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L’appel de l’espace de plus en plus banalisé

Tout bulletin d’un élève portant la mention évoquant le fait qu’il ait « la tête dans les nuages » n’est pas forcément révélateur d’un talent particulier. Cette propension à la rêverie que Jacques Prévert a évoqué dans le superbe poème qu’il consacre au « cancre » n’a vraiment plus l’heur de plaire dans un système scolaire se voulant efficace, rigoureux et très productiviste. Il ne faut pas croire que le privilège de vivre souvent loin des pesanteurs terrestres vous ouvre les portes d’une candidature au job d’astronaute. Or il parait que l’on recherche dans ce domaine des vocations.

L’Agence spatiale européenne (ESA) vient de lancer le recrutement des femmes ou des hommes pouvant devenir les ambassadeurs extra-terrestres pour les grandes missions à venir. Il n’y avait pas eu d’appel à candidatures depuis plus d’une décennie. Il s’agit donc d’une offre d’emploi rarissime destinée à maintenir d’Europe dans la conquête spatiale. En 2008 plus de 8 000 candidat.e.s avaient envoyé leur CV et seulement l’un d’entre eux (il y avait eu peu de filles) avait été retenu : Thomas Pesquet.

Bien entendu il faut à la fois passer des testes psychotechnique et répondre à de qualités physiques indiscutables. Pour avoir l’espoir de s’envoyer en l’air il faut en effet afficher un spectre de connaissances de bon niveau avec une forte résistance naturelle au stress. Pour le reste une très longue formation serra assurée. Des talents de « bricoleur.euse peuvent être les bienvenus car dans certaines situation dans la station spatiale il est indispensable de savoir « réparer », « transformer », « éliminer » ou suivre méticuleusement les consignes.

Le processus de recrutement est un parcours qui s’étale sur des mois. La liste des heureux élu.e.s car il y en a ne sera connues en octobre 2022. D’ici là, Il faudra répondre à une sorte de portrait-robot : avoir au moins un master dans un domaine scientifique et trois ans d’expérience professionnelle. La limite d’âge a été repoussée à 50 ans (contre moins de 40 ans la dernière fois). Il faut parler parfaitement l’anglais, bien maîtriser une deuxième langue mais le russe n’est pas obligatoire – il est enseigné durant la formation. Pour le reste c’est une question d’entraînement.

Les futurs « hommes volants » seront donc éliminés sur dossier avant que les « survivant.e.s passent des batteries de tests. N’importe qui ne peut pas poser ses fesses dans une capsule ou se promener en apesanteur dans l’ISS unique station spatiale internationale et la plus grande actuellement en service. Elle se déplace autour de la Terre sur une orbite basse à une altitude comprise entre 360 et 400 kilomètres et fait le tour de notre planète en quatre-vingt-dix minutes.

Les déplacements ainsi que la vie dans ce lieu de haute-technologie deviennent dans le fond assez banals. Les « grosses » têtes en l’air effectuent de multiples expériences autour de la nourriture, de la gravitation, du sommeil, des activités physiques de telle manière que de solutions soient trouvées pour le fameux déplacement vers Mars. En fait les recruté.e.s de 2021 risquent de participer à ce périple mythique vers le pays des Martiens et aller y prendre l’air.

Depuis Youri Gagarine la conquête spatiale n’a cessé de transformer les rêves de Jules Vernes en réalités toujours plus lointaines. Les aller-retour avec l’espace se banalisent et l’ISS est devenu une isba des étoiles où on reste des mois avant de regagner la terre ferme après des semaines de séjour. Il est certain que si les risques existent et existeront toujours dans le métier d’astronaute, ils diminuent tout de même au fil des lancements.

Se prendre pour Tintin et aller dans la Lune appartint à nos rêves de gamins des années 60 au XXI° siècle. Méliés dans ses films avait éborgné le satellite de la Terre et Jules Vernes en avait fait un best-seller. Notre époque en fait un fait encore légèrement extraordinaire qui peut faire encore envie à bien des Humains. Il est certain qu’à la fin du XXI° siècle ce sera encore plus banal. S’envoyer en l’air ne sera plus un privilège mais une nécessité !

