Voici le texte de la tribune libre publiée par le site Médiapart. Elle a été co-signée avec Denis Baupin (EELV) adjoint au Maire de Paris qui m’a précédé à la tête du club des Villes et Territoires cyclables
Le 26 janvier, le ministre des Transports, Thierry Mariani, et Philippe Goujon, député de Paris et maire du XVe arrondissement, ont annoncé en grande pompe un plan national vélo… sans moyens et sans réels engagements.
Certes, on aurait tort de sous-estimer la conversion qu’a nécessitée pour certains élus la seule reconnaissance du caractère positif du vélo comme moyen de déplacement. Il y a quelques années encore, M. Goujon n’hésitait pas à bloquer lui-même physiquement la réalisation de pistes cyclables dans son arrondissement !
L’évolution du discours est donc à saluer… Mais des annonces aux réalisations, il reste encore du chemin !
Certes, le ministre a confirmé des décisions acquises depuis plusieurs mois (fourniture du panneau tant attendu suite au décret de novembre 2010 autorisant le « tourne à droite » des vélos au feu rouge, surfaces minimales dans l’arrêté à paraître sur le stationnement des vélos dans les constructions à compter du 1er janvier 2012) mais, pour le reste, on nous propose de nous contenter de projets hypothétiques, de vœux et d’engagements d’études. Ainsi de l’indemnité kilométrique vélo, pourtant annoncée comme la « mesure phare » de son rapport remis par M. Goujon au Ministre des Transports, renvoyée pour la énième fois à une étude préalable. Et pour enfoncer le clou, le Premier ministre lui-même, n’a pas hésité à accompagner sa candidature aux Législatives à Paris d’un veto gouvernemental à l’un des principaux projets cyclables parisiens : la reconquête des berges de la Seine. A peine le « plan » était-il annoncé, que le chef du gouvernement montrait à quel point le vélo restait pour lui la dernière roue du carrosse.
En ce sens, c’est donc bien la continuité qui est à l’ordre du jour. Depuis 10 ans, les gouvernements successifs ont en effet repoussé toutes les propositions portées par les associations d’usagers du vélo, les collectivités impliquées dans des politiques cyclables ainsi que par les industriels du vélo, afin de développer une véritable politique nationale dotée notamment d’outils économiques (l’indemnité kilométrique vélo, une TVA réduite, la prise en compte du vélo dans le bonus/malus ou dans le chèque transport) indispensables pour reconnaître aux deux-roues non motorisés un statut au moins aussi favorable qu’aux autres moyens de déplacement. De même, a été stoppée net la démarche d’évolution du Code de la route vers un véritable Code de la rue (à l’image de celui qui existe en Belgique depuis 2004) pour une meilleure prise en compte des usagers vulnérables (piétons, cyclistes, personnes handicapées et âgées). Ou encore la demande d’une réglementation renforçant la capacité des conducteurs de poids lourds à bien appréhender l’ensemble des alentours de leurs véhicules afin de supprimer l’effet « angle mort », particulièrement mortel dans les centres villes, de même la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation de tous les usagers de la rue (cyclistes compris) aux comportements les moins risqués en ville. Sans parler des refus systématiques d’accroître les budgets consacrés aux aménagements cyclables (le Club des villes et territoires cyclables propose d’y consacrer 10% des investissements routiers), la mise en place d’itinéraires cyclables nationaux et internationaux, ou encore d’un marquage systématique des vélos (permettant notamment aux services de police de restituer les vélos volés récupérés).
Dans de nombreux pays européens, ces mesures simples sont en vigueur depuis longtemps et ont permis de faire du vélo un mode de déplacement à part entière, notamment en ville. Les avantages pour la collectivité sont nombreux : écologiques évidemment en réduisant les pollutions (gaz toxiques, effet de serre), sanitaires car l’usage régulier du vélo réduit les risques d’accidents cardiaques, de cancers…, sociaux en donnant un meilleur accès à la mobilité à ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une voiture, mais aussi économiques, à la fois en réduisant notre dépendance au pétrole et par le potentiel de dizaines de milliers d’emplois dans la fabrication, la vente, la location, la réparation et le recyclage de vélos.
Le succès de Vélib’ et de Vélo’v l’a montré : pour peu qu’on rende le vélo agréable et facile d’accès, nos concitoyens peuvent devenir des usagers réguliers ou occasionnels du vélo. En mettant en œuvre une véritable politique nationale vélo – là où aujourd’hui seules les collectivités agissent – on peut dorénavant joindre l’utile à l’agréable : au moment où le prix du pétrole ne cesse de croître, le vélo a sa place dans les réponses à la crise (au côté des transports collectifs, de la voiture partagée…) pour concilier industrie, emploi, mobilité et écologie.
Il est temps que l’État vole au secours du succès !
Denis Baupin,
adjoint au Maire de Paris chargé du développement durable,
de l’environnement et du Plan climat,
ancien Président du Club des villes et territoires cyclables (2004 à 2008)
et
Jean-Marie Darmian,
Président du Club des villes et territoires cyclables,
Maire de Créon (33),
Vice-Président du Conseil général de Gironde
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
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Quelle idée saugrenue et dévastatrice !
La promotion des déplacements à vélo au lieu de la sacro-sainte bagnole !
Et que fera monsieur de Margerie, si à l’avenir, il ne pouvait plus annoncer 11 milliards de bénéfices à ses chers, très chers actionnaires ?
Avez vous imaginé le tragique de la situation ?