En fait ce soir sur les étranges lucarnes on va discourir durant un bon tiers du débat sur… le revenu universel d’existence (RUE) et l’on va se jeter à la face des chiffres car ça fait moins mal que les valeurs qui sous-tendent le système. Pour tenter d’informer celles et ceux qui veulent y vois plus calir et ne pas se laisser manipuler par des révélations aussi fracassantes qu’invraisemblables partons simplement du principe que Manuel Valls est venu en Gironde au conseil départemental pour soutenir l’expérimentation en 2018 d’un éventuel « revenu de base ». J’ai personnellement été consulté (ce sera ma parole contre celles d’autres élus) par son cabinet pour savoir si cette visite « ne poserait pas de problèmes dans un conseil départemental jugé sous influence hamoniste ». Bien évidemment j’ai répondu que sur un sujet pareil il serait accueilli avec grand plaisir par le Président ! Et ce fut le cas ! Tous les articles de presse et même le site de Matignon ont fait état de « son intérêt » pour cette initiative qui lui paraissait aller dans le bon sens. Nous sommes plusieurs dizaines d’élus, de militants associatifs de la solidarité à l’avoir entendu de la bouche de celui qui était Premier Ministre. J’ai été discrètement sondé ces derniers temps pour savoir si les études financières en cours avaient été terminées et ce qu’elles donnaient… Or ce n’est pas fini et toutes les manières elles sont réservées à une plénière de l’assemblée départementale début mars.
L’erreur purement sémantique de Hamon vient de l’adjectif « universel » ! Il aurait mieux valu que son initiative soit un « revenu de base solidaire » socle de l’accessibilité pour nombre de gens au logement, aux prêts, aux frais de subsistance dans une société de plus en plus corsetée vis à vis des plus démunis ! Que ce soit le RUE Hamon ou le RBS qui pourrait le remplacer ils ont uns eul objectif : rendre progressivement la société actuelle uniquement basée l’attribution d’allocations multiples plus simple, plus efficace, plus en phase avec l’évolution du monde du travail précarisés par le dé-tricotage du code du travail ! « Il ne s’agit pas d’un problème économique et social, mais d’un sujet de société. Après 40 ans pour retrouver le plein emploi, on voit que le compte n’y est pas avait indiqué Jean-Luc Gleyze à Manuel Valls. (…) Dans un contexte financier difficile, il faut penser différemment. Ne sommes-nous pas à la fin d’un monde ? Notre protection sociale ne nous donne plus entière satisfaction » Et le Premier Ministre lui avait répondu que sa vision du revenu universel était de « fusionner dans une aide unique les multiples dispositifs existants, créés au fil du temps pour répondre à des situations particulières -RSA, allocation pour les chômeurs en fin de droit, minimum vieillesse. ». Or c’est certain lui-même et ses adeptes disent exactement le contraire : c’est ça qui a tué le socialisme ! Contradictions, renoncements, aménagements, dissimulation mais pas lesinnovations, les propositions, les engagements ! Je demande que l’on diffuse ce soir au débat sur ce sujet après que Manuel Valls se soit exprimé, le discours prononcé par ses soins dans l’amphithéâtre Badinter du conseil départemental de la Gironde ! L’espression d’un jour n’est plus celle du lendemain. La mémoire flanche !
En fait le seul mot qui pose problème et qui est exploité lamentablement c’est « universel » car la rumeur attribue le RUE à tout le monde de Madame Bettencourt au SDF ! Il s’agit en fait de lancer en en 2018, un « revenu de base solidaire » correspondant à un RSA augmenté de 10%, et de le verser automatiquement à tous ceux pouvant y prétendre (ceux qui aujourd’hui bénéficient du RSA mais aussi ceux qui ne l’ont jamais réclamé). Ce RUE serait aussi distribué aux jeunes de 18 à 25 ans révolus. Voici la réalité de la première phase : coût estimé 45 milliards d’€ pour la première phase quand le RSA coûte déjà en France dans sa configuration actuelle : 11 milliards d’€ financés à plus de 60 % par les départements. Il faut préciser que certaines aides (voir ci-dessus) seraient fusionnées et que les Caisses d’Allocations Familiales réclament 3 % de la somme totale pour verser le seul RSA ne permettant d’accéder de fait à aucun des droits fondamentaux de la vie quotidienne ! L’élargissement serait financé par l’abandon du CICE qui n’a pas démontré une efficacité tonitruante contre le chômage mais qui a augmenté les dividendes aux actionnaires ! La réforme de la taxe foncière plus associée à la notion de patrimoine qu’à celle d’habitation (ISF revue) pourrait aussi apporter le complément nécessaire. Une re-centralisation à l’Etat serait appliquée.
A la fin du quinquennat (2021), il pourrait être étendu à d’autres catégories sous conditions de ressources (avec un plafond fixé autour du revenu médian des employés, soit 1600 €). La troisième étape de RUE généralisé à l’ensemble de la population ne pourra intervenir qu’au-delà de… 2022. Pour entamer le chantier, Benoît Hamon lancera une grande « conférence sociale et citoyenne » (citoyens tirés au sort). C’est là que seront précisément défini le périmètre et le montant du subside, qui ne pourra en aucun cas venir remplacer droits au chômage, retraite ou couverture maladie. La définition du financement de cet élargissement n’est pas encore déterminée mais il est lamentable de prétendre que ce serait déjà catastrophique.
