Sat, 08 Oct 2005 00:00:00 +0000
Le » Roquet de Neuilly » semble avoir eu peur, mercredi dernier, de se retrouver, un soir de 2007, à la Société Protectrice des Animaux Politiques (SPAP). Cette association, filiale de la Fondation Brigitte Bardot, recueille en effet, dans son refuge de Saint-Tropez, aux cotés des ânes, des chèvres et des cabots, les délaissés du suffrage universel. Elle se préoccupe aussi fortement des conditions d'abattage des plus âgés d'entre eux par des tueurs peu scrupuleux. Tout un programme politique d'un intérêt supérieur.
Elle avait donc sollicité le privilège de rencontrer, un mercredi matin, pourtant jour chargé, le plus qualifié des Ministres, pour évoquer, en tête à tête, ces perspectives douloureuses. Victime d'une violente prise de tête, cet homme providentiel, n'a accepté, selon la version officielle, que vers midi, de confier ses états d'âme à BB alors qu'il n'avait pas eu assez de forces pour se rendre au conseil de classe hebdomadaire de l'Elysée.
Brice Hortefeux, fidèle des fidèles, à sa sortie de la salle des » Profs en Sciences politiques « , a tenu à préciser que son mentor était » souffrant « . « Il est couché », a-t-il ajouté, comme un bon copain tentant d'excuser une absence douteuse d'un pote à une interrogation écrite. Il espérait ainsi obtenir un billet d'absence justifiée du » surgé » Droopy, sûrement très suspicieux en entendant cette excuse éculée de potache . Certains fourbes avaient en effet, immédiatement, transformé la migraine?en bouderie car il était improbable que Brigitte ait accepté d'être reçue dans une antichambre et encore moins, désormais, dans une chambre !
Le Roquet, qui prône la « rupture » dans la perspective de l’élection présidentielle de 2007, avait récolté, la veille, un zéro pointé de la part de » Crin Blanc « , excédé des commentaires proférés alors qu'il était en plein cours de » politique friction « à la télé. De là à penser qu'il refusait de s'asseoir à la même table que de honteux » libéraux réformistes « , il n'y avait qu'un pas que ces foutus journalistes avaient allègrement franchi. La migraine devenait alors l'arme politique suprême, consacrant un terrible et retentissant » je vous aime, moi non plus ! « . Le prétexte pour un divorce spectaculaire, le jour où, malencontreusement, deux de ses amis, occupaient la une de l'actualité. Alain Delon allait passer des examens? médicaux, et le toujours fin Depardieu, avait proprement assommé un paparazzi indélicat. Le coup d'éclat ayant peu de chance d'éclipser ces deux infos retentissantes, il semble que la prise de tête médiatique fut vite résolue par deux Doliprane 500 encore remboursés (pour peu de temps) par la sécurité sociale. Une tempête dans un verre d'eau effervescente.
En fait j'ai pensé, à ce moment là, aux matins où j'ai bien du mal à décoller, où je me réveille miné par un pan ou un autre de la vie publique, tourné et retourné, dans ma tête, durant une bonne partie de la nuit, où je suis tenté par le renoncement. Les gens ne supposent pas combien je doute de moi-même de mes décisions, de mes choix, de mes intuitions ; combien j'envie ceux qui n'ont que des certitudes, que de la confiance dans leurs qualités personnelles, que des ambitions. Alors, beaucoup plus que la fameuse tentation de Venise, c'est celle de la migraine qui pointe.
Elle me permettrait de tourner le dos, durant quelques heures, aux responsabilités, aux obligations, aux inévitables confrontations. La grippe n'est pas mal non plus, et la gastro constitue aussi un recours possible car moins durable. Prisonnier du respect des engagements pris, je finis par repousser l'idée même de la fausse vraie excuse pour traverser la Place et aller au contact des problèmes. Car forcément, ce ne sont que des problèmes qui affluent en quelques instants. Et, il faut le reconnaître, la migraine, la vraie, est tellement terrible qu'il vaut mieux ne pas l'appeler de ses v?ux.
Chaque jour, dimanche compris, je préfère aller chercher l'énergie d'affronter la réalité les mains nues, sans filet, sans autre soutien réel que celui que peut vous procurer l'amitié, la vraie, celle qui vous rassure. Elle devient cependant d'autant plus rare que vous demeurez authentique. Dans la vie publique actuelle il ne faut ni innover, ni exister, ni afficher ses faiblesses, ni surtout aller contre les idées dominantes. Il est indispensable de paraître avant d'être.
La proximité, tellement souhaitée par les électrices et les électeurs, les a transformés en vampires de la vie personnelle de leurs élus de la France d'en bas. Je ne songe absolument pas à le leur reprocher car je ne peux concevoir autrement mes mandats, mais ils ne se rendent pas compte que le cumul de toutes les ponctions énergétiques qu'ils font à leur seul profit, affaiblit les forces que je peux consacrer à l'intérêt général. Mais nul ne peut se plaindre. Les annonces de renoncement programmé se succèdent donc chez mes collègues. Ils préfèrent la fuite à la pression!
Je comprends donc que la migraine puisse constituer un refuge pour le » Roquet « . Il a le droit de n'être qu'un homme. Il a le droit de ne pas supporter le regard inquisiteur de ses copains de classe. Il a le droit de bouder dans son coin ministériel. Il a le droit de chercher à se soustraire à la pression de sa pesante ambition. Il a le droit, lui aussi, à certains moments, de se retirer du monde.Je le comprends car je suis certain que, sous sa couette, sans son épouse, avec de la glace sur la tête, osant à peine ouvrir les yeux dans une chambre aux volets mi-clos, il a pensé à ces pauvres gens qu'il fait expulser d'un squat lamentable pour les expédier dans l'incertitude, à ces immigrés ayant cru en notre pseudo Eldorado et qu'il met de force dans l'avion du retour, à Jean-Louis Debré, son ami de trente ans, qui a ironisé en déclarant : « J’espère qu’il va mieux mais ça se soigne, la migraine ». C’est sympa…On se croirait revenu à l’époque de Chirac et Balladur !
C'est probablement ce qui lui a redonné le courage de se lever vers midi pour retrouver BB, qui défend avec vigueur ces pauvres animaux de compagnie, sans toit, sans nouriture, séparés de leurs petits, et plus encore sans amis, alors qu'ils seraient 30 millions. Quant aux femmes et aux hommes… C’est une autre histoire!
Mais je déblogue?
BLOG SUP : Aujourd’hui je vous autorise à lire autre chose que ce blog (je plaisante). Amis de tous horizons, lisez « Qu’est-ce que la liberté d’expression? » le blog hebdomadaire de Jean Claude Guillebaud dans Sud Ouest Dimanche. Remarquable. Splendide. Exceptionnel moment de vrai éditorialiste!
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