L’Europe plonge peu à peu dans le marécage populiste qui va conduire une bonne part de ses pays démocratiques vers une destination inconnue. Il n’y a plus que quelques pôles de « résistance » qui ne tiendront pas longtemps face au tsunami d’opinions publiques chauffées à blanc par des politicien(ne)s mêlant la haine raciale à la désespérance croissante touchant des pans entiers de la vie sociale collective. Ces deux éléments conjugués tendent à inoculer le virus dangereux qui a causé la perte de bien des valeurs essentielles du vivre ensemble. Ainsi en Allemagne des faits graves se reproduisent inexorablement dans l’ex-RDA comme si renaissait de ses cendres la bête immonde dont Brecht parlait.
Dans la région où est né le parti Pegida, utilise un faits divers malheureux (mort d’un homme) pour monter la population contre le respect des lois allemandes. Sans fournir la moindre preuve il transforme en rumeur ce qui est encore un événement sur lequel la police enquête : la victime aurait été mortellement poignardée « en voulant protéger sa femme » d’étrangers dangereux. On retrouve des pratiques qui furent utilisées en une époque que tout le monde espérait révolue. Angela Merkel est régulièrement accusée par ses détracteurs (elle l’a été aussi par…le président Donald Trump° d’avoir favorisé à la hausse de la criminalité en Allemagne en ouvrant les portes du pays aux migrants… qui servent désormais au développement de son économie ayant grand besoin de main d’œuvre docile et sous-payée.
Les tensions autour de la question migratoire se font de plus en plus vives depuis l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile. En Saxe, qui ne compte que 4,4% d’étrangers, la communauté turque a déjà dénoncé « des tentatives de pogroms » et une « chasse à l’étranger » a eu lieu dans la ville de Chemnitz. Près de 2 000 manifestants d’extrême-droite ou néo-nazis (ils sont de plus en plus nombreux et surtout visibles) se sont retrouvés hier soir devant la statue de Karl-Mrx avant de se lancer dans une divagation dans les rues marquée par des poursuites ciblées. Il y aurait eu « quelques personnes blessées » à la suite de « jets d’articles pyrotechniques et autres objets » par des personnes au visage dissimulé et d’autres faisant le salut hitlérien.
Des jeunes étrangers ont été pourchassés et parfois blessés. Des chaînes de télévision ont diffusé des vidéos montrant en effet des skinheads pourchassant un homme « d’allure étrangère ». On a entendu des manifestants clamer : « Nous sommes le peuple! » », slogan faisant référence aux manifestations de 1989 contre le régime communiste détourné depuis par Pegida et la mouvance d’extrême droite. Bref on a revu des scènes qui paraissaient impensables dans un Etat de droit. La ville est en état de siège avec des forces de police en masse surtout positionnées pour éviter des heurts entre les manifestants d’extrême-droite et une contre-manifestation réputée d’extrême-gauche.
Peut-être faut-il vous rappeler que le 9 novembre prochain il y aura 80 ans que les nazis organisaient une réaction autant « populaire » que « spontanée » à la mort d’Ernst von Rath, un conseiller d’ambassade d’Allemagne tué à Paris par un juf polonais en situation irrégulière ayant appris que ses parents juifs eux-uassi avaient été arrêtés dans son pays natal. Les nazis vont alors utiliser pour cette nuit là des SA (sections d’assaut), organisation paramilitaire ainsi que les membres des Jeunesses hitlériennes qui enfilent des vêtements civils, histoire de faire croire que les manifestations exprimaient bien « l’indignation populaire ». La curée et le défoulement antisémites commencèrent alors dans des centaines de communes, grandes, moyennes, petites, de tout le pays et fut inscrite dans l’histoire comme la terrible nuit de Cristal. Certes ce n’est pas la même échelle que les événements de Chemitz mais il constitue un vrai signal d’alerte sur l’évolution de l’opinion dominante dans un pays réputé « modèle » pour bien des libéraux européens.
Avec une balance commerciale fastueusement excédentaire, une inflation maîtrisée, un excédent budgétaire, des profits en hausse le gouvernement de Merkel voit sa politique contestée par le racisme ordinaire. Même le taux du chômage en Allemagne s’est maintenu en juillet à 5,2%, soit son plus bas niveau depuis la réunification du pays en 1990, selon les chiffres publiés par l’Agence pour l’emploi. Tout ne va pas pourtant pour le mieux avec un climat politique qui se détériore et une coalition instable qui ne survit qu’au prix de compromis constants.