L’honnêteté de Hamon ne peut être mise en doute car justement il confie que ce serait suicidaire de rendre universel ce qui ne peut se faire que par phases selon l’évolution du monde du travail ! Je suis prêt au débat avec n’importe qui sur ce sujet de façon concrète, réaliste et claire !
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Vive la France, vive la République, une et indivisible, ou les concepts de Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité ne seront plus galvaudés au profit du club de Davos.
à (re)lire :
27/10/2016 « Pour Manuel Valls, la mise en place d’un revenu universel constitue « l’horizon d’un quinquennat », et supposera plusieurs étapes pour « réorganiser les minima sociaux et les autres prestations sociales autour d’un revenu socle unique. »
http://www.gouvernement.fr/ce-projet-de-revenu-universel-c-est-affirmer-ce-que-doit-etre-notre-modele-social
Merci sur ces éclairages qui me conviennent ! Le mot « universel » n’est pas adapté me semble t’il et je préfère le mot « solidaire ». La solidarité des nantis, et l’actualité nous le montre chaque jour, n’a pas besoin de lois, il suffit de lire ce qui s’est passé au sénat pendant de nombreuses années, avec l’affaire dévoilée par le canard enchaîné. De nombreux nantis se servent et veulent casser la baraque… peu importe la précarité qui touche le peuple.
Donc, tout ce que l’on pourra faire pour les plus démunis, les précaires, les jeunes, devra être encouragé car l’argent dont ils disposeront sera dépensé contrairement à tous les pactes qui n’auront servi qu’à gonfler les comptes en banque de certains. Il faut tenir un langage de vérité et non de haine, ce qui ne convient pas avec les valeurs que nous sommes nombreux à défendre, les valeurs de la République « Liberté, Egalité, Fraternité » et j’ajoute SOLIDARITE
@bonjour Maria,
Attention au mot solidarite. Revoyez la definition.
Belle journee quoique maussade
Pardonnez-moi de ne pas m’intéresser du tout à ce que Valls a pu dire à Bordeaux, ni à sa controverse avec Hamon. Ce qui m’importe c’est de réfléchir grâce à vous à ce que vous dites du RUE. Le seul mot qui fait problème : « universel », fait en effet GROS problème. D’abord parce que RUE fait référence à des travaux qui ont sérieusement et depuis longtemps élaboré la question, notamment en France ceux de Bernard FRIOT, qui parle de « salaire universel » lui, et l’associe à une socialisation de toute la plus-value produite dans le pays, si j’ai bien compris, car c’est complexe -et pas pour demain. Comment admettre que B. Hamon ait lancé avec tant de légèreté le mot sans définir suffisamment la chose, ni respecter le travail des autres, réduisant tout à ce qui fait penser à un gadget !! Après un lancement aussi hâtif, on peut dire que l’erreur est dans la préparation insuffisante de son programme, ça oui. On note qu’il a été amené par 4 fois à redéfinir en le réduisant ce qu’il entendait par le RUE (les attaques auxquelles il s’attendait sûrement sur le coût démesuré de la mesure l’y ont vite conduit). Mais aujourd’hui, l’échelonnement prévu, qui rend possible budgétairement (souhaitons-le), juste une première phase du RUE, réduit de fait celui-ci à un RSA augmenté de 10% accordé à tous ceux qui y ont droit sans oser ou penser le demander ( ce qui est déjà un bien !). Et aussi, si c’est possible -vous écrivez prudemment qu’il « serait distribué » aux 18-25 ans. Bon, je ne vais pas chicaner, mais soyons clair sur le mot qui dit la chose : il s’agit là d’un RSA amélioré, rien d’autre. Le reste qui a fait si grand tapage est renvoyé à plus tard, c’est à dire aux calendes -pas les romaines mais les grecques… et sans doute aux oubliettes, car l’état du monde ne manque pas d’en creuser partout. « Erreur ? Je ne crois pas. B Hamon a déjà trente ans de carrière derrière lui, une habitude des stratégies politiques et aussi politiciennes : il a été ministre de Valls. Avec Montebourg, il avait même poussé Hollande à choisir ce premier ministre-là. L’annonce du RUE n’est donc pas une erreur mais un moyen tactique élaboré -1. pour se démarquer fortement des autres candidats dès le début de la primaire et -2. pour lancer dans l’électorat ce qu’on appelle, je crois, un « produit d’appel » dans les grandes surfaces, visant à frapper les esprits et à orienter la clientèle. Alors, erreur et négligence, ou stratégie délibérée et démagogique, dans les deux cas cela ne m’inspire pas confiance. J’attends plus de sérieux et plus de clarté d’un programme présidentiel qui, par ailleurs, contient évidemment des points intéressants. Mais quand vous dites que le débat sur le RUE fera encore rage, savez-vous que vous soulignez une conséquence de cet écart entre le mot et la chose qu’il ne désigne pas ? Et que vous entretenez la rage en l’annonçant, et faites durer par là-même le tapage du lancement, qui conserve sa fonction éventuellement stratégique de faire écran sur les vrais gros problèmes auxquels une gauche rassemblée devrait s’attaquer pour de bon et pour le bien de tous ? Merci de m’avoir fait réfléchir.
@bonjour Leon,
Je partage votre critique et demande a B. Hamon de revoir les rythmes scolaires car je pense qu’il s’est emmelait les pieds dans le tapis.