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Cet article a 8 commentaires

  1. J.J.

    C’est bien beau tout ça, mais les pauvres gens qui n’ont rien à manger et pas de toit pour s’abriter, les malades que l’on ne peut soigner, faute de personnel et de matériel, etc. ne doivent pas vraiment se préoccuper de l’épopée de l’espace .
    Signé Rabat joie premier

  2. Philippe Labansat

    Je rejoins le précédent commentaire.
    On encourage la population a avoir le nez dans les étoiles, grâce à quoi, elle ne regarde plus trop où elle met les pieds…

  3. Bruno DE LA ROCQUE

    Le « rêve » (en tout cas la curiosité), avec Tintin, en ce qui me concerne, c’est dans la première moitié des années cinquante.
    Au passage Jean-Marie, encore pétri d’anticommunisme primaire, de Youri Gagarine, j’ai d’abord pensé « les cocos… c’est fortiche ! » En revanche, son exploit je ne l’ai réalisé que plus tard car j’étais au Sahara (sous l’uniforme) et, dans les jours qui ont suivi, il y a eu le putsch des généraux qui nous a affectés et poussés à une certaine rébellion avec message de soutien au Pdt de la République (relayé à l’époque par la station radio de l’armée de l’air du haut-Cenon). Nous captions Europe n°1 en GO la nuit.

    1. Philippe Labansat

      Au même moment, mon papa était sous-lieutenant de réserve, sur la base de Blida, sous les ordres du commandant Joseph Kubasiak.
      Mon papa m’a dit toute l’admiration que lui a inspiré ce commandant qui a tenu tête aux insurgés et a barré la route aux paras, gardant la base aérienne dans le camp loyaliste (les insurgés avaient projeté d’envoyer des forces armées depuis cette base vers la métropole).
      Devenu retraité, sa loyauté a valu au commandant Joseph Kubasiak, d’être assassiné par un commando de l’OAS, le 24 juin 1962, dans son jardin avec son beau-père, au couteau puis au pistolet, alors que des membres de la famille s’interposaient…

      1. J.J.

        …Devenu retraité, sa loyauté a valu au commandant Joseph Kubasiak, d’être assassiné par un commando de l’OAS, le 24 juin 1962, dans son jardin avec son beau-père, au couteau puis au pistolet, alors que des membres de la famille s’interposaient…

        Il y a maintenant peu de gens qui ont conscience des moments assez terribles que nous avons vécu à cette époque.

        Au mois d’avril1961, au moment du putsch, une grande manif avait eu lieu à Angoulême, et j’y avais rencontré notre ancien directeur monsieur Monleau.
        Un peu plus tard, repéré pour mes activités jugées « subversives » (participation à des rassemblements contre la guerre, action syndicale, etc.), j’avais reçu, avec d’autres collègues, des menaces de l’OAS.
        Travaillant et résidant dans un coin de campagne complétement isolé, j’étais loin d’être rassuré , ce qui m’avait poussé poussé à me procurer un fusil.
        Je m’étais cru paranoïaque, mais je pense que le danger était quand même bien réel.

  4. Laure Garralaga Lataste

    À… Rabat joie 1 et Rabat joie 2… Pour rire ensemble, sans oublier Bruno et Jean-Marie !

    Ayant grandi dans la misère, j’ai toujours eu « la tête dans les nuages… »
    Voilà pourquoi j’ai été élevée dans « cet espoir… gagner » ! Gagner « la sortie de la misère » ! Et je crois avoir réussi !
    Mais je n’ai jamais oublié d’en sortir ma mère et mon père à qui je devais cette réussite. Comme je n’ai jamais oublié combien la tâche est dure… !

  5. CHRISTIAN GRENE

    S’cusez moi, m’sieur, j’suis en retard parce que j’étais dans la Lune avec Tintin. Mon père, instit’ comme vous, m’avait dit de lire Jules Verne mais y’a pas dessins dans « De la Terre à la Lune » et, moi, j’préfère le dessin des R.G. Euh! J’ai dû dire une çonnerie. S’cusez moi, encore. Ajourd’hui, dans vot ‘blog, c’est rien d’autre que l’illustration qui m’a plu. Le reste, j’lai pas compris. Vous pouvez me punir, j’ai l’habitude et j’suis bien au p’tit coin.

  6. Christian Coulais

    « Il est certain qu’à la fin du XXI° siècle ce sera encore plus banal.  » Ou ne sera plus !
    « Les déplacements ainsi que la vie dans ce lieu de haute-technologie deviennent dans le fond assez banals. »
    Euh, 2,4 millliards d’US dollars pour envoyer juste un rover qu’est même pas une jeep !
    La banalité a un coût un peu élevé alors qu’il y a tant à partager ici, à améliorer les conditions de vie des 99% de l’Humanité et de son écosystème. Ah, ah, ah le progrès ! Mort de rire…

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