La société ne se contente pas d’une seule version des vœux car, comme ils sont tous plus invraisemblables les uns que les autres, les émetteurs institutionnels les déclinent à l’envi. Sur papier, via SMS, grâce à Internet, de vive voix… les souhaits de bonne et heureuse année déferlent de tous les côtés. Souvent, c’est la même personne qui envoie avant, pendant et après une formule identique dont il ne connaît pas les effets, mais qui doit influencer le destin.
Pour éviter de culpabiliser sur des dépenses qui seraient jugées exorbitantes, certains achètent des supports « caritatifs » ou « humanitaires ». ils dépensent utilement puisque, plus ils envoient de cartes, et plus ils apportent des fonds à des associations ou des organismes institutionnels soulageant celles et ceux pour qui la notion même de…vœux du nouvel an n’existe pas !
En effet, il arrive pour l’immense majorité, que la différence d’une année à l’autre soit extrêmement mince et même elle peut être très négative. Eux ne se souhaitent rien ! Eux n’espèrent même rien ! Eux ne vivent pas d’un millésime à l’autre mais simplement d’un jour à l’autre, alors les vœux de bonne année, ils n’en mesurent véritablement pas l’intérêt.
En fait, en 2012, il faut avoir un certain courage pour oser prétendre que les lendemains ne déchanteront pas… alors il vaut mieux attribuer cette tâche à un système de prêt à penser qui permet un engagement personnel.
Quel que soit son expéditeur, la formule traditionnelle sauve les apparences, car elle confine à l’anonymat. Elle évite aussi qu’il y ait débat sur le penchant pessimiste ou optimiste de l’expéditeur. En effet, la période des vœux reste un exercice exceptionnel qui nécessite une grande prise de risque. Selon les propos que vous tenez, vous risquez le gibet ou le pinacle. Au moindre « parler vrai » dans une cérémonie des vœux, l’hôte appelle le lendemain la presse pour invoquer la « folie » de l’auteur de propos jugés incompatibles avec un rendez-vous où l’essentiel repose sur le buffet ! Votre « pessimisme » est stigmatisé car, bien évidemment, il n’y a que la vérité qui ne doit pas coller aux vœux. Vous ne vous voyez pas envoyer en des centaines d’exemplaires un message portant la mention « horrible et malheureuse année » alors qu’il est facile de clamer « bonne santé » quand les mutuelles sont saccagées, que les hôpitaux ne peuvent plus accueillir les urgences et que les rendez-vous demandent des mois, que les cliniques ou les spécialistes réclament la carte bleue et ignorent la carte Vitale et que les produits manufacturés vendus empoisonnent lentement ceux qui ne peuvent pas faire autrement que les acheter. N’écrivez pas et ne dites pas que les caisses sont vides et que si ça continue, les pensions seront rabotées pour gaver les banques, et que le travail deviendra un privilège.
Il faut souhaiter la « prospérité » à chacun, manière habile de rappeler que le « profit » reste la seule valeur sûre de 2012. Même celles et ceux qui ne bénéficient plus des minima sociaux ou qui deviennent passibles de 7 heures de corvée quasiment gratuites, doivent se coltiner un vœu de « prospérité » qui, il faut bien l’avouer est en voie de disparition, sauf parmi les habitués du Fouquet’s. Interdiction de mettre parmi ses souhaits, celui d’une société plus humaine, plus juste, plus partageuse car c’est d’un pessimisme incroyable ! Personne n’ose croire qu’en 2012 ce soit possible, vu l’état dans lequel l’UMP sarkoziste laissera le pays… et bien évidemment on ne peut pas, en souhaitant de la « prospérité », parler de la dette qui a miraculeusement disparu entre Noël et les premiers jours de l’an. Ce serait un vrai scandale que d’affirmer qu’elle est abyssale et que rien ne permettra d’arrêter un éboulement en série de tout un système qui repose sur l’exploitation profitable des défaillances créées par les exploiteurs.
