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Un si joli petit village !

Dans le film « un si joli petit village » un juge d’instruction cherche la vérité sur la mort de la femme de Stéphane Bertin (Victor Lanoux) alors que ce dernier est l’amant de l’institutrice (Valérie Mairesse). Une intrigue poisseuse, lourde, hypocrite dans laquelle transparaît cette France réelle qui n’admet pas les évolutions sociales et sociétales. Elle existe. Intolérance. Bêtise. Acculturation. Haine facile. Indifférence coupable. Rien n’y fait. A Moussages commune du nord du Cantal, dans le canton de Mauriac le contexte de la « France de là-bas » est plutôt délétère. Un (ou plusieurs) corbeau attaque, insulte, salit depuis des mois la professeure des écoles installée dans la classe unique de cette communauté rurale. Elle a laissé son poste après avoir eu le courage de tenir bon malgré les slogans homophobes la poursuivant depuis des mois. Un renoncement qui n’a point ému les médias nationaux préoccupés par le loto de Matignon.

Le site de la Mairie vante « un cadre de vie unique » avec l’espoir d’attirer de nouveaux habitants puisque la population ne cesse de chuter depuis quelques décennies. Arrivée dans la commune à la rentrée 2021, l’enseignante est mariée à une femme depuis de nombreuses années, sans chercher ni à le cacher ni à le mettre en avant selon le quotidien La Montagne. Tout a commencé il y a une dizaine de mois avec un paire déposé dans la boite à lettres de l’école avec le délicat message : «  va (sic) crever sale gouine ».

Une attaque qui a été suivie de quelques autres du même style. N’ayant pas obtenu l’effet escompté car le message était resté confidentiel, le « corbeau » a renouvelé sa « valeureuse » initiative sur un tableau sous le préau de l’école de manière plus synthétique avec «  gouine= pédophile ». Bien entendu personne n’a rien entendu et personne n’a rien vu ! La quinzaine d’élèves de 3 à 11 ans dont l’enseignante visée à la charge s’est donc trouvée privée de leur maîtresse car cette dernière très blessée par ces attaques abjectes s’est mise en congé de maladie.

Quand on connaît la difficulté de « mener » une classe avec tous les niveaux et le fait que bien des professeur ne reste qu’un an dans de tel poste, la village a été privé d’une enseignante qui avait une belle conscience professionnelle. Elle a bénéficié du soutien de sa hiérarchie qui a déposé plainte avec elle mais… rien n’a avancé au niveau de l ‘enquête de gendarmerie. Au mois de mai alors que l’institutrice était absente, quatre autres tags ont été constatés sur des véhicules : deux de la mairie et deux privés dont l’un ressemblait à celui du Maire. La vindicte homophobe a en effet dévié vers la Mairie et son représentant. Un processus de plus en plus répandu dans cette France où désormais l’outrance, l’injure, le mépris deviennent des « valeurs » en consommation libre !

Courageusement l’enseignante a voulu revenir assurer la rentrée en début de semaine dans cette école et ses élèves auxquels elle était attachée. Aussitôt son persécuteur a récidivé. La hiérarchie de l’Éducation nationale l’avait contrainte à subir une visite médicale avec le tact dont elle le secret. Le médecin a en effet décidé de s’opposer à son retour de l’enseignante dans l’école de Moussages, « considérant dans un message très ferme que l’état de santé de la fonctionnaire n’est plus compatible avec ce poste. » selon l’hebdomadaire Marianne. Il lui propose soit un changement d’affectation provisoire, soit une mise en « arrêt pour accident de service » le temps que les choses s’arrangent et que les gendarmes trouvent le ou les auteurs de ces tags honteux. Elle souhaite continuer à travailler.

Dans la foulée, mi- juillet, elle reçoit un courrier la nommant « pour sa protection » sur un poste de « titulaire-remplaçante » dans une autre école du Cantal mais « trois fois plus loin » de chez elle. Le mal de cette période où on cède toujours devant le pire des maux, celui de l’intolérance réactionnaire. Comment ne pas vivre ces mesures comme une sanction et une manière de donner satisfaction à son accusateur homophobe ?

Moussages possède une remarquable «  Vierge en majesté, Notre-Dame  de Claviers », merveille de l’art roman du XII ème siècle restaurée dans les ateliers du Louvre. Une copie trône désormais dans l’église Saint-Barthélémy (sic). Une fierté pour ce village de montagne situé dans le Parc des Volcans. Pas moins de six châteaux entourent le bourg. Une jolie bourgade qui ne comprend pas pourquoi on s’intéresse autant à cette « affaire » qui trouble sa quiétude et sa bonne conscience.

