Sun, 20 Nov 2005 09:05:00 +0000
Il faut avoir le cuir épais pour résister à tous les changements climatiques actuels. Un jour, au soleil, on se détend bien au chaud dans un milieu rassurant. Le lendemain, vous vous retrouvez dans un air glacial, agressif, pénétrant. Dans le fond, il faut exactement la même résistance pour tenir bon en politique. Il vous faut savoir rechercher les rayons confortables des idées dominantes avant d'affronter rapideme
L'exemple venant d'en haut, Droopy Chirac ne se prive pas d'effectuer un strip-tease permanent des idées. Il condamne ce qu'il a vanté. Il tance ceux qui mettent en ?uvre, avec sa bénédiction, sa politique. Il pique aux autres leurs propositions, alors que ses partisans les taillent en pièces. Il réinvente ce qu'il a fait supprimer à chaque conseil de ses Ministres. Il plaint celles et ceux qu'il écrase. Il oublie ses promesses aussi vite que sa dernière bière Corona. Normal, puisqu'il ne doit rendre compte à personne de ses revirements, de ses déclarations sans lendemain, de ses renoncements ou de ses défaillances.
De Villepin a compris les principes, car il a été élevé dans le système. A chacune de ses sorties, il annonce des mesures nouvelles, des dépenses supplémentaires, des satisfactions potentielles, alors que l'Etat est ruiné et que, s'il y avait une faillite d'un pays, la France serait placée en liquidation judiciaire. Peu importe : Crin blanc sait que les Françaises et les Français ont la mémoire courte?Il viendra au Congrès des Maires, dans la semaine prochaine, défendre les services publics, le statut de l'élu, les finances locales. Là encore, quelques images télévisées et un paragraphe dans Le Monde ou Le Figaro suffiront à son image. Comme toujours, les crédits n'arriveront jamais, et d'ici là, il y aura d'autres préoccupations : il ne risque pas grand chose ! En attendant, les sondages le récompensent de cette démagogie soft !
BARRE A GAUCHE
Ce n’est pas mieux ailleurs. Tenez, prenez le Congrès du Parti socialiste. Promis, juré, affirmait Strauss Kahn,
J'ai entendu, de mes propres oreilles, des orateurs éminents s'exclamer sur des tribunes : » abrogation, abrogation?des lois Fillon. Est-ce un programme que celui des abrogations « ? Plus tard je les ai ouïs dire : le « pouvoir d'achat ne peut pas augmenter aussi vite que vous le proposez « . Ils ont clamé que « la VI° République contenue dans les propositions Emmanuelli-Montebourg-Peillon était une hérésie « et alors, cerise sur le gâteau de la mauvaise foi, que « le vote du 29 mai ne méritait pas d'être pris en considération puisque le fameux plan B n'existerait jamais « , que les nationalisations n'étaient que des visions de l'esprit? Et j'en passe et des meilleures ! J'ai dû aussi rêver quand j'ai pris pour argent comptant les déclarations fracassantes de Jack Lang?
Or, arrivés à la tribune du Mans, Strauss-Kahn et Lang ne pédalent plus dans les rillettes du social libéralisme. Ils n'hésitent pas à pratiquer l'art de la veste réversible avec un talent exceptionnel. Ils n'ont jamais été aussi à gauche ! Jack Lang, comme à son habitude, ne recule devant rien il prône une » révolution politique « , une » révolution territoriale « et une » révolution des savoirs « . Excusez du peu. Il y a du Lénine sous Jack !
Dominique Strauss-Kahn n’a fait ni une ni deux, il a viré de bord à 180 ° pour enfin? adhérer au PS. Il n'y est pas allé, lui non plus, avec le dos de la cuillère sociale libérale : le » pouvoir d'achat doit être augmenté « comme le demande Emmanuelli, le » système politique doit être réformé « comme le souhaite Montebourg, les » textes les plus néfastes doivent être abrogés « comme le prône Fabius et, dérapage contrôlé : le » vote populaire du 29 mai doit être respecté « et un plan B de renégociation du traité constitutionnel mis en place. Contre la « précarisation », il a proposé « une nouvelle Sécurité sociale, celle des parcours professionnels ». Contre les délocalisations, il a suggéré de mobiliser « les moyens de l’Etat » et, « lorsqu’il le faut », d’imposer « des nationalisations temporaires ». Face à la « rupture avec le modèle social et républicain » proposée par la droite, il s’est engagé à « abroger » plusieurs mesures du gouvernement Villepin, dont » la réforme fiscale » pour 2007, le « contrat nouvelles embauches », qui est « une remise en cause de cent ans de conquête sociale »?
Pincez-vous ! Ils affichent maintenant les valeurs de gauche de leurs opposants, alors qu'ils ont trompé leurs adhérents pour uniquement garder le pouvoir. La synthèse a été faite cette nuit, chacun renonçant à ses positions les plus en flèche pour se rallier sur le plus petit programme commun, resssemblant étrangement à celui de… Strauss-Kahn
LE ROQUET ET LES ELEPHANTS
Pendant les virages plus ou moins bien négociés, Sarkozy s'installe et jubile. Lui, il accentue ses discours extrémistes, mêlant le » Karcher et le Charter « , la » racaille et la canaille » pour satisfaire les instincts les plus vils de l'Homme. Il sait que les éléphants du PS barissent beaucoup, mais ne peuvent rien contre un Roquet qui court devant eux et qu'ils poursuivent en s'essoufflant. Les éléphants suivent à la trace celui qu'ils prennent pour un renard rusé, retors mais ils se contentent de répondre à ses provocations, visiblement inspirées par le cap vers l’extrême droite!
« Social traître « pour les plus sévères, » social opportuniste » pour les plus indulgents, les « copropriétaires » du PS ont organisé, autour de ces thèmes, depuis des mois, la chasse au Fabius, sport pratiqué au n
om de leurs ambitions personnelles, avec la complicité des médias. Maintenant, après avoir pris en pleine gueule, la claque des banlieues, ils se sont butalement rendu compte qu'ils allaient dans le mur, car leur motion tuait l'espoir d'une alternance.
Ils avaient érigé le P.S. en tribunal populaire destiné à condamner des » traîtres » à la cause européenne, sans se rendre compte qu'ils se coupaient encore davantage de leur base électorale. ils se sont dit que ça ne pouvait plus continuer, et sans vergogne, sans aucun état d'âme, ils ont viré, cette nuit, de bord. Ils l’ont fait d’autant plus aisément qu’ils s’étaient assuré, auparavant, de la majorité, et offert le luxe de poursuivre leur chemin sans inquiétude. Strauss-Kahn avait senti le vent tourner. Jack Lang aussi, mais sa démesure l’a discrédité. Ségolène n’a rien dit, espérant se faire porter par le vent majoritaire. Le Roquet de Neuilly et Jean-Marie Le Pen eux, n'ont plus qu'à faire monter la pression et à attendre. Surtout attendre.
Les incendies de voitures ont servi à éveiller queqlues consciences politiques, mais n’est-ce pas, une fois encore, trop tard? Le PS aura perdu, dans les semaines précédentes, ses références et il va lui falloir ramer pour les retrouver. Dans le fond, ce n'est même pas la peine de dépenser des fonds publics pour organiser un scrutin, il suffirait de mandater l'IFOP de la Présidente du MEDEF, et elle donnerait le résultat !
Mais je déblogue?
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