Personne ne peut m’accuser d’être un thuriféraire de Ségolène Royal, car je n’ai pas toujours apprécié ses déclarations et son style. Mais je dois m’incliner devant son courage et son parler vrai qui tranche avec l’eau tiède habituelle des porte-parole de François Hollande. Il faut enfin que quelqu’un se rebelle et tout le mérite lui en revient. Il règne en effet une sorte d’omerta sur les raisons profondes de la hargne du candidat qui a peur de ne plus être président et de bien de ses sbires. La trouille ? La facilité ? La complicité ? Nul ne le sait véritablement et de toutes les manières il faut briser le consensus mou qui règne… Quand Sarkozy, avec morgue, a renvoyé Laurence Ferrari dans les cordes, en la menaçant devant des millions de téléspectateurs sondés, pour avoir osé une esquisse de question sur le financement de sa précédente campagne, peu de voix se sont élevées pour souligner le germe du caractère quasiment fascisant de cette algarade !
« Plusieurs sites Internet affirment que le colonel Kadhafi aurait financé votre campagne en 2007, est-ce que c’est vrai ? » avait demandé Laurence Ferrari au candidat Sarkozy en direct sur TF1 durant l’émission Parole de candidat. « Et bien, dites moi, s’il l’avait financée, je n’aurais pas été très reconnaissant… », avait rétorqué le candidat UMP à la présidentielle. « Son fils, Seif al-islam, affirme que vous avez reçu de l’argent de la famille Kadhafi » a insisté la journaliste de TF1. « Une référence morale sans doute, a rétorqué Nicolas Sarkozy. Je suis désolé pour vous que vous soyez la porte-parole du fils de Kadhafi. Franchement, je vous ai connue dans un meilleur rôle. Monsieur Kadhafi, qui était connu pour dire n’importe quoi, avait même dit qu’il y avait des chèques. Et bien, que son fils les produise. C’est grotesque et je suis désolé que sur une grande chaîne comme TF1, on doive m’interroger sur les déclarations de monsieur Kadhafi ou de son fils. » Ah! ça change, quand les questions ne sont pas transmises d’avance comme le veut une mauvaise habitude médiatique !
Laurence Ferrari avait alors lancé au chef de l’État en campagne, qui ne l’oubliera pas : « Toutes les questions sont posées ce soir ». « Je les accepte toutes, mais toutes les réponses sont audibles. Quand on cite Monsieur Kadhafi, qui est mort, ou son fils qui a du sang sur les mains, qui reprsente un régime de dictateurs et d’assassins dont la crédibilité est zéro, et quand on reprend à son compte leurs questions, je pense que l’on est assez bas dans le débat politique », a conclu Nicolas Sarkozy sur ce sujet. Il a seulement oublié le coût pharaonique du sommet de la Méditerranée, où il avait couvert de titres et d’éloges les ben Ali, Moubarak ou Kadhafi et dont on n’a jamais plus entendu parler ! Une réussite sans pareille qui donne toute crédibilité à ses propos.
Et bien Ségolène Royal a eu le courage de mettre les points sur les « i » ! Calmement, fermement et surtout clairement. Elle a simplement dit la vérité : le président sortant craint de perdre son poste, et l’immunité présidentielle qui le protège contre les affaires de «corruption qui ont émaillé ces cinq années». Et il le sait fort bien quand il joue les vierges effarouchées : « A ma connaissance, je n’ai pas été condamné ou mis en examen… », avait-il également déclaré, alors qu’il sait bien que sa réponse était fallacieuse, puisqu’il bénéficie d’une immunité durant la durée de son mandat ! Quant à l’affaire Bettencourt, « y-a-t-il une preuve? ai-je été condamné? » avait lancé Nicolas Sarkozy face à Michel Field ! Facile, quand on constate combien de temps Chirac a pu tenir !
L’ex-candidate PS à l’Elysée, Ségolène Royal, a donc clarifié les choses en expliquant : « Il a peur de perdre, de la sanction des Français » ajoutant: « Il a peur parce qu’il va perdre son immunité présidentielle, et on connaît tous les problèmes de corruption qui ont émaillé ces cinq années ». Cette perte va, selon elle, « permettre à la justice de poursuivre un certain nombre d’investigations sur un certain nombre de problèmes ». Et la hargne, l’agressivité, la mauvaise foi ne font que commencer. « Il va falloir attendre que Nicolas Sarkozy ne soit plus président de la République pour que la justice puisse enquêter sur l’affaire de Karachi, sur ce que dit le fils de M. Kadhafi, qui aurait financé sa campagne électorale, sur l’affaire Woerth-Bettencourt, puisque de l’argent liquide aurait circulé », a poursuivi crânement Ségolène Royal. « Il est agité, agressif, lui et ses porte-parole. Les spécialistes du comportement, lorsqu’ils analysent ce comportement physique survolté, l’expliquent par la peur », a-t-elle affirmé.
« Regardez ce qui est arrivé à Jacques Chirac. Les emplois fictifs, c’était beaucoup moins grave, il a fallu attendre qu’il ne soit plus président pour que la justice puisse faire son travail », a relevé Mme Royal. Et Le Canard Enchaîné de mercredi dernier, à sa une, rappelle un étonnant palmarès dans « l’irréprochable légèreté de l’être ». Je cite : « Sous Sarko 1er, cinq ministres, pas moins, ont dû démissionner pour cause d’affaires. Du jamais vu sous la Vème République ». On peut y ajouter Hortefeux et les proches ! Ségolène a raison de clarifier ce que tout le monde pense mais n’ose pas dire ! C’est tout à son honneur !
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Anticor a été fondé, il y a une dizaine d »années, par des élus, il n’y en quasi plus ! (20% peut être) Après tout, c’est aussi bien. Et c’est avec zéro moyen que quelques succès ont été obtenus. On décrie beaucoup le système américain où les procs sont élus, où les class actions sont possibles (sauf contre les intérêts du complexe pétro-militaire) on a pourtant l’impression que l’on y plus conscient des dangers monopolistiques qu’en France. Leur gros défaut qui s’importe chez nous (voir transaction financière entre Chirac et Delanoe) c’est que les réparations financières sont censées compenser n’importe quel délit. Il y a eu très peu d’élus embastillés chez nous depuis Carignon et ce n’est pas parce que le pays vire, en apparence seulement, à gauche, que nous allons voir du changement dans la lutte contre une corruption bien organisée.
Bien de revenir sur l’intéressante intervention de Ségolène Royal hier à C politique mais, que pensez-vous du plus grand rassemblement politique organisé par une coalition de partis de gauche depuis très trés longtemps le même jour à la Bastille? Vous n’allez quand même pas nous la jouer à la Louis XVI qui avait écrit le 14 juillet 1789 sur son journal intime: rien!
Bah, Gilles, c’est pas grave, on a l’habitude….
Il n’y a pas que Sarkosy qui a peur! À chacun ses fantômes….