En fait, pour ne pas être taxé de « pessimisme » exacerbé, il devient essentiel de ne parler de rien et de sortir des formules magiques usées par le temps, ne prêtant pas à conséquences. Par exemple vous pouvez abuser du mot « justice », puisqu’il ne veut plus dire grand chose. Il est optimiste pour celles et ceux qui en connaissent les arcanes et savent les exploiter, mais forcément pessimiste pour celle ou celui qui la subissent. Bannissez le mot « progrès » de tous vos écrits ou de toutes vos déclarations, puisque c’est un concept du passé qui ne signifie plus rien. Ce serait faire preuve d’un optimisme béat que de croire qu’en 2012 nous reprendrons le chemin vers la promotion sociale.
Dans vos formules, effacez la « paix » quand des soldats tombent dans l’indifférence sur des terres étrangères occupées, et que les guerres en cours se déroulent dans l’intérêt supérieur d’une démocratie que nous ne pratiquons qu’en apparence. Tirez un trait sur la « tolérance » et sur la « générosité ». C’est aussi idiot que de parler de « solidarité ». Croire en ces valeurs suppose une dépénalisation massive du cannabis et donc il faut inventer les cartes de vœux à fumer après lecture ! Alors que reste-t-il ? Après réflexion il vaudrait mieux simplement reprendre une formule du genre : « je vous souhaite d’avoir la force, l’intelligence et la volonté de construire votre propre destin au service des idées qui vous sont chères ! »
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Merci pour vos voeux sincères Monsieur Darmian
…« je vous souhaite d’avoir la force, l’intelligence et la volonté de construire votre propre destin au service des idées qui vous sont chères ! »
Ce qui est fort encourageant uniquement pour ceux qui ne compte plus que sur eux-même depuis longtemps.
Je vous aurais souhaité de la même manière, avec les même mots,
mes voeux les plus sincères, si j’osais.
Sauf que je ne peux m’empêcher d’entendre votre phrase de cette façon:
« Demmerdez-vous » !!!
J’ai cru un moment que c’était mauvais esprit de ma part, ne pouvant douter de votre engagement journalier au service d’une communauté.
Jusqu’à ce que je comprenne que le sens de cette traduction littérale n’est autre qu’un message de résistant.
« les carottes sont cuites, les français, ce qu’il en reste, parlent aux français »…
Que chacun n’attende plus rien d’une Nation vendue au plus offrant.
L’heure est au travail sournois pour simplement survivre, et à l’entraide risquée, puisqu’il ne sert plus à rien de faire confiance aux actions engagée au grand jour.
Je vous souhaite donc, Monsieur, ceci, et à Paulette aussi:
« que toutes les pistes mène nos vélos à la même gare »
Sincèrement
X
excusez, le français tenant à coeur à vos lecteurs
« …ceux qui ne compteNT plus que sur eux-… »
Sarko s’est très bien débrouillé avec ses voeux annonçant la mise en oeuvre en 4 mois de ce qu’il n’a pas eu le temps de faire en 4 ans…..
– la relance: ah bon, les banques sont d’accord ?
– taxer les transactions financières: ah bon, l’Europe est d’accord ?
– formation « obligatoire » pour les chômeurs: ah bon, Pôle Emploi est prêt ?
– la TVA « sociale »: ah bon, la Sécu est morte ?
C’est pas des voeux ça, c’est un programme de campagne, à droite toute et chacun pour soi !!!!
À voir ceux d’Hollande ce soir, pas mieux fournis je le crains….
http://www.placeaupeuple2012.fr/sarkozy-declare-la-guerre-aux-salaries-pauvres-precaires/
Merci pour vos vœux,
L’année 2011 s’est achevée au mieux pour les banksters, ils ont déposé 452 milliards d’€ d’actifs pourris contre 489 milliards de crédit à 1% qu’ils vont proposer aux pays européens à 5, 6 ou X% et à 6, 7 ou X % aux entreprises et particuliers. Les mêmes banksters qui refusent les prêts relais aux caisses autonomes de retraites ( SNCF) et aux entreprises.
Je vais donc souhaiter pour 2012 la fin du monde… financier !
Bonne année tout le monde ( sauf aux banksters).