Impossible d’imaginer que les Françaises et les Français inverseraient actuellement leur vote sur le Traité Constitutionnel européen. Ils confirmeraient, au contraire, largement leur opposition à une texte abscons, confus, faux-cul qui ne visait en définitive qu’à instaurer la loi du profit sur un continent ayant eu les yeux plus gros que le ventre, en matière d’insertion de nouveaux pays dans un dispositif économique mal maîtrisé et surtout inégalitaire sur le plan social. Le vent de la crise financière venu de l’ouest, où il y a toujours du nouveau, a éparpillé toutes les rares bonnes intentions comme autant de fétus de paille politiques. Le système de la « concurrence libre et non fondée » s’est effondré sous les coups de boutoir des réalités. Il conduit lentement le vieux continent vers une anémie dont il mettra des années à se relever, mais la majorité ultra libérale qui règne à Bruxelles va se comporter en nécrophage. Elle va tenter de tirer profit de ce coma politique des Peuples concernés pour vite détruire tout ce qui peut, de près ou de loin, ressembler à une spécificité nationale. La France avait, par exemple, depuis sa Libération et les recommandations du Conseil national de la Résistance compris qu’il existe des aspects de la vie collective relevant de l’intérêt général, et pas nécessairement de la loi du marché. Les « services publics » appartenaient à ces conquêtes républicaines qui mettaient en exergue l’égalité territoriale et l’accès le plus large possible à tout ce qui pouvait contribuer à la qualité de vie. La notion de service public désignait juridiquement l’ensemble des activités, exercées par la puissance publique, dans le but de satisfaire des besoins sociaux devant être disponibles pour tous. Depuis la fin du XXe siècle, la conception du service public a été remise en cause dans tous les États occidentaux, à des degrés divers, et selon l’évolution économique et politique des États, avec la mondialisation, l’économie de marché et la fin des monopoles, les lois de décentralisation, et surtout par l’individualisation de la société.
L’europe a prétendu que ces tendances ou ces constats n’altèreraient absolument pas la qualité de la vie sociale. La destruction massive d’emplois, la perte de cette égalité d’accessibilité aux services, la montée d’une concurrence incitant à aller toujours vers le moins cher quitte à se suicider économiquement, la disparition de pans entiers des services de base… ont pourtant gangréné les pays. Le libéralisme thatchérien a fait des émules, avec cet étrange paradoxe que tous les citoyens ayant un brin de jugeote peuvent constater que… rien ne va plus dans cette Grande Bretagne qu’elle avait soi-disant préparée à l’avenir ! Si, véritablement, la privatisation concurrentielle avait fait des miracles, ça se saurait depuis quelques mois. Au contraire, la situation actuelle démontre que rien n’est réglé, que rien n’est amélioré, que rien n’a véritablement profité de ces coupes rases dans un monde réputé dépensier, figé, réac’, déconnecté des contingences de la rentabilité. Tout y est passé, car il fallait rendre le système le plus efficace possible… alors qu’il y a une dégringolade exceptionnelle de ce qui n’était (on en convient maintenant) pas si nul que ça ! Chaque jour ou presque, les élus s’étonnent des effets dévastateurs du dépeçage d’EDF. Les chantiers sur les réseaux sont bâclés par des sous-traitants non surveillés. Il faut des mois pour obtenir un branchement de maison et le consuel. Il est impossible d’avoir un interlocuteur pour l’enfouissement des réseaux. Il n’y a plus qu’un seul service qui fonctionne : celui de la facturation ! Et encore il faut être certain que le relevé des compteurs a bien été effectué. Tout est sous-traité, tout est marchandisé, tout est faussement concurrentiel.
Diagnostic identique pour France Télécom, qui est encore plus mal lotie, et inutile de parler des banques dont on a constaté que la privatisation avait été d’une redoutable efficacité ! Maintenant, ce sont les écoles, les collèges et les lycées qui entrent dans la spirale. Tout est fait pour faire main basse sur le système éducatif. Les Anglais viennent de tirer les premiers, puisque le libéralisme incite le nouveau gouvernement à demander aux parents et aux enseignants de se réunir pour fonder leurs propres écoles... les jardins d’éveil en France en sont l’amorce, et les écoles n’ayant pas de contrats se développent en toute impunité (voir le cas de celle de Bordeaux présentée dans le reportage des Infiltrés, à laquelle on annonce que bientôt on va effectuer une inspection, de telle manière qu’elle puisse épurer son enseignement de l’Histoire). Le politique a renoncé à ses prérogatives de gestion de l’intérêt général, pour tenter de surfer sur les intérêts particuliers !
