Il existe un art et mille et une manières pour s’installer dans une campagne électorale. La plus simple consiste, quand vous êtes installé dans la majorité nationale, a faire le maximum pour briller médiatiquement dans les derniers mois précédant la date de la réélection, en utilisant les moyens mis à votre disposition par l’État. Le soutien « forcé » ou « consenti » de l’ensemble de l’appareil étatique constitue d’abord la première recette. A tous les échelons de la haute fonction publique, on va, beaucoup plus que ne le feraient les élus eux-mêmes, consacrer toute son énergie à préserver l’avenir de celle ou celui qui vous a installé dans votre fonction. Le système américain du fameux « spoil system » a ceci de bon, c’est qu’il ne trompe pas sur la réalité. Les « collaborateurs » plient bagage avec leur mentor, le jour où ce dernier perd son siège.
En France, beaucoup changeront benoîtement de camp, sur la base du principe qu’ils ne sont au service que de la… « majorité » quelle qu’elle soit, par respect pour le verdict du suffrage universel. En fait, il faut s’attendre, à gauche, à avoir aux présidentielles puis aux législatives une armada sarkoziste qui va œuvrer pour « broyer du socialiste ».
C’est d’ailleurs parti en de nombreux endroits ! La « neutralité » ne repose que sur des sourires de circonstance ou sur de fausses confidences, destinées à faire avaler la pilule, mais dans le secret des réunions, on bosse sur les moyens destinés à « vendre » de l’effet d’annonce majoritaire. On tente de chercher les failles dans le camp adverse pour, au bon moment, dégainer des infos irrémédiables. Bien entendu, il est impossible de monter de telles opérations sans avoir le soutien inconditionnel des « gens payés pour collecter ce type de renseignements généraux ». Le réseau UMP a été soigneusement démonté pour être désormais, et c’est la grande différence, remplacé par un réseau sarkoziste. Il subsiste encore à l’intérieur de l’État quelques poches de « non inconditionnels », qui ne tiendront pas jusqu’aux fêtes de fin d’année ou à la fin janvier. Pour eux, ce sera le placard ou le ralliement.
Il faut, pour bien comprendre la manière d’agir, prendre un exemple concret. Un ministre de l’agriculture se déplace en Gironde…pour annoncer aux viticulteurs qu’il les a compris et que, bien évidemment, tout va pour le mieux. Jusque là, rien d’anormal, sauf qu’il va se « produire » dans une cité dont le premier magistrat a annoncé la veille sa candidature aux législatives, et face à…un auditoire trié sur le volet, avec syndicalistes compatissants et militants UMP patentés. Bien évidemment, un malencontreux oubli fait que la Députée socialiste de la circonscription contre laquelle se présentera l’hôte complaisant a été oubliée. Enfin presque, car il lui faut téléphoner en Préfecture pour apprendre que « bien évidemment elle était invitée » et qu’on « ne comprend pas pourquoi elle n’a pas été prévenue ». Bizarre, bizarre… car si elle ne s’était pas manifestée sa place serait restée vide.
En revanche, un sénateur UMP avait été invité, et le député UMP voisin s’est imposé à la table ronde, strictement inutile car tenue entre gens de bonne compagnie. Ce qui compte : que demain le vent des moulins à paroles porte de fausses annonces, comme ce fut le cas 48 heures plus tôt avec la même opération ayant réuni un trio Juppé-Longuet-Le Maire. Au fait, pourrait-on poser une simple question : combien ont coûté deux déplacements ministériels sur Bordeaux, à quelques heures d’écart, du Ministre de l’Agriculture ? Sera-t-on vigilant pour les intégrer dans les comptes de campagne de son contempteur local, qui a annoncé la veille sa candidature UMP aux législatives ?
Remarquez que l’exemple vient du sommet, où tout semble autorisé. A raison de deux voyages provinciaux hebdomadaires payés par les contribuables, le Chef de l’État va haranguer ses troupes, en sachant fort bien que personne ne pourra le contredire, qu’il bénéficiera, en pratiquant l’outrance, que les médias relaieront, des affirmations péremptoires présentées comme des vérités non politiciennes car déversées dans un contexte de « guerre ». En fait, on revit la précédente campagne présidentielle, durant laquelle un ministre de l’intérieur, secrétaire général d’un parti et accessoirement candidat avait, sans vergogne, exploité le système. Et tout va s’accélérer avant les fêtes, pour détourner au maximum l’attention sur les dangers réels qui menacent le quotidien de tout le monde.
