Heureux soient les innocents : ils iront au paradis…

En ce jour de sortie scolaire, je connais au moins deux personnes qui vont partir en vacances au soleil ensemble. C’est, pour eux, une nécessité absolue tellement ils ont des points de convergence qui peut les conduire à se découvrir, à s’apprécier, à finalement s’aimer. Un sacré couple, qui pourra, avec les subsides qu’ils ont accumulés durant les années écoulées, se prélasser paisiblement dans un transat sur une plage, quelques part au paradis. Certes l’un des deux hésitera, dans la période actuelle, à choisir un paradis fiscal, et l’autre ne supportera que difficilement le bleu intense d’un lagon, mais ils finiront bien par découvrir le lieu idéal pour se confier leurs malheurs. Ils se mettront au vert !
Ils ont ce point commun qui ne peut que les mener vers le royaume promis aux innocents aux mains pleines : ils n’ont rien vu, rien entendu et surtout rien dit ! Ces gens, qui savent compter pour eux, ont eu cette chance extraordinaire de n’être concernés par rien de ce qui a pourtant été déniché de faux, de malvenu, et peut-être de raté dans leur parcours. Ils ne sont que des victimes véritablement injustes de la presse, qui a réussi à les déstabiliser, alors qu’ils avaient tout pour réussir. Leurs équipes respectives ont connu des remous internes, mais les gestes de solidarité leur permettent d’échapper à la meute injuste des opposants et des journalistes. Pour eux deux, ce ne sont pas les faits qui ont une importance cruciale puisqu’ils se considèrent comme des êtres supérieurs, au-dessus de la populace, mais les divulgations de ces faits qui devaient, bien entendu, rester secrets. Tout n’est que « calomnie », « vengeance », « déstabilisation honteuse »… et donc ils ont un impérieux besoin d’une retraite salvatrice, pour y retrouver une virginité oubliée. C’est motus et bouche cousue alors que tout le monde sait fort bien que la vérité est bien différente de ce qu’ils affirment. L’un a « protégé ses joueurs », l’autre a protégé « une viiele dame tricheuse ».
Attaqués par les médias, vilipendés par des personnes dénuées de toute mesure, détestés pour leur arrogance, claquemurés dans leur silence hautain, prisonniers de leurs complicités… ils pataugent dans un marigot, où des crocodiles comme eux cherchent une victime expiatoire. L’un d’eux l’a trouvée. Responsable mais surtout pas coupable, il a obtenu la tête de son… président. Ce « brave » homme sera en définitive le seul à payer les erreurs commises par d’autres qui, en plus, le méprisaient copieusement. Ce sera probablement un sujet de discussion avec un drink, autour de la piscine des bons sentiments. En effet, l’autre a eu plus de chance, puisqu’il lui faut absolument tenir, s’accrocher, durer, nier, persister pour éviter justement d’entraîner (sic) dans sa chute son mentor présidentiel. Un sujet qui meublera leurs discussions de victimes de l’ingratitude populaire… car ils sont irréprochables! Vivement qu’ils tournent la page et qu’on les oublie!
Ils ont tous deux à partager des secrets de « vestiaires », vous savez ces espaces clos assez cossus, où il y a écrit sur la porte d’entrée « FRANCE ». Les pièces du « Ministère » de l’un et celui du « Mondial » de l’autre, où se retrouvent leurs équipes, sont capitonnés, et toutes les combines ou tactiques qui y sont élaborées ne devaient en aucun cas franchir le seuil de ces enceintes privées. Las ! Tout le monde sait que plus on tente d’éloigner les curieux, plus ils ont envie de trouver ce que l’on veut leur cacher. Les primes qu’ils ont touchées l’un et l’autre sont parfaitement légales. Ils les ont reçues d’une généreuse milliardaire, dont personne ne connaît véritablement les moyens exacts. Nos vacanciers de paradis non-fiscaux savent aussi fort bien qu’ils sont entourés « d’intermédiaires » au demeurant charmants, mais prêts à utiliser leurs services pour dégager de royaux pourcentages.
Ce bal étrange des vampires ne les a guère perturbé ces dernières semaines, car depuis des décennies, ils les fréquentent assidûment. D’ailleurs, dans leur jargon commun, ils emploient souvent l’expression « tirer vers les caisses… » ou « marquer hors-jeu ! » ou bien « décocher un coup de pied de coin »… et dans le fond, ils poursuivent le même but : garnir les filets, sans aller au ballon ! La « bonne fortune » les attire. Les astres scrutés attentivement servent de repères pour celui qui a des allures de poète égaré dans un monde de brutes. Alors que l’autre a laissé à son épouse le soin de profiter de son talent pour lire dans les lignes… de comptes en banque, pour s’installer dans l’aisance absolue. Il se murmure même que l’opportunité de parler « canassons » serait envisageable, puisque l’une possède une écurie de pur-sang (identité nationale oblige) et l’autre n’avait à sa disposition que quelques ânes bâtés, dotés parait-il de pieds agiles, qui selon la rumeur se seraient pris pour de fougueux étalons. La sollicitude à leur égard du premier des ministres, des ministres, des sous-ministres, masque simplement un manque total de respect. Ils s’en seraient bien passés, car parfois, ça sentait l’oraison funèbre et les vacances éternelles… mais comme ils n’avaient qu’une seule préoccupation en tête, la retraite, ils attendent sereinement (enfin presque) qu’on leur montre la porte. Tous deux ont une certitude, celle d’être recasés dans un placard doré, au cas où ils seraient conduits vers la sortie par un Canard plus déchainé que les autres. Ils continueront à se servir de l’intérêt général pour leur notoriété personnelle. Ils n’ont d’ailleurs pas l’intention de démissionner, puisque ce serait admettre qu’ils ont fauté !
Je me rends compte, tout à coup, que j’ai failli à toutes les règles de la bienséance en ayant omis d’identifier ces deux joyeux lurons, spécialistes du foutage de gueule en bande organisée. Vous n’entendez parlez que d’eux deux. Ils occupent le devant de la scène, éclipsant ainsi le fait que sous les pavés de la vie quotidienne on trouve rarement une plage, sauf quand on les lance à la figure de ceux qui vous insultent par leur comportement. L’un est bleu de peur et l’autre est vert de rage. Aucun des deux n’est encore rouge de honte, c’est ce qui fait leur force. Non non, ce n’est pas Laurel et Hardy, Starky et Hutch ou Poiret et Serrault mais Raymond et Eric, un duo de comiques trompeurs, qui véritablement mérite des vacances!

Cette publication a un commentaire

  1. Michel d'Auvergne

    Bonjour Jean-Marie,
    Faut-il entendre « innocents » comme simples d’esprit et « paradis » comme paradis fiscal ? Riche ça n’est pas forcément le synonyme d’intelligent. (ministre non plus, d’ailleurs!) Ségolène Royal a parlé de « système Sarkozy corrompu » avec la réaction que l’on sait des clowns en place: ils ont jeté la sciure de la piste aux yeux du public !
    Pourtant à en croire un billet du Post, elle serait en dessous de la vérité, voici le lien: http://www.lepost.fr/article/2010/07/02/2137822_les-30-millions-d-euros-de-liliane-ou-pourquoi-le-systeme-sarkozy-est-corrompu.html#xtor=EPR-275-%5BNL_732%5D-20100703-%5Bvue-en-une%5D
    Profitons du soleil avant que le nuage du volcan ne nous l’occulte !!

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