Rien de plus « normal » dans une France où les atteintes envers les personnes LGBT ont augmenté de 13% en 2023 par rapport à 2022, avec même un bond de 19% pour les crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie. Au total, 4560 infractions contre les lesbiennes, gays, bi et trans ont été enregistrées en France l’an passé: 2870 crimes ou délits et 1690 contraventions (qui sont à 94% liées à des injures).

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Dans la petite rue qui mène à mon jardin, près de la maison où j’ai résidé une partie de ma jeunesse, quartier populaire jadis voué au maraichage, où vivent encore des « vieux  » de ma génération, sont venus s’installer deux couples, vite adoptés sans commentaires par tout le voisinage : un de jeunes femmes avec leur jeune enfant, un autre de deux messieurs retraités et mariés ensemble, qui de temps à autre reçoivent leurs petite enfants. Entente cordiale avec tous les voisins, échange d’aide ou de produits de nos jardins.
    Quel bonheur, après avoir lu ce sinistre article de constater que je partage mon temps avec des gens intelligents et ouverts !..

  2. facon jf

    Bonjour,
    nous assistons dans cette histoire assez sordide au choc de deux mondes celui des villes qui évolue très vite et celui des campagnes qui se cramponne à ses vieilles lunes pour tenter d’arrêter le temps. D’un coté un couple officiel qui tente de vivre sa différence au grand jour et de l’autre des personnes agissant sous anonymat pour faire valoir leur point de vue réactionnaire. Les dirigeants de la manif pour tous restent nombreux à agir dans l’ombre pour défendre l’image « pieuse » de leur France au bon goût de Vichy. Le discours s’est modernisé en pointant du doigt le  » Wokisme », une véritable aubaine pour amalgamer l’Islam ( pourtant viscéralement homophobe) , les homosexuels et les étrangers. Certains penseurs au cerveau musclé assimilent le mouvement  » Woke » à une religion s’ appuyant sur le triptyque « théorie du genre », « théorie critique de la race » et « théorie de l’intersectionalité » . En voici le développement :
     » La religion woke consiste essentiellement en trois « théories ». La « théorie du genre » explique que le corps ne compte pas et que seule compte la conscience que l’on a d’être homme, femme ou n’importe quoi d’autre : l’ « identité de genre » serait indépendante du corps. La « théorie critique de la race » explique que le racisme est « systémique » : tous les blancs sont racistes et toutes les personnes de couleur, les « racisés » sont des victimes.
    Pour combattre le racisme il faudrait toujours tenir compte de la couleur de peau, pour pouvoir établir une discrimination inversée en faveur des racisés. La « théorie de l’intersectionalité » permet de potentialiser les identités victimaires, de genre, de race ou de quoi que ce soit d’autre. On l’illustre souvent par l’image d’une femme noire qui est discriminée en tant que femme et aussi en tant que noire, comme si elle était à l’ « intersection » de ces discriminations. Cette théorie est un outil politique qui valorise les identités victimaires de toutes sortes, et met en accusation l’homme blanc cisgenre, européen et colonisateur, qui est par définition coupable.
    Il existe également une partie plus philosophique de la religion woke, l’ « épistémologie du point de vue » : il s’agit d’expliquer qu’aucune connaissance objective n’est possible et que toute connaissance dépend du point de vue « situé » du scientifique. Il est dès lors possible de critiquer la biologie comme « patriarcale » et « viriliste » ou les mathématiques comme « blanches » et « racistes ». Il y a autant de sciences qu’il y a de groupes dominés. Cela conduit donc à une critique directe de la notion de vérité. » Jean-François Braunstein auteur de « La religion woke »
    Tout cela semble particulièrement emberlificoté et bien loin, je suppose, de l’idéologie du corbeau de Moussage. La confusion voulue par la bien-pensance se situe entre deux mots homosexualité et pédophilie et ceci dans le cadre de l’école. Au travers de cette histoire cruelle pour les victimes, nous pouvons observer le manque de courage des institutions face à l’obscurantisme.
    La vérité et l’honnêteté sont des vertus qui sont souvent bien malmenées dans notre société, il ne serait pas de bon goût de rappeler les scandales pédophiles de l’ église ou dans l’éducation nationale.
    « Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. » Molière Le Tartuffe, III, 2 (v. 860-862)
    Bonne journée

  3. Alain.e

    Cousinade 2024 , couples mariés , couples divorcés ,couples recomposés , couples hommes homosexuelles , couples femmes homosexuelles , célibataires , et bien aucun problèmes quand on vit avec son époque et son temps .
    Une partie de la droite , une partie de la gauche et les religions ne nous embarquerons pas dans leurs bêtises rétrogrades.
    Cordialement .

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