La campagne des régionales reprend. Tout ce que la Droite avait annoncé ne s’est pas réalisé, puisque la Gauche a su se rassembler sur une gestion commune de certains aspects fondamentaux du quotidien des Françaises et des Français. C’est vrai que les oiseaux de mauvais augure espéraient que le principe de la solidarité sur des valeurs ne pourrait pas concurrencer son conglomérat d’intérêts strictement électoraux. Espoirs une nouvelle fois déçus pour celles et ceux qui ne bénéficient plus désormais que du soutien de leurs « militants », arc-boutés sur une idéologie ayant échoué partout dans le monde.
Dans le fond, les candidats de la droite libératrice des profits financiers, destructrice des références sociales protégeant les principes républicains, avide de réformes strictement de principe, se moquent pas mal du résultat des régionales. Ils savent que, pour l’instant, la décision de création du « conseiller territorial » viendra tôt ou tard confisquer le résultat du suffrage universel. C’est pour eux l’essentiel que d’avoir décidé de faire passer la reconquête du pouvoir réel par… une modification technique du rôle des élus. Quand dans les débats, les opposants à la réforme des collectivités parlent de « confiscation » du suffrage universel ils sont accusés (cf les commentaires de la chronique de hier) de propos partisans. Peut-on cependant rester béat d’admiration, quand on lit, par exemple, que si les élections de conseiller général et de conseiller régional étaient jointes, les citoyens s’y intéresseraient davantage et que, dans le fond, la démocratie ne reposerait que sur l’intérêt porté au « conseiller général »… Justement le niveau d’élection que la réforme soutenue par l’UMP… veut supprimer !
Il faut véritablement être aveuglé par le sarkozysme primaire pour ne pas se poser au minimum la question de la qualité de cette analyse. Je cite cette brillante saillie d’un éminent élu UMP sur son blog : « Un scrutin très « politisé » (sic : je croyais que selon le chef de l’État français ce n’était qu’un scrutin régional non politisé) et qui n’intéresse pas les Français (je pensais que les régions devaient être la référence de demain), ne saurait servir de base à nos territoires pour l’évaluation des résultats des prochaines élections cantonales. Chez nous, les élections cantonales font partie des élections les plus mobilisatrices (sic) ». Et c’est donc au nom de ce constat que l’on veut tuer… la proximité du Conseiller général pour en faire une hydre à deux têtes, professionnelle de la politique et éloignée du terrain, incapable de faire face à la gestion de deux collectivités n’ayant pas les mêmes compétences et le même niveau de territoire ! Maintenant que le résultat des régionales n’est pas conforme aux prévisions de l’UMP, on se met à réhabiliter le Conseil Général… Mais, soyez-en certain, ce n’est pas parce qu’il va être encore plus difficile dans un an de présenter des candidats dans des cantons, à un poste dont on aura ressasser qu’il est inutile et qu’il n’a aucun intérêt!
Mieux, le même exégète des mesures utiles au pays affirme que la réforme en cours (suppression de fait des conseillers généraux) va permettre de faire des économies d’échelle, profitable au contribuable. Quelle mauvaise foi quand on sait que, selon les calculs d’un sénateur UMP, on devrait avoir en Gironde, sur des secteurs charcutés par Marleix… 71 conseillers territoriaux percevant double indemnité contre… 63 conseillers généraux actuels ! Mais je suis certain qu’on l’a annoncé sur les estrades des réunions darcosiennes ! La seule justification de cette pseudo modification de ce qui n’a jamais été un mille-feuille institutionnel est politique! Exclusivement politique, selon une paraphrase du principe bien connu énoncé par Bertolt Brecht : « puisque les conseils généraux votent contre le Gouvernement, il faut dissoudre les conseil généraux ! » Après, on pensera au peuple! . Vous ne le croyez pas ? Facile. Regardez l’attitude de l’Etat sarkozyste.
Les Conseils Généraux (évidemment rien que ceux de Gauche) sont dépensiers, mal gérés, faussement spoliés par l’État mais il faut leur faire les poches, pour qu’ils soient encore plus pauvres et donc plus menacés, avant qu’on définisse les compétences qui leur seront dévolues !
Il existait autrefois ce que l’on appelait les « chauffeurs », les pires des bandits : ils entraient dans une maison, ligotaient les occupants, et leur brûlaient la plante des pieds pour les forcer à cracher la cachette de leurs économies. Ils opéraient en bandes organisées et les derniers d’entre eux furent guillotinés en 1952. Pour le Grenelle, pour les LGV, pour les infrastructures nationales ou internationales qui relèvent de son budget, l’Etat se comporte comme les chauffeurs de la Drôme au début du siècle. Il étrangle les conseils généraux mais les oblige à lui donner les ressources dont il les prive par ailleurs. Ils doivent cracher au bassinet des LGV (la bagatelle en Francs constants de 230 millions d’euros, soit plus d’un an du budget d’investissement de la Gironde) ou être torturés par les Préfets ! Je résume : « payez ce que nous ne pouvons pas payer, et ensuite on s’occupera de votre compte ! » Allez, faisons un petit pari : en Gironde, vous allez voir si le chantage ne va pas ressurgir dans les prochains jours. Le gouvernement n’en a plus rien à faire, puisqu’il appartiendra désormais aux socialistes de trouver les ressources qu’ils n’ont plus (réforme de la taxe professionnelle oblige !) dans les poches des contribuables. Les communes privées de subventions ? Les associations déjà mutilées ? Les manifestations encore plus dures à organiser ? Peu importe puisqu’en 2011 le renouvellement du Conseil général mettra les socialistes gestionnaires en difficulté et que, grâce au mode d’élection du conseiller territorial, on balaiera tout ça d’un revers de loi. Seul petit hic, c’est que, parti comme c’est parti, si par bonheur les cantonales confirmaient simplement la situation actuelle, la gauche deviendrait majoritaire au Sénat quelques mois plus tard… mais au fait, rien ne dit que d’ici là, le Chef de l’État français ne réformera pas le mode de choix des sénatrices et des sénateurs… il n’est plus à ça près!
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Tu es en grande forme Jean-Marie… Ton analyse est encore une fois excellente ! Tu vas encore nous faire gagner des voix dimanche !
Voyons si les « petits » vont encore la ramener… 😉
Quelle image ! « Les chauffeurs de la Drôme »…
En effet, nous n’avons pas les mêmes valeurs.
Réponse de JMD : Et figurez vous que je l’ai bien compris, et que j’en suis fier et… heureux !
Fier de quoi ?
Vous donner l’impression d’être en campagne contre le diable en personne.
C’est certes louable, mais pas très crédible.
Marie,
Fier de ne pas avoir les mêmes valeurs que vous…