La mutation qui met à bas des prévisions en trompe l'oeil

Il va falloir très rapidement se rendre à une évidence : la consommation, telle que nous l’avons pratiquée et connue, va être bouleversée par les événements actuels. Le phénomène prendra une ampleur particulière dans les prochains mois, et risque de bouleverser les plans sophistiqués de relance. Le mouvement prend de l’ampleur : une économie parallèle s’installe dans tous les secteurs, et ce phénomène contrariera, c’est évident (sauf pour le gouvernement), les rentrées prévues de ressources fiscales (TVA, taxes diverses), car les gens vont vite trouver des systèmes légaux pour les contourner.
D’abord, avec une mutation du principe de la possession, qui ne constituera plus la référence en matière de réussite sociale. Elle restera dans l’esprit des gens qui pourront encore financièrement se permettre d’acheter pour des usages exclusifs révélateurs, selon eux, de leur niveau de vie. Dans tous les pays touchés par la crise, on a déjà largement abandonné cette attitude, par obligation, puisque les ressources ne permettent plus aux classes moyennes des achats via le crédit. On se dirige de plus en plus vers des utilisations ponctuelles, liées à un problème ou une envie spécifique, qui se règlent sans que l’achat devienne obligatoire.
Ensuite, il faut admettre que des nouvelles formes d’échanges ont vu le jour durant la dernière décennie : les vide-greniers se sont transformés partout en vaste cimetières de la consommation outrancière. En inaugurant, il y a peu, une vaste « recyclerie » en Gironde (400 clients le jour de l’ouverture), j’ai été convaincu que bientôt ce type de « supermarché » remplacera les nombreux magasins de dépôt vente. Dans tous les domaines, « l’occasion » commence à prendre un créneau important dans la consommation familiale, et échappe ainsi à tout le système de collecte de fonds lié au système des taxes (une trentaine, créées par le gouvernement UMP depuis 5 ans). En Grèce par exemple, il est vain, comme l’imaginent les grands penseurs du FMI, d’envisager un redressement du pays basé sur des rentrées indirectes de fiscalité. C’est l’erreur idéologique phénoménale du gouvernement français actuel, qui base ses budgets sur des collectes fiscales liées à la consommation, alors que toutes les tendances démontrent une volonté croissante de ne plus « acquérir » mais « d’accéder ».
Les opérations via Internet explosent et le succès des sites sur lesquels on vend et on achète, sans passer par le biais des contraintes fiscales, se multiplient. Aucune rentrée pour l’État dans ce système, qui permet parfois à des foyers de « vivre » en combinant les expositions dominicales dans les brocantes, et des affaires repérées et exploitées via le net. La revente (on aura de multiples reportages après les fêtes sur ce sujet), les achats groupés, les enchères, les échanges de lieux privés pour les vacances…. commencent à envahir le quotidien des classes moyennes. Qui n’a pas dans son environnement un proche ayant déjà eu recours à des achats via ces sites, ou dans une surface de dépôt-vente, ou dans un vide grenier ? On n’osait pas, dans les classes moyennes, car on avait « honte » de ne pas être au top en matière de produits acquis. Mais les temps changent…
Enfin, il reste le système institutionnel, qui tend de plus en plus à offrir des « accessibilités » à un outil ou à un bien, sans que l’on n’ait à en assumer en permanence le coût d’achat et d’entretien. La plus récente illustration, même si elle est perfectible, en est le système « Autolib’ » parisien, qui vient après tous les autres systèmes de vélos en libre service.
Ce n’est peut-être pas encore une révolution, mais c’est déjà un phénomène qui reflète une modification des comportements. Qui aurait imaginé qu’un jour nous renoncerions à avouer que nous n’avons plus une sacro-sainte bagnole, pour utiliser, quand le besoin existe, une automobile communautaire ?
La défiance à l’égard du système marchand classique a créé un nouveau comportement chez le consommateur : c’est indiscutable ! Face à la baisse du pouvoir d’achat, il fait de plus en plus souvent appel à la débrouille, à la combine, à l’échange, préférant de plus en plus choisir « l’utilisation des biens » avant leur « possession aux conséquences coûteuses ». Comme en France la relance ne passe que par la consommation directe intérieure, et que tout le système des taxes masque une véritable volonté politique de rétablir un véritable impôts progressif équitable sur tous les revenus, on va vers des désillusions en matière d’équilibre budgétaire.
Cette nouvelle économie porterait déjà un nom : la « consommation collaborative » qui est considérée, en plein crise, comme l’une des dix idées qui pourrait bien changer le monde. Elle est en phase avec les nouvelles attentes du consommateur, et oblige les entreprises classiques à réinventer leur mode de distribution. Ce nouveau genre de consommation « va bouleverser l’offre des acteurs économiques », affirme un sociologue (Robert Rochefort), fondateur du tout récent Observatoire Consommation et Société. Robert Rochefort imagine, en effet, un avenir dans lequel les industriels, qui sont censés vendre leurs produits, proposent eux-mêmes des systèmes alternatifs : « C’est déjà le cas pour les photocopieurs. Pourquoi pas pour les machines à laver à domicile, qui pourraient être facturées au temps d’utilisation ? La généralisation d’un tel mode de consommation est souhaitable, car les industriels, passant de la vente à la location, prendraient à leur charge l’entretien du bien consommé. Ils auraient ainsi tout intérêt à fabriquer des produits plus durables, conciliant de manière efficace les attentes des consommateurs et les contraintes dues à la raréfaction des ressources naturelles. Mais le système capitaliste va tout faire pour le museler !
Chronique écrite avec comme réference l’article suivant :
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=%C3%A9conomie%20collaborative&source=newssearch&cd=1&ved=0CDAQqQIwAA&url=http%3A%2F%2Ftempsreel.nouvelobs.com%2Feconomie%2F20111128.OBS5480%2Fl-emergence-de-la-consommation-collaborative.html&ei=JcDkTpyzBZCLhQeB9YjYAQ&usg=AFQjCNHtz2H6eBwz6KqMXov9RRS_CD2EdA&sig2=XB3NozumsLnUsYeh4NlgtQ

