Voici un extrait du discours prononcé par Martine Aubry lors de la clôture de l’Université du Parti Socialiste. Il me conforte totalement dans les initiatives créonnaises en matière d’implication des citoyennes et des citoyens dans l’avenir de leur collectivité locale. Je maintiens donc ma prise de position antérieure : la réforme des collectivités territoriales nécessite une prise de position ferme préventive de la part des habitants contribuables qui seront les premiers concernés par les conséquences de l’action négative d’une loi strictement « politicienne »:
« Mes chers camarades, le grand combat de la rentrée, je l’ai dit, nous le mènerons aussi contre le projet de loi sur les collectivités locales.
Ce projet de loi n’est pas une réforme, c’est une revanche. La droite n’accepte pas que nous gouvernions 20 régions sur 22, les deux tiers des départements et 14 des 20 plus grandes villes françaises. L’offensive a été préparée. Depuis des mois, le gouvernement étrangle financièrement les collectivités locales en leur imposant de nouvelles missions (1) tout en réduisant leurs dotations et en vidant les bases de leurs ressources fiscales, jusqu’à maintenant supprimer la taxe professionnelle.
Ils veulent faire croire aux Français que nous sommes dépensiers, y compris avec un discours populiste contre les élus. Nous lancerons dès la rentrée une double initiative, Initiative politique autour de l’appel de la FNSER pour mobiliser autour de la défense de nos collectivités au service de notre pays et des Français, et une grande campagne nationale, rappelant que les services rendus par nos collectivités sont de meilleure qualité et moins coûteux que lorsque l’Etat les réalisait. Cette campagne s’appuiera sur l’adhésion et l’attachement des Français à leur Région, à leur Département, à leur commune.
Nous démontrerons que les vrais conservateurs sont ceux qui tournent le dos à la décentralisation, qui continuent, par la déconcentration, à exercer des contrôles tatillons sur les collectivités locales, et qui proposent à la France une organisation archaïque du territoire.
Nous, socialistes, nous croyons que les collectivités locales ont deux grandes missions à remplir : le développement, ainsi que la vision et la préparation de l’avenir. C’est le rôle principal des Régions et des Communautés Urbaines ; la proximité des territoires et des habitants, c’est le rôle principal des Départements et des Communes.
L’institution de ces conseillers territoriaux est incompatible avec une organisation efficace. Trop près pour voir loin, et trop loin pour être près de leurs administrés. En réalité, cette réforme n’a qu’un seul objectif, modifier au profit de la droite les scrutins Régionaux et Départementaux. Les conseillers territoriaux seraient en effet élus à la proportionnelle dans les agglomérations et à la majorité dans les zones rurales. C’est partager les sièges entre la droite et la gauche là où la gauche est majoritaire, et les attribuer à 100% à la droite ailleurs. C’est vouloir gagner sur le tapis vert ce que la droite a perdu dans les urnes. Voilà le véritable objectif du gouvernement.
Cette réforme est une honte pour la démocratie, mais c’est aussi une faute majeure pour l’avenir de notre pays. Un bon exemple est le Grand Paris. Pour contrebalancer les projets menés par nos élus avec Paris Métropole, on veut instituer une société du Grand Paris dans laquelle les collectivités locales n’auront qu’un strapontin. Pourquoi ne pas, non plus, revenir à une administration préfectorale de Paris, comme avant 1977 ? (…)
Nous, qui considérons que la décentralisation a été la réforme démocratique la plus puissante de ces 30 dernières années, nous voulons en garder l’esprit et en approfondir la portée.
Nos propositions sont sur la table. Une décentralisation pleine et entière, ce sont des collectivités avec des missions claires et compréhensibles par tous. Une décentralisation pleine et entière, ce sont des collectivités autonomes, dans leurs décisions, avec une fiscalité propre, dynamique et juste. Une décentralisation pleine et entière, c’est la démocratie jusqu’au bout, avec une élection directe par les Français, maintenue pour les Conseils Régionaux et établie demain pour les communautés urbaines. Mais il n’y a pas de République sans justice et, là aussi, l’Etat doit jouer son rôle, en faisant jouer la solidarité par une péréquation financière digne de ce nom.
Ce combat, nous allons le mener parce qu’il s’agit de l’avenir de nos territoires et de la qualité de vie des Français. Nous allons aussi le mener parce que la démocratie est en cause quand les modes de scrutins sont biaisés (…) »
Les élus créonnais ont donc été les premiers en France a engager le fer avec une proposition désastreuse pour l’avenir des territoires girondins. Le silence ou la désapprobation discrète, qui continuent à exister autour de leurs initiatives liées aux risques locaux vont disparaître dès ce soir !
(1) Je l’ai maintes fois écrit dans ce blog
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Quelle satisfaction, et quel encouragement, de constater que Martine Aubry, Secrétaire du Parti Socialiste, partage entièrement ton analyse et tes réactions sur le contenu du projet de réforme des collectivités locales, et que la commune de Créon a été la première à se rebeller contre cette loi scélérate. Elle sera suivie, n’en doutons pas , par bien d’autres collectivités locales, et sera soutenue par un grand nombre de citoyens.
Oui, tu as été le premier à mener ce combat, comprenant, avant tous les autres, les intentions cachées de ceux qui nous gouvernent, et les enjeux. Cela ne surprendra pas tes lecteurs fidèles, qui ont maintes fois constaté ta perspicacité et la justesse de tes analyses.
Il n’est, pour s’en convaincre, qu’à relire tes anciennes chroniques, tant sur ce blog que sur « L’Autre Quotidien ».
Et tu peux être certain que nous serons nombreux à tes côtés dans ce nouveau combat, vital pour la survie de la démocratie.