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Vous prendrez bien de la salade de « pathes »

Désormais la société est envahie par l’utilisation du suffixe « pathe » associé à des racines plus ou moins explicites. Sa particularité c’est qu’il désigne à la fois des attitudes plus ou moins positives. Il arrive même que son utilisation associe le malade et le soignant. En fait il s’agit simplement de rappeler que son origine se trouve dans le grec ancien désignant la souffrance, la douleur et la passion et par extension celle ou celui qui les soigne. N’empêche que désormais les plaques utilisant ce qui ressemble à un label pullulent. Le site Doctolib a même été mis en cause pour avoir accepté de diffuser des prises de rendez-vous pour de pseudos spécialistes de thérapies dites parallèles.

Le … pathe » ou la «… pathie » après avoir qualifié une science s’accroche maintenant à des pratiques nécessitant l’adhésion à une manière différente de traiter le mal. L’homéopathie à ses adeptes, la naturopathie à ses fans, l’étiopathie capte une part de clientèle, l’ostéopathie traite des milliers de personnes, l’hydropathie reste suivie par les curistes… Tous concernent des soins destinés à soulager les patients qui en acceptent l’efficacité. 

Certains de ces « nouveaux » métiers nécessitent l’obtention d’un diplôme pas toujours délivré par l’État. Il serait vraiment naïf de prétendre que le sésame universitaire suffit à garantir la compétence mais le doute est permis sur certains de ces praticiens. Chez les naturopathes il semble y avoir quelques célébrités médiatiques dont le comportement approche les pratiques sectaires. Sur les réseaux sociaux, des professionnels de santé et des patients reprochent au groupe Doctolib de permettre à ses utilisateurs de prendre rendez-vous chez des « personnes » dont certaines ont des pratiques dangereuses, proches du charlatanisme et de dérives sectaires.

Dans toutes les sociétés les traitements hérités de croyances ancrées dans des rites anciens existent hors de toute considération scientifique. Les animaux font souvent les frais de ces potions réputées pouvoir réparer la santé humaine ou lui donner un élan supplémentaire. La corne de rhinocéros, la patte ou la graisse de tigre, écailles de pangolin, la bile d’ours, les cornes de buffle, la viande de certains zèbres africains, les ailerons de requins ou d’alligators ont conduit à la perte de ces espèces. A notre tour nous entrons dans le cercle des croyances déconnectées de toute raison. Le temps des herboristes et des apothicaires est lointain.

Il n’est pas impossible que je demande à certaines de mes connaissances de soigner les intestins par l’anis étoilé, de briser la déprime par la vie en rosé, de réguler le foie avec de la gentiane, de renforcer le bien-vivre ensemble avec de la liqueur de crapaud, de lutter contre le stress avec de la coca ou de rafraîchir avec une dose de menthe glacée. Depuis des siècles les plantes et les fruits macérés dans l’alcool ont des vertus reconnues. Il n’est donc pas impossible que derrière les comptoirs de bistrots on affiche la qualité de « baropathe » sans garantie du gouvernement.

En ne voulant pas reconnaître la spécificité des médecines alternatives et en réglementant pas leurs pratiques, le système a laissé comme ce fut le cas durant des siècles le charlatanismes progresser. Les vendeurs d’élixir aux multiples pouvoirs, des lotions effaçant toutes les atteintes physiques, les huiles soignant les douleurs articulaires s’installaient autrefois dans les foires ou allaient sur les routes vendre des produits ne soulageant rien mais ne causant aucun tort. Désormais, les réseaux sociaux et les médias regorgent de propositions de médicaments miracles en gélules, en pommade ou en breuvage divers. Leurs promoteurs engrangent des fortunes car les tarifs pratiqués sont des dizaines de fois supérieurs au coût réel de la solution élaborée. Ils contournent les règles en appelant leurs potions des compléments alimentaires.

Il est certain que la nature recèle bien des solutions aux maux dont nous souffrons mais elle mérite d’autres exploitants de ses vertus que des gourous ou des usurpateurs ou usurpatrices. Il reste des milliers de médicaments à inventer à partir de la flore toujours inconnue, des arbres et des connaissances venues de la nuit des temps. La recherche s’y emploie de moins en moins accaparée qu’elle est par la rentabilité immédiate. Elle a été ralentie par les exigences de la Covid et par la montée de maladies de masse comme le diabète.

Devenir « antipathique » ne relève pas de l’opposition systématique à l’équivalent de l’eau de Lourdes comme médecine douce mais simplement à une volonté de ne pas voir sombrer un système de santé en difficulté et dépassé par le besoin général de croire que les miracles appartiennent au possible du quotidien. Tout devient irrationnel et pathétique !

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Cet article a 8 commentaires

  1. J.J.

    « pratiques dangereuses, proches du charlatanisme et de dérives sectaires. »

    Déclarer ces pratiques proches du charlatanisme, relève de la figure de style, à mon humble avis c’est du charlatanisme pur, et des dérives sectaires certaines.

    Quand on a besoin de soulager une souffrance physique, on est prêt à accepter les propositions de n’importe quel charlatan qui vous promet un soulagement. J’en ai fait l’expérience naïve (sans toutefois jusqu’à aller me laisser abuser par des gourous, il y a une limite à tout !). Et après étude plus objective de la situation, j’ai vite pris conscience que ces pratiques n’avaient aucune base rationnelle. J’ai gardé une certaine vindicte, une colère, contre ces individus et leurs pratiques qui exploitent ouvertement la misère huamaine et en suis devenu un irréductible ennemi.

    Un seul produit a gardé mon innébranlable confiance, c’est le sirop Typhon, l’universelle panacée.

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à J.J.
      … le sirop Typhon ! Un tube de Richard Anthony des années 1969…

  2. christian grené

    J’ai appris de l’éminent docteur Abel, qui professait sur Doctoliburnia et qui le tenait du très populaire Ezio, que les meilleures « pathes » étaient italiennes. Il ne prescrivait que bucatinis et capellinis, bitalinis et cavaltapis, lasagnes et linguines, papardelles et autres tagliatelles. Si ça vous botte!

    1. Laure Garralaga Lataste

      @à Christian
      `Sans oublier… « tutti frutti »

    2. Gilles Jeanneau

      Je croyais que tu allais nous faire tout un plat avec une pathe au logis !!!
      Bonne soirée mon ami

  3. MARTINE PONTOIZEAU-PUYO

    il y a des pratiques efficaces et d’autres non, le tout c’est de faire le bon choix.
    bonne journée

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ à Martine Pontoizeau-Puyo
      Et me revient en mémoire le célèbre…  » Bon choix madame, bon choix monsieur… » Il avait simplement oublié les demoiselles… phénomène fort courant à l’époque !

  4. Laure Garralaga Lataste

    .… « la vie en rosé »… Pour moi, ce sera la vie arrosée de rosé et autres couleurs !
    Hélas ! les charlatans et gourous ont de beaux jours devant eux… !

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