Cette Europe, c'est plus que jamais non !

Lorsque l’on p arle de l’Europe, dans une réunion entre électrices et électeurs de Gauche, on sent flotter une gêne. Personne n’ose rappeler quelle a été sa position sur le Traité européen. Il y a la catégorie des gens qui veulent absolument oublier leurs prises de position favorables au fonctionnement proposé des institutions. Il sont atteints de la maladie chiraquienne ressemblant à de l’amnésie politique. En ce qui concerne la Banque centrale européenne, et son indépendance réputée indispensable au maintien de la solidité de l’euro : c’est l’oubli total ! Si on parle de l’harmonisation sociale, il y a un trou de mémoire. Quand on cause du rôle du Parlement européen, on n’en parle plus… La « fameuse concurrence libre et non faussée » n’a plus d’adeptes. En fait, les événements ont donné raison à celles et ceux qui, comme moi, se sont battus contre ce document ultra libéral, constituant un espace économique inégalitaire favorable au monde du profit, mais dangereux pour les Peuples. Maintenant que la machine à broyer les plus démunis est partie, elle va s’accélérer dans une sorte de folie destructrice dont on ne mesure pas les conséquences.
Ainsi, les grandes associations caritatives françaises ont appelé avec angoisse les dirigeants européens à sauver le financement de l’aide alimentaire européenne et à « ne pas abandonner » les 18 millions de pauvres. Comme sur le sauvetage de l’euro, contrairement au renflouement des banques, les ministres concernés sont restés insensibles. La France n’a plus aucun poids dans cette Europe, dominée par les « petits » pays en situation sociale inférieure aux autres.
Sans un déblocage rapide de la situation, « une catastrophe humanitaire » menace l’Union européenne dès 2012, ont de nouveau alerté les Restos du Cœur, la Croix-Rouge française, la Fédération des banques alimentaires et le Secours populaire. Ce n’est pas une prévision pessimiste, mais un simple constat, car en plus, l’État se désengage massivement de sa propre responsabilité consistant à aider, par exemple, les associations caritatives évoluant dans le secteur social des SDF. L’abbé Pierre va faire des bonds dans sa tombe car le Préfet de la Gironde vient de signifier au Diaconat de Bordeaux qu’il supprimait la part des subventions relatives aux repas distribués dans ses foyers !
« Les problèmes de carences alimentaires, de déséquilibre nutritionnel, risquent de réapparaître en Europe, pour la première fois depuis l’après-Guerre », a prévenu le président des Restos du Cœur.
Créé en 1987, le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) permettait de financer, sur le budget de la Politique agricole commune (PAC), l’aide alimentaire aux 18 millions d’Européens pauvres dans 19 des 27 Etats membres. Son avenir est en effet désormais très compromis, car il ne faut pas entraver la « concurrence ». . Suite à une décision de la Cour de justice européenne, la Commission européenne a annoncé en juin une baisse de 80% de son financement pour 2012, à 113 millions d’euros contre 480 millions prévus initialement. Il risque même de disparaître totalement en 2013.
Après plusieurs rencontres pour tenter de résoudre cette crise, les ministres de l’Agriculture n’ont, une fois de plus, pas pu se mettre d’accord jeudi à Luxembourg: six Etats (Allemagne, Suède, Royaume-Uni, Danemark, République tchèque et Pays-Bas) ont bloqué le maintien du PEAD, considérant que son financement ne devait plus relever de la PAC, mais de budgets sociaux gérés par chaque État… et on sait que le nôtre n’a plus un euro à mettre dans ces politiques. Alors, on voit déjà venir le coup : le Conseil général va devenir, une fois encore, le seul recours, au nom de sa compétence solidarité, car c’est devenu l’habitude !
Après ce nouvel échec, les quatre grandes associations françaises bénéficiaires du PEAD en ont, pour la première fois, appelé aux « chefs d’État et de gouvernement européens » pour qu’ils « n’abandonnent pas les plus pauvres ». Elles auraient dû rappeler que le Traité européen laissait entrevoir cette disposition, et que dans le fond, c’est d’une froide et implacable logique !
En France, troisième pays bénéficiaire des fonds européens derrière l’Italie et la Pologne, le PEAD représente 23% à 55% des denrées collectées par les associations. Mais si son budget fond à 15 millions d’euros, contre 78 millions précédemment, les associations risquent de manquer de denrées dès les premiers mois de 2012. Sur l’ensemble de l’année, 130 millions de repas, sur les 440 millions actuellement distribués, pourraient ne plus l’être… et un nouvel hiver 1951, renforcé par une crise alimentaire, pourrait intervenir. Les banques alimentaires à sec. Les lieux de vie fermés. Les arrêtés anti-mendicité ou anti-fouilles dans les poubelles comme c’est le cas à Nogent sur Marne, ville cossue, dans laquelle le Maire UMP a expliqué avoir pris cette mesure « pour des motifs de santé et de tranquillité publiques » et qui prévoit une période probatoire de 3 mois à l’issue de laquelle les contrevenants s’exposent à une interpellation et à une amende de 38 euros. Il a précisé que le glanage sur les marchés restait autorisé (ouf !). A la Fédération française des banques alimentaires (FFBA), on compte donc plus que jamais sur…la générosité des Français lors de la grande collecte des 25 et 26 novembre, pour construire des stocks qui permettront de faire face à la pénurie annoncée pour début 2012.
L’Europe oublie aussi que, chaque jour, elle étrangle par ses mesures financières d’autres pays où la crise frappe le plus fort, comme en Espagne, en Grèce ou au Portugal. Là, les gouvernements risquent de refuser de débloquer des fonds pour… respecter leur niveau de notation par Standard § Poors. Au fait « poors » ça veut dire quoi en anglais ? Tout simplement pauvres. Alors tout n’est pas perdu !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Nadine Stalker

    Pourquoi début 2012 ? La pénurie est déjà là!
    Ici, la Banque Alimentaire manque de tout et les Restos du coeur se demandent pourquoi ouvrir s’ils n’ont rien à donner. Faut dire que le Conseil Général de Mr Hollande ne brille pas par sa générosité… Donc, pas de relai!
    Ils évoquent une pénurie de stock alimentaire due à la sécheresse; c’est faux, les stock sont mal répartis et mal gérés, c’est tout!!!
    Cette Europe-là me fait vomir.

  2. nicole Musset

    Nadine ,vous dites avoir envie de vomir sur l’Europe!.certain que le partage n’est pas équitable!certain que la société européenne fabrique de la pauvreté….mais sachant ça ,nous devons lutter pour un meilleur équilibre et agir.Si nous nous replions sur nous meme ne croyez vous pas que les sources de conflit ne reviendront pas pour détruire ce qui a été fait.Evidemment sans un gouvernement unique qui parle au nom de l’europe ,sans un federalisme qui nous permettrait d’unir véritablement nos forces et lutterait plus efficacement contre le pouvoir du marché ;l’Europe se montre faible et peu solidaire.Notre avenir est d’abord l’EUROPE afin d’exister dans le monde…….

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