltante.
Pour l’instant, la priorité c’est de s’occuper des millionnaires du ballon rond qui ont offensé les principes moraux d’un pays en déliquescence, puisque générant toujours plus la sensation que le fric permet tout. Pour l’instant, le chef de l’etat français a d’autres chats à fouetter. Il faut absolument éviter que cette pauvre Madame Bettencourt retrouve la mémoire et que sa comptable se contente de 800 000 euros pour un silence d’or. Comme elle n’a probablement pas versé dans un micro parti sa quote-part de ce pactole (elle l’avait déclaré au fisc ? Peut-être qu’un petit contrôle tombant maintenant serait le bienvenu pour la rappeler à la discrétion ? ) elle aura tous les ennuis du monde. Pour notre famille georgienne, il faudra se contenter d’un voyage sans retour vers la Pologne, où, on le sait, elle sera accueillie à barbelés ouverts. Elle a cependant de la chance, car son « camp de vacances » porte le beau nom de « Saint Exupéry », vous savez, celui qui a écrit le « Petit Prince »…. et cette phrase: « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent ». Surtout au moment où en France, on a commémoré les rafles et la déportation en présence des ministres.

Note du rédacteur : je signale que ce même texte a été censuré sur le site lepost.fr

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Cet article a 4 commentaires

  1. PIETRI Annie

    On ne voit pas bien pourquoi le site lepost a censuré ce texte ! Le cas de ce « petit prince  » que tu y relates n’est pourtant pas un cas isolé, et il devrait faire rougir de honte tout citoyen du pays des droits de l’Homme ! Bien au contraire, il devrait être diffusé dans la presse, à la radio, de manière à ce que tout français sache ce que ceux qui nous gouvernent font en notre nom à tous.
    Le hasard – ou les directives gouvernementales – a voulu qu’aussitôt après la mise en ligne de cette chronique, cette nuit, j’aie reçu un mail de RESF (réseau éducation sans frontière) de Nice, qui évoque le même problème qui concerne 40 familles et personnes isolées dans les Alpes Maritimes….L’auteur du message écrit: « dès demain et les jours suivants, nous le savons,les forces de l’ordre vont venir réveiller des enfants et expliquer à leurs parents qu’on les emmène dans un centre de rétention (Marseille pour les familles, Nice pour les isolés)….. »Et il ajoute : « et puis, il y a cette République qu’on aime tant, défigurée par des actions punitives médiocres sur tout ce qui dérange son idée de l’ordre. On a un peu honte, non ? Parce qu’enfin, de quel ordre parle-t-on?….Ce soir, comme chaque soir, nous avons dit au revoir à certaines personnes : des usagers de notre épicerie solidaire ou d’autres services rendus humblement par nos associations. Ce soir, sans doute, nous avons dit adieu sans le savoir à l’un ou l’autre. On ne s’y fera pas !
    Voilà. Merci Monsieur Sarkozy, merci Monsieur Hortefeux, merci les Préfets qui exécutent ces ordres ignobles avec célérité….Et surtout, faites en sorte que cela ne se sache pas et que l’information soit muselée!

  2. PIETRI Annie

    et pour compléter l’information, je viens d’apprendre, par mes amis de RESF, que le « Petit Prince » de Jean Marie vient d’être expulsé. Mardi 20 juillet, hier, donc, quatre policiers se sont emparés de la famille ODIKADZE alors qu’elle sortait de sa chambre au centre de rétention de Lyon pour le petit déjeuner et, sans leur laisser le temps d’avertir qui que ce soit ni de prendre leurs affaires, ils les ont embarqués manu militari dans un avion spécialement affrété pour eux, DIRECTION LA POLOGNE ! Autre précision: la maman avait fait une fausse couche le 16 juillet, mais son état de santé n’a inquiété personne …. La machine à expulser de messieurs Sarkozy et Besson s’est accélérée pour cette famille! Le quota d’expulsions va être respecté….Quelle honte pour nous tous!
    Puis-je me permettre d’ajouter que j’aimerais bien entendre les protestations de mes amis socialistes sur le sujet…mais leur silence est assourdissant.

  3. danye cortot

    JE PARTAGE l’indignation d’Annie …
    INFORMATION MISE AU SECRET ! la muselière est bien posée .
    Tous les quotas seront bien remplis ,les grands décideurs pourront dormir tranquilles……
    en pensant de quelle manière procéder pour la prochaine mascarade ou destruction car ce n’est pas encore terminé …suivez simplement les décisions des gouvernants.
    Toujours ce grand silence … seulement quelques échappées COTE DES AMIS DU PS..
    C’est tout de même extraordinaire ce côté <laxiste dans cette grande famille ..oui je sais avant 2012…pas grand chose à espérer.

  4. ROSY38

    NOUS POUVONS ENCORE LES AIDEr
    la maman est hospitalisée en Pologn suite à une fausse couche.
    Le papa et le bébé sont à la rue sans argent.
    Nous pouvons les aider en faisant un don à l’adresse suivante :
    Les amis du RESF38
    24 rue de Turenne
    38000 GRENOBLE
    Chèque à l’ordre de : les Amis du RESF38
    Noter au nom du chèque pour le couple Géorgien.
    Le RESF38 remettra à l’aide d’un mandat international l’argent au couple.
    Il pourront commencer une nouvelle vie et le papa peut-être se soigner
    Merci à vous

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