Discrètement, car ça supposerait une longue introspection collective, les grands médias nationaux qui dégainent leurs certitudes plus vite que l’ombre de la réalité font machine arrière en été sur bien des sujets. Il est vrai qu’en été vous pouvez plus aisément, dans le grand silence aoûtien, faire oublier quelques erreurs d’avant vacances. On repart à zéro, comme si de rien n’était, et on sait fort bien que dès lundi plus personne ne parlera vraiment de ce qui avait fait l’actualité avant le 14 juillet. Combien de pages de grands hebdos enquêteurs, de quotidiens quotidiennement offusqués et combien de milliers d’euros ont été engloutis pour des reportages sur les listes secrètes des dépôts de fonds en Suisse? Et ça continue ! Un fort épandage nocif de suspicion a été déversé sur le monde politique en général. Ces pelés, ces galeux, ces véreux… avaient quasiment tous, du plus modeste ou plus prestigieux, ouvert des comptes sur les bords du Lac Léman. Sans avoir d’autre preuve que les dires d’un homme pour le moins suspect, sans véritable travail d’investigation, la meute des vertueux du compte en banque a entretenu les rumeurs les plus folles, avec l’espoir qu’un jour peut-être la réalité dépasserait leurs fantasmes. Le monde du profit financier, celui de toutes les professions sportives, du show-business, des affaires occultes… échappaient à la suspicion. Pas un nom n’était sur la liste honteuse.
On y est donc allé de ces supputations qui font briller dans les soupers en ville… Tous les gens qui « content » sornettes avaient des informations de première main, et jamais la définition de Coluche de la « source autorisée » n’était autant vraie. En fait, les éminents spécialistes accrédités de la politique, de l’économie, de la justice et de la police ont commenté et disséqué durant des semaines une information totalement bidon, portée par un pseudo-justicier plus menteur que les hauts dirigeants de sa banque… Comme pour l’affaire dite Cahuzac, il reste encore au moins autant de parties cachées que de parties visible, et on assiste à ce que, depuis 24 heures, on appelle un « nouveau rebondissement », qui n’est en réalité qu’un raté monumental !
L’ancien cadre de la banque genevoise Reyl&Cie, Pierre Condamné-Gerbier a menti. Ce dernier, auditionné à deux reprises par la commission d’enquête parlementaire française chargée de faire toute la lumière sur ce scandale financier, avait assuré détenir la liste d’une quinzaine d’hommes politiques français de tous bords détenant un compte en Suisse. Début juillet, il avait même affirmé l’avoir transmise à la justice française… sans que personne ne songe à vérifier si c’était une affirmation sans fondement ou une vraie démarche sérieuse. On pouvait se payer des politiques, alors autant se vautrer dans le « tous pourris ! ». Catastrophe ! Heureusement, en plein week-end du 15 août surgit la nouvelle qui tue : « Cette liste n’a jamais existé », assure son avocat commis d’office, Maître Edmond de Braun, dans une interview accordée à un journal spécialisé. « Il a utilisé cet argument pour faire taire les menaces dont il a fait l’objet à l’époque (…); mon client reconnaît maintenant que c’était un moyen de pression très maladroit », ajoute-t-il. Quelles auraient été les motivation de Pierre Condamin-Gerbier ? « Toute cette histoire a commencé avec un article publié dans Le Monde, que mon client juge diffamatoire », poursuit l’avocat. « Il a voulu rectifier dans d’autres médias ce qui était écrit sur lui, et s’est perdu dans cette démarche sans issue », déplore l’avocat ! Le jeu est classique. Dont acte ! Les médias qui ont aboyé avec la meute vont-ils annuler toutes leurs pages d’incertitudes transformées en évidences, et les télés vont-elles envoyer leurs fins limiers sur les rives du Lac Léman ?
Pour mémoire, l’ex-cadre de la banque qui a géré le compte de Jérôme Cahuzac pendant plusieurs années, a été placé en détention provisoire le 5 juillet dernier en Suisse, suite à son intervention devant la commission d’enquête parlementaire en France. La banque Reyl a déposé plainte contre Pierre Condamin-Gerbier pour « vol, falsification de documents et violation du secret professionnel et commercial ». De son côté, le parquet de Paris avait ouvert fin mai, une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale visant la banque. Rien de grave… Rien ne restaurera la confiance qui a été une fois encore détériorée sur le fond entre des auditeurs, des téléspectateurs et des lecteurs crédules et les fameux « politiques ». Bronzez tranquilles ! Personne ne rendra des comptes sur ces sous-entendus, ces rumeurs, ces interprétations découlant d’une déposition devant une commission d’enquête parlementaire sous serment, les yeux dans les yeux. En été, la vérité se fait discrète car il ne faut pas tracasser les vacanciers passés ou présents avec des broutilles aussi peu joyeuses. Surtout, ne perturbons pas les idées reçues et laissons accroire qu’il n’y a pas de fumée asphyxiante sans feu pervers !
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Le bonheur et le malheur viennent tour à tour, et s’entendent toujours sur une chose: nous occuper tout notre temps !
Pas de répit possible, aucune faille au changement de joueur, le match se joue sans fin, au fil des saisons. Si en été semble poindre en force le bonheur, qui ne reviendra que pour les fêtes hivernales, les demi-saisons font la joie du malheur.
En clair, tout ce qui éloigne de l’usine réjouit, ou se doit de le faire, tout ce qui en rapproche attriste ou se doit d’être un combat.
Il existe pourtant une autre voie possible, cesser de mettre sa vie en compétition et ne plus lever les yeux au tableau des scores.
Il se produit alors cet évènement fort curieux, privé de match, le terrain de nos jeux incessant devient vite jardin en friche.
Naissent alors quelques herbes folles, suivies de près dans leur croissance enthousiaste, par des légumes colorés et interdits, fruits d’un travail serein en toutes saisons.
Le bonheur et le malheur, obéissant comme il se doit à la loi universelle aujourd’hui du profit et de la rentabilité obligatoire ne mettrons alors plus jamais les pieds chez vous, n’y faisant plus recette.
Le papier journal, servant autrefois à l’énoncé des scores, reste un produit de consommation fort utile en toute saison:
en nid douillet à l’éclosion des graines au printemps
en boule pour le nettoyage des vitres en été,
comme coupe vent sous le pull, à vélo aux feuilles mortes
comme allume feu aux neiges d’antan et de demain .
Le seul problème qui reste pourtant insoluble, c’est que la sérénité ne produit pas assez de papier journal.
Et sans « feuilles de choux » la soupe à la grimace nous guette, plus personne ne parlant pour ne rien dire.
Une bonne occasion d’apprendre des langues étrangères,
Pourquoi pas, peut-être l’égyptien ?