En fait, la suppression de milliers de postes dans la fonction publique va commencer à peser lourdement sur le quotidien des femmes et des hommes qui se contentent des apparences. Toutes et tous se sont laissé berner par des considérations strictement financières, sans apprécier la réalité de ces ravages causés par l’ultra libéralisme et les privatisations outrancières de la société. Ils répètent à loisir le principe voulant que, pour faire des économies, il faudrait détruire ce qui est présenté comme un système inefficace et coûteux, sans jamais mesurer que tout finira pas restaurer la loi du plus fort dans un monde sans équilibre et sans retenue. Cette semaine, la bactérie tueuse a terrorisé les mangeuses et les mangeurs de crudités. Ils refusent de consommer des légumes par simple peur de se faire empoisonner par des producteurs ou des revendeurs acculés à accumuler du profit sans trop se soucier du caractère néfaste des produits qu’ils produisent ou commercialisent.
La thatchérisation de la vie sociale a détruit tous les contrôles sur la nourriture… au nom de la loi du marché. On asperge les fruits de mixtures destinées à leur donner des couleurs attractives mais il n’y a plus aucun contrôle réel sur la nocivité de ce qui est distribué.
Les médicaments ne sont plus labellisés par des structures indépendantes, mais par des pseudos organismes soumis aux pressions du milieu économique. Les productions agricoles deviennent artificielles au nom de la rentabilité indispensable pour maintenir la compétitivité mondiale en terme de rendements. Le problème, c’est que plus aucun service ne peut avoir les moyens de vérifier que cette chaîne de production a maintes fois dérapé (vache folle, OGM, pollutions diverses) car on a fusionné pour supprimer dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) des milliers de postes jugés inutiles, car contraignants pour le monde économique. Figurez vous que, même au sein de l’UMP, quelques voix commencent à s’élever sur cette destruction de tous les systèmes de contrôles, dans tous les domaines, allant des impôts à la radioactivité, en passant par les actes des collectivités territoriales, les démarches administratives, ou aux productions agricoles ou industrielles. Les événements en Allemagne accentuent l’inquiétude dans certains milieux.
Le ministre français de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a enjoint ses partenaires européens de « ne pas baisser la garde en matière de sécurité sanitaire des aliments », alors que la propagation d’une bactérie tueuse a fait 19 morts en Europe, dont 18 en Allemagne, et que l’on constate qu’à tout moment, faute de moyens humains de contrôle, tout le système de distribution alimentaire peut tourner au fiasco sanitaire. En visite à Washington dans le cadre de la préparation d’une réunion du G20, celui que l’on présente comme un premier ministre potentiel, a également annoncé qu’il se rendrait à Bruxelles lundi pour demander des indemnisations pour les producteurs de fruits et légumes français, pénalisés par la baisse d’achats des consommateurs paniqués. Encore une fois, il n’y aura aucune réaction politique, mais seulement un souci économique de compensation de ce qui reste un événement essentiellement dû à la destruction de tout système de surveillance sanitaire en Allemagne. Liberté d’entreprise et protection du profit obligent !
« La première leçon que je tire de cette crise est qu’il ne faut surtout pas baisser la garde en matière de sécurité sanitaire des aliments », a affirmé celui qui soutient la politique de suppression des postes dans les services spécialisés dans ce domaine. « Ne jouons pas les apprentis sorciers en allégeant les contrôles sanitaires sur l’alimentation. Ce serait de la folie. Je le dis avec beaucoup de vigueur, parce que certains états, y compris en Europe, ne sont pas de cet avis : je pense qu’ils font une faute politique », a ajouté le ministre, sans citer ces pays que chacun a reconnu : l’Allemagne ! En Espagne, il n’y a plus rien depuis longtemps. En Grande Bretagne, c’est le néant. En Italie, tout est permis et en France, on prend le même chemin ! On n’intervient qu’en cas de crise grave, et encore avec des délais tellement longs que tout peut arriver sans aucun barrage légal !
« Chacun sait que certains pays en Europe sont favorables à une réduction du budget de la politique agricole commune (PAC) et à la renationalisation des politiques agricoles, ce qui veut dire que chacun adopte ses propres règles, ses propres normes. C’est précisément la mauvaise direction », a encore affirmé le ministre, qui a basculé à gauche. En fait, c’est le cas depuis belle lurette, puisque plus personne n’a véritablement le moyen de contrôler les normes produites en quantité industrielle par Bruxelles et souvent jamais traduites dans les textes nationaux.
Ce Ministre UMP devenu « dirigiste » a doctement expliqué que les crises sanitaires qui survenaient autrefois au rythme d’une crise tous les 15 ans, surviennent désormais en Europe à échéance d’une tous les 5 ans pour les crises les plus graves, et une tous les 15 mois pour les crises moins sérieuses. Un aveu d’impuissance qui sidère, quand dans le même temps, tous les services publics sont décimés. Les catastrophes vont menacer dans tous les domaines dans lesquels la sécurité collective est en jeu.
« On a besoin d’une sécurité sanitaire totale. Elle a un coût. Si on veut assurer la traçabilité des aliments, il faut des contrôles et un financement public pour cela », a poursuivi M. Le Maire. On croit rêver quand un Ministre UMP avoue que les financements publics manquent. C’est exactement ce que réclament les personnels des urgences à l’hôpital, les enseignants confrontés à l’échec scolaire, les policiers de Sevran, les fonctionnaires de tous les services d’un État ruiné… Cherchez l’erreur !
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