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Cet article a 4 commentaires

  1. J.J.

    Durant la « dernière » (39/45) , pour manger vivre et survivre, toutes sortes de systèmes avainet été mis au point par les particuliers, le célèbre Système D.

    Et effectivement on a survécu (à condition de ne pas se prendre une bombe ou une balle, pas perdue pour tout le monde…).

    Nous sommes en guerre économique depuis longtemps, les effets sont au début moins visibles que dans une guerre classique, mais ils commencent à se faire sentir.
    Il faudra bien nos débrouiller.

  2. batistin

    J’ai la peau blanche, mais « j’ai fait un rêve », éveillé.
    Une tribu humaine en voyage sur un magnifique bateau bleu, à la coque presque ronde, voyageant sur un océan immense.
    Chaque île croisée n’offre rien d’autre que le plaisir savant de pouvoir enfin fixer son regard sur un caillou, ce qui repose d’avoir toujours les yeux plissés devant l’immensité.
    Ce qui n’entame en rien le moral de l’équipage, vu que le bateau est équipé, c’est merveilleux, d’un système fort bien pensé pour produire et reproduire en vase clos de quoi nourrir toute la tribu !
    Un rêve à la portée de tous les aventuriers du Kon Tiki
    http://www.youtube.com/watch?v=gGooopCTmpg

    Sauf les chefs de la tribu que nous allons être, bien malgré nous, obligés de jeter par dessus bord, vu qu’ils passent leur temps à se mettre des baffes entre eux et à se faire des farces idiotes, ce qui nous empêche de rêver tranquille.
    Ces derniers temps, ils ont même été jusqu’à imaginer, par pure méchanceté enfantine, de faire plein de trous dans la coque.
    Mais ce ne sont pas des enfants, et un voyage en solitaire dans l’immensité leur ferait le plus grand bien.
    Ils finiront bien, comme les pirates d’autrefois à qui l’on offrait par compassion une chaloupe de bord pour y tenter l’aventure, par trouver un caillou à leur taille pour y exercer leur petits jeux.
    Il est des décisions fort difficile à prendre pour celles et ceux qui, comme moi épris d’humanisme, se refusent à la violence infligée à ses frères matelots.
    Mais, si un fada met une baffe à mes gosses, il est bien possible que je me force à une action définitive.

  3. facon jean françois

    Il y a plus de 60 ans un certain abbé Henry Grouès inventait la plus grande recyclerie de France baptisée Emmaüs (organisation laïque de lutte contre l’exclusion). Premier écologiste véritable, l’abbé Pierre inventait aussi le premier système de réinsertion des rejetés d’une société pas encore de consommation… Aujourd’hui à la lumière crue de la crise, on réinvente l’eau chaude et les mélanges! l’objectif premier de ces faux novateurs c’est de faire du pognon sur le dos de ceux qui ne peuvent plus suivre le rythme effréné de la consommation à outrance. Très bientôt, les géants du déchet vont investir ce marché au grand bénéfice de leurs actionnaires.
    En 1949 la rencontre avec George, désespéré qui a perdu toute raison de vivre, et à qui l’abbé Pierre demande  » Viens m’aider à aider « ,marque le véritable acte fondateur du Mouvement Emmaüs.
    Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériels et d’objets de récupération et construisent des logements :
    « Emmaüs, c’est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d’hommes broyés. »
    Les crises et les guerres avec leurs défilés de malheurs, permettent aussi l’émergence de nouveaux projets et la révélation d’hommes et de femmes exceptionnels, partant d’idées simples et utopiques, ils (ou elles ) construisent le futur.
    C’est de ce rétablissement salvateur dont nous avons besoin.

  4. Michel d'Auvergne

    La crise, la vraie, arrive, elle n’est pas que financière ! On retrouvera forcément un peu de solidarité, on sera sans doute privé de tomates en plein hiver et condamnés à consommer de saison, déjà à ce propos avec les AMAP on redécouvre les vertus des circuit courts des maraîchers et petits producteurs à nos portes, par la force des choses on enfourchera plus souvent l’outil cher à Jean-Marie: le vélo… Beaucoup de choses vont changer, Les talonnettes ne suffiront peut-être plus pour être à la hauteur !

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