Il faudra bien un jour que la société se penche sur le fonctionnement médiatique. Certes, s’attaquer à ce qui est considéré comme le cinquième pouvoir devient extrêmement dangereux, mais c’est devenu indispensable. Depuis quelques semaines le traitement de l’information devrait largement préoccuper les penseurs, bien que ceux-ci soient souvent tributaires, pour leur casse-croûte, des médias. Le système s’auto nourrit, s’auto congratule, s’auto récompense, s’auto protège, s’auto valorise.
Les plateaux des télévisions qui comptent ne sont que des boites à cirage, entre amis qui ne s’affrontent jamais, pour la bonne et simple raison qu’ils vivent sur le même fromage : l’opinion dominante. Ils construisent un monde abstrait, déconnecté du terrain, et surtout respectueux des codes de bonne conduite qui veulent que l’on s’affronte dans des combats de catch verbaux, sans risque pour les uns ni pour les autres. Les potes viennent faire une « pige » que l’on appelle à la télé un « ménage », ce qui illustre parfaitement la réalité du boulot. Dans une année, il serait intéressant de vérifier combien d’invités différents ont reçu les grandes émissions de débats, et que l’on établisse un palmarès des … bonnes à tout faire du PAF. On constaterait que le nombre des « invités » est beaucoup plus réduit qu’on le pense.
Une douzaine de « je sais tout » bronze sous les sunlights, tantôt pour commenter l’actualité des autres, mais aussi pour vendre leur prose ou leur canard plus ou moins boiteux. A propos de canard, combien de fois avez-vous vu un journaliste du… Canard Enchaîné venir parler des sujets traités ? Avez-vous vu l’un d’entre eux pour commenter une info publiée un mercredi et dont se servent ensuite abondamment les autres ? Avez-vous remarqué que les journaux ou les magazines ne sont représentés que par des « vedettes » de la plume qui nourrissent une haine particulière pour tous les médias émergeants marchant sur leur territoire des vérités toutes faites ? Les Duhamel, July, Apathie, Giesbert, Joffrin, Barbier… se considèrent comme les oracles du XXIème siècle, sauf qu’ils cautionnent un système manipulé par les cellules de communicants planqués dans les palais de ce qu’il reste de la République. Ils savent fort bien que leurs auditeurs, leurs lecteurs sont manipulés par des plans de com’ habilement montés, mais qu’ils ne prennet même pas la peine de démonter !
Prenons l’exemple de cette semaine pour que vous soyez de celles et ceux qui mesurent la vanité de la démocratie telle qu’elle fut pensée. Lundi : le Chef de l’État Français convoque la presse qui compte pour lui demander d’explqiuer au bon peuple qu’il est courageux, intelligent, subtil et surtout soucieux de son bonheur éternel. Pour y parvenir, il a accentué la dette de la France en appelant un « grand emprunt » destiné à effacer les méfaits de cette vilaine crise qu’il a combattu de ses petites mains de talentueux économiste.
Acte 1 : Allez, ne cherchez pas, vous avez le résumé d’une conférence de presse truffée d’effets d’annonce, n’ayant aucun effet avant cinq ou dix ans sur la situation du pays. Mais peu importe. L’essentiel était d’être présent lundi soir à la une des journaux télévisés complices, pour simplement atténuer l’impact de l’annonce de sa candidature par Martine Aubry. En plus, la presse quotidienne reprendra la liste des promesses demain matin, avec des investissements irréalisables mais flamboyants. Aucun Chef de l’État n’a fait une conférence de presse un lundi en juin… car on sait bien que c’est, en communication, le plus mauvais jour, et en juin, le Peuple a la tête ailleurs !
Ses propos lui ont simplement permis, par avance, de répondre au discours de Martine Aubry dont il est facile de deviner qu’il mettra l’accent sur les échecs patents de la politique économique sarkoziste ultra libérale, de la paupérisation du pays, de la chute du pouvoir d’achat… et il a martelé que, grâce à ses dons de chef de guerre contre le Peuple, il n’avait pas avantagé les nantis. Il a devancé les critiques, afin de démontrer, avec le soutien, des rédactions, que les propos de Martine Aubry sont honteusement surannés et idéologiques. Lui, il est dans le concret (sa référence au rapport de la Cour des comptes sur la dette est proprement scandaleux) alors qu’elle ne fera qu’aggraver une situation qu’il a mis tant d’énergie à rétablir !
Acte 2 : De l’Elysée partent des fuites organisées. Madame Lagarde serait nommée mardi au FMI. Un pur hasard. Mardi, il y aura non seulement des minutes sarkozistes aux journaux télévisés mais aussi des pages dans les quotidiens, et on y ajoutera la « promotion d’une femme que le monde nous envie ». Ce n’est pas comme cette Lilloise d’un autre temps, porteuse d’idées dépassées que le monde entier refuse, et surtout bien moins représentative sur la planète pour le bon Peuple, que l’élégante Lagarde qui va parler, elle, de New-York, et qui rassure Wall Street. Cette annonce sera suffisante pour réduire l’annonce de candidature aux primaires du Maire de Lille à un événement attendu, sans importance particulière pour la presse et les journalistes, qui ne se poseront pas la question de savoir si ces faits sont fortuits ou organisés. Ce n’est pas leur travail !
Acte 3 : Mercredi, le Chef de l’État effectuera un remaniement du gouvernement qui a héroïquement conduit la France à la ruine, pour que le soir et le lendemain on oublie Martine Aubry. TF1 diffusera l’un de ses fameux micro trottoir pour faire peuple. Regardez bien les choix (âge, apparence, discours…) et pensez à ces faits : Jean-Pierre Pernaut a présenté, dans le journal de 13 heures de TF1, les « excuses » de la chaîne à propos d’un reportage diffusé jeudi 23 juin. Il était consacré au contrat de responsabilité parentale (CRP), mis en place dans le cadre de la loi contre l’absentéisme scolaire par le président (UMP) du conseil général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, député extrémiste, responsable de la sécurité à l’UMP. Une mère de famille, choisie au hasard, témoignait : « J’ai un enfant qui ne va plus à l’école, qui commence à sécher. Je suis un peu inquiète. » Elle vantait alors l’action du Conseil Général. Le problème c’est qu’elle est l’attachée de presse du président du Conseil général…et n’a pas d’enfant au collège. Voici une salariée dévouée et sincère. Mais bien évidemment, la profession va unanimement condamner ces trucages permanents !
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Bonjour Jean-Marie,
Salut à tous
J’ai trouvé ton billet excellent; Mais le titre un peu moins bien que révélateur.
J’ajoute une pensée de Beaumarchais sur le sujet :
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Très amicalement,
Gilbert de Pertuis en Luberon