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Le trimestre qui va faire les prétendants au trône

Le chemin du boulot devait être encombré ce matin. La période de l’insouciance, de la générosité et du partage s’achève. Même si ce n’est plus trop au goût du jour en raison de culte de la « ligne haricot vert » la trêve des confiseurs s’arrête et commence le mois des galettes probablement encore plus dangereux. C’est certain que 2016 sera l’année des « fèves », celles qu’il va falloir dénicher dans une part de la vie politique nationale pour espérer être le Roi !
Une course de finesse consistant faute de pouvoir obtenir la couronne de son camp à se placer dans le sillage de « la Reine » afin de décrocher le droit à participer à une seconde distribution. Ce sera la seule préoccupation parmi tous les prétendants à l’Elysée. Une véritable catastrophe pour la démocratie puisqu’il ne s’agira pas de voter en faveur de valeurs (grandes ou petites selon l’intérêt qu’on leur porte) mais de se déterminer uniquement contre celles que porte l’adversaire principale. Dès ces premiers jours de janvier la stratégie prendra le pas dans toutes les annonces, dans toutes les prises de position du quatuor des prétendants. Que ce soit le « sortant », ses challengers de l’ex-UMP Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen tous savent que le premier trimestre sera décisif pour chacun d’entre eux. La campagne va d’ailleurs débuter dès le mois de janvier et occuper tout l’espace médiatique. Plus rien ne sera « gratuit » puisque tout relèvera de calculs personnels portés par des clans désormais structurés.
François Hollande aura l’avantage de participer à de très nombreuses réceptions autour de galettes qui se veulent républicaines. Avec un bon écrivain de discours, il distribuera certainement des bonnes paroles à des secteurs particuliers de la vie sociale en guise de vœux du nouvel an. L’examen du texte de la réforme constitutionnelle reste pour lui le risque majeur de dérapage incontrôlable. Les sanctions sont prêtes vis à vis des chapardeurs de consciences. Une bonne pression mise sur des députés fragilisés par les récents résultats des régionales suffira à sauver les meubles et à obtenir un plus grand dénominateur commun sur un sujet pourtant inutile, dangereux et strictement tactique. En fait la fracture interne à la gauche créée par cette proposition correspond à une vraie volonté. Le combat va en effet resserrer les rangs dans son camp ce qui est essentiel pour éviter ce qu’il craint le plus : une primaire ! Peu importe l’état de son parti d’origine après la réforme constitutionnelle puisque ses partisans auront d’autant plus la majorité que les départs au premier trimestre des adhérents militants seront nombreux.
Le « coup d’état permanent » cher à Mitterrand se pratique encore à tous les étages de la vie politique autour du principe « cliver pour régner ». Il suffit sur un sujet émotionnel comme les attentats de jouer « l’opinion dominante » fabriquée par des idées simplistes selon le principe qui a réussi au clan Le Pen. On est donc parti pour une traversée d’une forte zone de turbulences avec un atterrissage forcée début février. C’est un choix proche de celui du fameux jeu « quitte ou double ».
L’essentiel de la façade médiatique va être parallèlement occupée par le duo Juppé-Sarkozy. Là aussi on opposera la légitimité des sondages au débat interne. L’exilé de Québec (qui s’en souvient vraiment?) a défini un plan de bataille découlant de la leçon prise lors des régionales en » Aquipoicharlim » par sa protégée Virginie Calmels balayée par la Gauche. Plus aucun doute : il faut vite mettre le cap à tribord et dès ses premières déclarations dans un entretien préparé il ne lésine pas sur des mesures se situant entre celles proposées par l’étoile montante Wauquiez et les élucubrations du FN. Il sera temps après les « primaires » d’infléchir la direction ! On va donc assister à une rivalité de « coups de menton » quitte à imiter tous les autres et à renier tous ses écrits ou déclarations antérieures.
Le seul problème réel c’est qu’il va devoir sans cesse naviguer à la corne de brume en essayant comme sur la déchéance de nationalité d’être pour ceux qui sont contre mais aussi pour ceux qui sont pour ! Il sait que son rival toujours empêtré dans la mélasse des affaires judiciaires, le dos au mur, va dégainer plus vite que son ombre. Il va tirer à vue et tout faire pour définir un mode de désignation qui lui donne une chance de mobiliser l’électorat le plus motivé : celui de la Droite décomplexée et « dure ». Pour lui ce sera donc la provocation, l’outrance, la simplification et le tout pour le tout vital ! Il a tout intérêt à ce que Fillon vienne affaiblir son rival et que d’autres bonnes volontés lui donnent un coup de main. Pas grand temps devant lui : 3 mois maximum ! Tous les coups et surtout les tordus seront de sortie !
Et pendant ce temps la clan Le Pen attend ! La légitimation de ses propositions avance et mieux elles se constitutionnalisent devenant ainsi honorables. Les mots attentats, islamistes, migrants sont ressassés à l’envi et il est donc inutile de se les approprier. La Présidente est certaine d’avoir la couronne du premier tour. Si Juppé était désigné elle sait déjà qu’elle peut espérer récupérer les déçus du « à tribord toute »… Elle va laisser passer ce premier trimestre avec seulement la volonté de se « martyriser » face à quelques tracas judiciaires potentiels ce qui ne peut que renforcer son image de « seule contre tous ».

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