Il ne se passe plus une semaine en France sans qu’une catastrophe naturelle ne touche des populations de manière plus ou moins agglomérées. Immédiatement la collectivité se penche sur les effets de ces événements sans tenter d’en trouver véritablement les causes. Il est vrai qu’elles sont extrêmement multiples et que, parfois on en connaît certaines depuis des siècles. Ainsi les graves inondations actuelles en Hérault, dans le Gard, l’Aude ne sont que la résultante de phénomènes climatologiques parfaitement identifiés et connus sous l’appellation « d’épisodes cévenols ». Au cours des dernières décennies ils ont mis à mal ces départements de manière violente et ponctuelle causant des dégâts considérables dans des zones habitées.
Selon les statistiques ils se produisent en début de l’automne quand la mer Méditerranée en raison d’une longue période de chaleur favorise l’évaporation de masses considérables d’eau. Le réchauffement climatique ne va pas atténuer ce phénomène qui n’a un impact « catastrophique » que quand, à l’inverse la température est bien moins élevée sur le flanc ouest des Cévennes.
La rencontre provoquée justement par des vents poussant à la rencontre d’énormes quantités d’eau avec les contreforts frais des Cévennes provoquant des pluies torrentielles. Elles peuvent tomber au pied des montagnes ou sur les vallées des ruisseaux qui en descendent. L’air humide venant de Méditerranée se retrouve bloqué par le relief et provoque une série d’orages diluviens, l’air chaud revenant sans cesse au contact de l’air froid en altitude. Les situations orageuses de type cévenol s’accompagnent donc de fortes pluies liées à une activité orageuse régulière et très intense, ainsi qu’à des rafales de vent maritime.
Des lames d’eau se forment en quelques minutes et se succèdent ainsi durant des périodes plus ou moins longues grossissent les cours d’eau et inondent à grande vitesse les « cuvettes » proches du littoral. Il y a des siècles que les « épisodes cévenols » sont connus mais ils ne prenaient que très exceptionnellement l’allure catastrophique actuelle. Il n’y a qu’une référence terrible survenue le 12 septembre 1875 à Saint Chinian comme lors de ces derniers jours. Des trombes d’eau avaient fait monter le Vernazobre qui s’était transformé en véritable torrent de boue détruisant 150 maison et tuant près d’une centaine d’habitants.
Personne ne peut nier sérieusement que les modifications climatiques planétaires connues n’ont pas une influence sur ces « accidents » répétitifs puisque même l’hiver dernier des précipitations massives de neige avaient également conduit à des moments difficiles dans le Languedoc. Il faut cependant s’interroger sur l’impact de l’imperméabilisation massive des sols dans les effets de ces aléas climatiques « naturels ».
L’Hérault a connu une poussée démographique très forte. Le nombre d’habitants a crû en moyenne de + 1,5 % par an depuis 1999, ce qui place le département au 4e rang français, après les deux départements de la Corse et celui de la Haute-Garonne. Des milliers de permis de construire ont été accordés comme corollaires les aménagements routiers, les parkings, les réseaux de collecte des eaux pluviales, les surfaces de toiture ou de terrasse, les trottoirs et chemins en enrobé et plus encore la diminution des surfaces cultivées, la disparition des fossés naturels. La vitesse de « circulation » des eaux a été généralement augmentée par ces équipements réclamés par les habitants.
C’est un phénomène généralisé dans le pays mais qui a des conséquences dangereuses dans des zones où se produisent des événements du type de ceux que viennent de rencontrer les 3 départements du Languedoc. Le mal est irrémédiable et les plaines urbanisées sont condamnées à recevoir sans cesse le flux de ruisseaux ou de rivières transformées en torrents en quelques heures. Cette réalité s’applique à de multiples autres situations locales ponctuelles de ce type. Personne n’assume vraiment les conséquences de modes de vie reposant sur deux principes : le risque zéro et le confort collectif maximum. Les aléas climatiques perturbent ces certitudes de sécurité considérée comme un dû. Le malheur frappe de plus en plus vite que prévu et tout phénomène naturel qui y contribue est considéré comme une injustice. Pas encore divine mais ce n’est pas une hypothèse qu’il faut écarter, pour certains, dans l’avenir !
La situation créée par ces événements répétitifs va vite poser des problèmes économiques car les fonds de solidarité « catastrophes naturelles » sont épuisés après une année particulièrement chargée dans ce domaine. Et il va falloir se persuader que ce n’est que le début d’une période où les événements directement ou indirectement liés au climat vont se multiplier !
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C’est vrai que les »épisodes » que vivent les habitants du sud sont particulièrement graves. L’urbanisation à outrance et les désordres climatiques n’y sont pas pour rien.
Mais ces phénomènes, comme tu le fais remarquer, ne sont pas nouveaux : l’annonce de ces catastrophes me rappelle toujours un passage du livre d’André Chamson : » les Hommes de la Route », dont l’action se situe en partie dans la vallée de l’Hérault, au XIXème siècle (à Valleraugue, il me semble). L’auteur y décrit une inondation catastrophique et la terreur des habitants vivant dans la crainte continuelle dès qu’un nuage apparaît à l’horizon.