LA BOTTE DE NEVERS

Thu, 22 Sep 2005 00:00:00 +0000

Nevers. Pourquoi diable les parlementaires du Parti socialiste sont-ils allé choisir cette ville pour leurs dures journées de travail collectif avant la reprise de leurs palabres sous les dorures parlementaires ? Est-ce par souci de référence à la génération Mitterrand qu'ils ont accompagnée ou seulement entendu racontée ? Dans ce cas là, il aurait mieux valu pour leur image qu'ils se réfugient à Château Chinon. Le symbole aurait été beaucoup plus fort.

Sauf que peut-être, l'hôtel restaurant du Vieux Morvan ne pouvait pas accueillir dignement députés et sénateurs, même s'ils sont en nombre réduit. Ils y auraient pourtant retrouvé les cris des soirs de victoire et les chuchotements des complots préparatoires. Peu d'entre eux pourraient cependant raconter les instants enthousiasmants du 10 mai ou évoquer ces conversations du premier cercle. Les survivants du Mitterrandisme se sont en effet dilués dans la nature. Même Frère Jack semble déjà avoir oublié qu'il fut de ceux là, tant il devient avare de références sur cette période où l'union de la gauche le rendait euphorique. Le temps des grands-messes avec les ch?urs de l'armée rouge ne lui conviennent plus. Il joue la partition du socialisme mezzo voce et se lance dans l'opérette béarnaise.

PELERINS COURAGEUX

Les parlementaires auraient pu, à quelques encablures, s'installer dans un  » relais et châteaux  » cossu, afin d'escalader, en groupe de pèlerins courageux, la roche de Solutré. Bâtons paisibles (les pointes en fer étant prohibées) dans la main droite et programme commun dans la main gauche, ils auraient pu se faire des mollets de campagne. Mais il faut bien reconnaître que cette ascension n'aurait pas forcément rappelé de bons souvenirs à Michel, le vieil autogestionnaire habitué à ne pas emprunter les sentiers battus. Montré du bout de la canne présidentielle chaque lundi de Pentecôte, il n'a jamais su le véritable prix du silence. De là-haut il aurait donc été capable de se lancer dans le vibrant chant  » Montagnes Pyréneés?  » pour séduire son futur copain de Pau. On le sait proche de fonder le P.S.D., le Parti Socialiste Désunifié!

Les élus nationaux et européens du P.S.auraient pu aussi se réfugier à Clamecy. En effet,, c'est de là que durant des siècles on envoya du bois? vers Paris. Mais je suppose que les organisateurs ont pensé que  » s'envoyer du bois «  en cette période de Congrès n'aurait pas été une idée constructive. D'autant que ce fut, durant 400 ans, du bois flottant au fil de l'eau, mal ficelé et risquant à tout moment de se disloquer lors du passage des premiers rapides, que les Clamecycois expédièrent sur l'Yonne .

Certes, il y a au sein des socialistes des éminents spécialistes des courants, des femmes refusant de mettre les voiles, et des repêchés  » européens  » du suffrage universel direct, mais le risque était trop fort. Certains se seraient agrippés au radeau pour revenir dans la capitale. Jean Luc aurait immanquablement hissé le drapeau noir sur le radeau. Vincent aurait expédié, par dessus bord, son copain Arnaud. Alors, même en chantant à tue-tête que « ce n'était pas le radeau de la Méduse, ce bateau » on aurait eu du mal à se convaincre que c'était celui » des copains d'abord ! « . Un rassemblement à Clamecy n'était donc pas sincèrement souhaitable.

UN FLEUVE TRANQUILLE

Il restait Cosne sur Loire? une charmante cité au bord, affirme son office de tourisme, du  » seul fleuve naturel d'Europe « . Au P.S. un fleuve tranquille n'a jamais eu bonne presse. Tout le monde aurait pu se sentir dépaysé, assoupi, démoralisé. Lors du symposium destiné à choisir la ville, il paraît que c'est donc le conseiller en communication de la rue de Solférino qui s'est opposé à cette localisation des journées parlementaires. Il a vite convaincu son auditoire quand il lui a expliqué qu'il serait désastreux de voir tous les commentateurs débuter ou conclure leur reportage radio ou télé par  » ici de Cosnes?  » ou  » là de Cosnes? « . Pour la  » déconne  » il y avait déjà ce qu'il fallait?inutile d'en rajouter !

Un temps on eut envie de se retrouver au pays des Charolais. Ces splendides bêtes de comices auxquelles on taille des croupières auraient réconcilié le P.S. et le monde agricole. Seulement on a pensé que le fougueux Henri sauterait sur l'occasion pour agiter un mouchoir rouge sous les naseaux de ces b?ufs à la démarche gauche? et de vous transformer sans vergogne en arènes, la salle des mariages de l'hôtel de ville de Nevers.

La vérité a fini par transpirer. Celui qui a exigé que les élus bossent dur à Nevers, c'est François ! Oui? oui, c'est lui. Entre Tulle et Paris, dans le train, il a relu l'histoire du Bossu (pas la vie et l'?uvre de Raffarin, mais l'autre, de Paul Féval) et ce fut la révélation : il lui fallait la fameuse  » botte de Nevers « , celle qui terrasse tous les adversaires, celle qui expédie ad patres n'importe quel assaillant. Un tour du poignet vers la droite, un bref crochet à gauche, une fente en avant, deux pas en arrière, une entourloupe marseillaise, une volte face probable et hop l'estocade ! Laurent  » Gonzague «  portant l'infamante cicatrice de son passage au pouvoir dans la paume de sa main gauche n'aurait plus qu'à bien se tenir.

FRANCOIS ET NICOLAS REUNIS

Fort du soutien de Lagardère, vous savez, celui qui avait publié dans  » Match « , cette splendide photo de François avec Nicolas réunis pour un oui à Neuilly, il se vengerait du coup de poignard dans le dos européen décoché par Laurent. Ce serait, en plus, à Nevers, qu' « Aurore  » (Ségolène) annoncerait son retour et sa royale candidature à le succession de Droopy. Pas de doute, le choix était le plus judicieux.

François eut bien une hésitation quand il apprit que Nevers était la ville de Sainte? Bernadette,
et qu'elle fut un lieu de passage pour les pèlerins allant quérir le pardon à Saint Jacques de Compostelle, mais rien ne pouvait effacer sa soif de posséder la  » botte  » ! Il y lancerait un appel sur la base de la fameuse phrase de Bernadette Soubirous :  » je ne vivrai pas un instant que je ne passe en aimant? « . Tout un programme pour les prochaines semaines socialistes !

Mais je déblogue?

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