Quelques amuse-couillons sur le salaire des ministres, sur le trop grand nombre d’élus locaux bénévoles, sur les facettes d’une rigueur qui ne porte pas son nom, et on oubliera que des millions d’euros ne serviront qu’à bafouer les équilibres politiques républicains. En plus, des centaines de fonctionnaires, espèce en voie de disparition pour une grande part d’entre eux, et en voie de sarkosiation pour le reste, vont ajouter leur contribution à ces détournements de moyens.
Le bal des faux-culs a débuté. La valse des crédits promis sans lendemain aussi. L’accaparation des efforts des collectivités locales au bénéfice des gouvernants aussi. L’habillage factice des capacités inexistantes de l’État suivra. L’occultation des résultats réels des réformes sera renforcée. La diversion va s’institutionnaliser. La communication partisane se débrider. Et à gauche, il faudra faire confiance dans la conviction, la persuasion, l’éducation, pour éviter que l’important ne soit que participer !
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oui Jean Marie, tu as raison, malheureusement.
Des millions d’euros sont dépensés sur les crédits d’état, donc sur le dos des contribuables, corvéables à merci, afin de parcourir le pays pour une campagne électorale déguisée et non officiellement déclarée par les gouvernants actuels.
Après avoir déclarée la guerre aux fraudeurs des prestations sociales, on se sert de l’argent public pour entrer en campagne non officielle!! La plus grande fraude vient du chef de l’état lui-même!!
Robespierre disait: » Jamais les maux de la société ne viennent du peuple mais du gouvernement « .
En réalité, et cela est peu connu du grand public, le budget Communication
du Ministère de la Culture et de la Communication
sert en fait la « promotion », ou pour être moins politiquement correct, la « propagande » de monsieur ou madame le Président de la République de France.
On commence en douceur par la représentation de la France à l’étranger en passant par la francophonie, puis les journées du Patrimoine, autant de bulletins de vote putatifs et puis… le reste m’échappe… ou je n’ose le penser.
Quand le financement des campagnes électorales des futurs candidats à la présidence est sous haute surveillance, il serait de bon ton, et par esprit de corps, que les artistes de rue, pour faire court, se lèvent pour récupérer leur tunes !
Avec les couillonnades conceptuelles qui sont achetées par les musées nationaux, à en moyenne 20 000 euros la chaise ou la brouette accrochée au mur, le public n’y voit que du feu !
A mon sens l’art conceptuel n’est qu’un livre de recettes et c’est l’acheteur qui fait la cuisine, mais peu importe la qualité des oeuvres, elles ne sont bien souvent que la justification nécessaire à une valeur marchande…
Mais là n’est pas mon propos, le travail d’artiste est soumis à la cotation, comme le riz, et en ce moment le marché de l’art se porte très bien.
Les oeuvres d’art ne figurant pas au registre des richesses imposables, tous les artistes morts et trois ou quatre vivants font le bonheur des marchands.
Ce que je veux souligner ici
c’est que le Ministère de la Culture et… de la Communication existe, malgré le peu de cas qu’en font la majorité des électeurs dans leur discussions enflammées.
Hors, ce ministère (aujourd’hui monsieur Frederic Mitterand en est le Ministre) sert de fourre tout et son budget est en grande partie voué à la Communication plutôt qu’a la Culture.
L’intermittence du spectacle est financée par les assedics (pole emploi) et sert surtout à payer les employés de la Télévision privée et nationale.
Le budget Culture finance lui quelques théâtres et quelques achats « théâtraux » d’oeuvres, à des prix astronomiques basés sur la « cotation ».
Mais cela laisse la part du lion à l’autre versant du ministère, la Communication !
Pour la gloriole, la Communication est le devoir que s’est fait l’Etat de laisser rentrer gratuitement le bon peuple dans les dorures Elyséennes pour les journées du Patrimoine, l’accès à prix réduit dans les musées, la fête de la musique…
Que des actions de démocratisation de l’art qui ne coûtent pas un rond.
Action difficile à entreprendre quand il s’agit de faire comprendre à une bande de jeunes en mal d’inspiration qu’une brouette mal lavée vaut vingt mille euros, mais passons, c’est là le travail du Ministre.
Le notre consiste à revaloriser le travail manuel !
« Le tour de main est un tour d’esprit qui vient du coeur. »