Dans quelques mois les élections au parlement de Strasbourg montreront que l’avenir risque de virer au « brun » et ces événements comme bien d’autres malheureusement considérés comme anodins dans d’autres pays (dont la France) contribueront à un basculement massif des populations méfiantes, apeurées, déçues ou spoliées vers une forme européenne de populisme dangereux allant de l’Oural à l’Atlantique et de la Baltique à la Méditerranée.
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Merci pour ce texte qui souligne les dangers d’un populisme qui n’a plus peur de « se cacher » .
Inquiétant pour l’Europe , la Démocratie , l’avenir de nos enfants.
Je partage cette analyse mais je me permet de faire une remarque à propos du mot populisme. Il me semble que démagogique (démagogie, démagogue…) serait plus adapté car à l’origine populisme c’est plutôt pour le peuple puis dans la bouche de beaucoup de politicien qui ont peur du peuple c’est devenu un terme négatif. Est que Jaurés faisait du populisme quand il faisait déplacer les foules lors de ses discours?
Bonjour !
Oui @Puig, vous avez raison ! Cessons de galvauder ce mot.
Pour écarter toute solution populaire, les politiciens (ou pseudo !) ont pris la triste habitude d’agiter ce mot devant le peuple demandeur comme le torero manipule la muleta face au taureau furieux. Attention car l’esquive passe si près que l’encorna parvient.
« Le feu, parfois visible, couve longtemps dans la tourbe avant d’embraser inexorablement la forêt millénaire. »
A bon entendeur …..
Cordialement.
et si tout était dans la phrase ci-dessous », car c’est bien de ça qu’il s’agit tirer les salaires vers le bas comme en Allemagne, en Espagne et Italie et peut être ailleurs, aussi
« d’avoir favorisé à la hausse la criminalité en Allemagne en ouvrant les portes du pays aux migrants… qui servent désormais au développement de son économie ayant grand besoin de main d’œuvre docile et sous-payée. »
En France où le chômage est plus important ce seront les salaires tirés vers le bas et des problèmes de communautarisme pour les populations qui refusent notre façon de vivre.
bonne journée, c’est mardi et il fait toujours beau !
bonjour,
le populisme vaste débat , je crois que les théories avancées par Christophe Guilluy qui écrit : « Parce qu’elle est susceptible de remettre en cause les choix des classes dirigeantes, la diabolisation du peuple par le populisme reste une nécessité ». L’accusation de « populisme » est un paravent commode utilisé par les classes dirigeantes pour se prémunir des critiques.
Il poursuit ainsi en 2013 » Se poser la question du « populisme », obsédante aujourd’hui dans le débat public, c’est déjà tomber dans le piège de la mise à distance des classes populaires. Cet a priori récurrent permet de délégitimer leur discours. En effet, l’approche de la crise par le « populisme » vise à décrédibiliser les réactions des classes populaires et, in fine, à occulter les causes du rejet des classes dirigeantes. Cette rhétorique vise à écarter la responsabilité des partis de droite et de gauche depuis une trentaine d’années. Il s’agit, en fait, de rendre illégitime la contestation des choix économiques et sociétaux effectués par les organisations ayant exercé le pouvoir, quelles que soient leurs étiquettes.
Je comprend mieux ainsi comment les partis d’extrême droite manipulent l’opinion en reprenant l’antienne » classes dirigeantes droite et gauche confondues tous pourris ( à la solde au choix, de Bruxelles ou du grand capital ou des US, ou des Russes) ». Le qualificatif de populiste, détourné de son sens initial, se retourne alors contre les classes dirigeantes apparaissant comme élitistes ou anti-populistes. Le qualificatif abusif de populiste par les classes dirigeantes les écartent encore plus de la masse des électeurs qui se sentent disqualifiés de toutes critiques. A l’inverse les partis écartés des classes dirigeantes leur laisse penser que chez eux c’est le contraire … Et en fait ça marche !
Cessons d’utiliser ce mot à contresens, Le populisme n’est rien d’autre que l’effort des gens simples pour échapper à l’emprise croissante des experts sur l’organisation de leur vie. Christopher Lasch analyse la sécession des élites d’avec le mode de vie simple et rustique des gens ordinaires et le besoin des élites d’imposer des normes de vivre ensemble pour mieux s’en exempter elle-même et vivre en marge du plus grand nombre. Les élites emploient le terme de « populisme » pour dissimuler les critiques qui leur sont adressées. En réalité, le populisme vise une conception de la démocratie plus exigeante où le plus grand nombre est capable de juger des affaires publiques et se trouve ainsi responsabilisé.
Salutations républicaines
Merci on est d’accord
merci faconjf
c ‘est exactement ce que je pense
mais que je n’ aurai pas su si bien expliquer
c est du mépris des « sans dent » des « gens de rien »
circulez rien à voir disent ils au peuple de France ,voila ce qu’il nous disent en parlant de populisme