La plus récente attaque vient de tomber. La Commission Européenne a accru la pression sur la France concernant le statut de la SNCF, rapporte le quotidien ‘Les Echos’ ce matin, qui s’est procuré un courrier « au ton très direct » transmis par l’exécutif communautaire à Paris en… février dernier, mais que personne n’avait, au gouvernement, commenté avant les régionales ! Le document indique notamment que le statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) de l’opérateur ferroviaire lui offre la garantie implicite de l’Etat, ce qui constitue « une aide d’Etat incompatible » avec la réglementation européenne de la concurrence. Concrètement, la SNCF se présente sur le marché du financement avec la même notation « AAA » que la France, alors que l’état de ses finances ne pourrait lui permettre de prétendre, si elle était une entreprise privée, à une notation crédit aussi élevée. Et c’est parti. Actuellement, en France, les collectivités territoriales donnent elles aussi des « garanties pour les emprunts » (par exemple aux organismes HLM) ou elles empruntent sur le marché bancaire sur la base de la cotation de l’Etat. Il semble bien (et c’est extrêmement grave car Bruxelles veille) que ce soit fini !
Comme ce fut le cas avec La Poste, devenue société anonyme récemment, la Commission demande donc fermement à la France de faire évoluer le statut juridique de l’entreprise, sauf à démontrer qu’il ne constitue pas un avantage contraire au… Traité (tiens donc !). Revoilà ce que les Françaises et les Français ont repoussé mais que le sarkozisme leur a imposé ! On est parti pour le pire. La Commission aurait en effet décidé de s’attaquer aux monopoles de la SNCF et de la RATP, respectivement sur les trains de banlieue, et les métros et RER. Les autorités françaises ont, en effet, fait voter une prolongation des monopoles jusqu’en 2039, soit le maximum théoriquement autorisé par le régulateur communautaire, pour ménager une « période de transition » vers l’ouverture à la concurrence de ces services stratégiques. En fait tout sera fait par Bruxelles pour que cette date soit anticipée. Au fait, ne serait-ce pas les vraies raisons du renoncement généreux de Fillon à ne pas s’attaquer aux régimes spéciaux de retraite ? On n’a pas besoin de ça, par les temps qui courent…même si le chef de l’État français vient de gagner 2 points de satisfaction, ce n’est pas le moment de mettre les cheminots en grève. On va donc gagner du temps !
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Bonjour Jean-Marie,
Salut à tous.
Je suis à fond avec votre billet.
Les Français vont découvrir au fur et à mesure que l’UE veut la disparition pleine et entière de nos Services Publics.
La Concurrence « libre et non faussée » retirée depuis 2007 au traité de Lisbonne ( cousin germain du TCE de Mai 2005 ) est en fait bien mentionnée dans la partie technique du Traité, mais soit-disant non mentionnée comme étant un des objectifs de l’Union!
Comprenne qui devra.
Mais nous constatons que ce « jeu intellectuel » est fait pour nous endormir. Alors, relevons la tête, et soyons offensifs comme nous l’étions au printemps 2005!
Quant à la SNCF en société anonyme, ils y pensent; Soyez assurés, amis lecteurs, que la centrale syndicale de Montreuil s’engage à tout mettre en oeuvre pour arrêter l’action des fossoyeurs des Services Publics devant ces nouvelles attaques des « intégristes de la libéralisation ».
Très amicalement et avec détermination,
Gilbert de Pertuis en Luberon
Cadre Honoraire SNCF-CGT
Oui, Gilbert, Soyons offensifs!
Comment? Un gouvernement animé de bonnes intentions commencerait par s’inscrire en faux de tous les traités européens depuis le traité de Rome jusqu’à Lisbonne qu’on nous a planté dans le dos! Nous nous sauverions d’une situation périlleuse pour le peuple français mais aussi pour tous les autres peuples. Les traités fabriquent des chemins de richesse pour une petite élite, et instaurent par des lois iniques des systèmes de paupérisation pour le plus grand nombre. Suppression des services publics, chômage, abaissement des salaires et des pensions,réduction des systèmes de santé, destruction de l’organisation administrative et supervision de nos budgets par une instance non élue et loin des peuples que sais-je encore? …Que nous faut-il donc de plus pour faire sauter ce carcan régressif?
Nous le voyons tous les jours que cette organisation là est construite contre les peuples! Alors?
Vivent les républiques socialistes d’europe!non? Danielle