Jean Moulin pris en otage par les héritiers du pétainisme

S’il fallait une preuve supplémentaire de l’orientation extrémiste donnée aux manifestations hostiles à la liberté de se marier selon la configuration qui convient à chacune ou chacun, on l’a eue à Lyon. Épouvantable mélange des genres que celui qui a permis à une poignée de manifestants de perturber par des cris détestables la cérémonie d’hommage à Jean Moulin. Se servir d’un rassemblement de ce type révèle vraiment la face de ce mouvement, manipulé par la Droite la plus réactionnaire ou un zeste fascisante. S’il est admissible et souhaitable de pourvoir manifester contre ce que bon vous semble, il est vraiment lamentable de se poster aux abords d’un rendez-vous puisé dans l’histoire de la résistance pour justement venir contester une loi républicaine. « Regardez comme ils sont beaux ces enfants, ils ont tous un père et une mère ! », a lancé un jeune homme, après qu’un chœur d’enfants eut interprété Le Chant des Partisans. Le perturbateur a aussitôt été maîtrisé, par le préfet du Rhône en personne, avant d’être extrait de la cérémonie sous bonne garde. Encore une victime de la répression socialiste, et plus encore un pauvre erre n’ayant eu que la volonté de profiter de ce que la République organise pour la combattre !
La cérémonie d’hommage à Jean Moulin et à la Résistance, à laquelle participait le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, et au cours de laquelle les forces de l’ordre ont dû contenir une poignée de militants anti-mariage gay. Ces manifestants tentaient de se faire entendre à distance.
Sur le chemin du départ, le chef du gouvernement a également essuyé les huées d’une… dizaine de mères de famille qui avaient réussi à s’approcher avec leurs poussettes ! Un courage exceptionnel que celui d’impliquer des enfants en bas-âge et s’en servir comme boucliers pour dénigrer les participants à un rendez-vous de mémoire. Et pas n’importe lequel.
Il faut en effet rappeler que Jean Moulin a payé de sa vie sa volonté (rare pour l’époque) de préserver la liberté, l’égalité et la fraternité dans un pays qui vivait sous le joug d’un occupant assassinant les juifs, les homosexuels, les communistes, les tsiganes… et tout ce qui lui résistait. En quoi cet homme admirable est-il responsable d’une loi démocratiquement votée, qui ne fait qu’accorder ce que les intégristes religieux refusent à des personnes aussi responsables que ceux qui copulent au nom de la volonté divine ! A Paris, devant le Panthéon, même cinéma avec 250 personnes comparant l’un des leurs, arrêté dans une manifestation non déclarée, et condamné à 2 mois de prison ferme.
Équipés de drapeaux tricolores (Jean Moulin savait quel était le prix de cet emblème!) et de drapeaux roses et bleus de la Manif pour tous, ils scandaient également divers slogans : «dictature socialiste» (sic), « libérez Nicolas » (Pas Sarkozy rassurez-vous il est…encore libre!) ou encore « Nicolas prisonnier, la justice en danger ». Certains portaient des… bérets et deux jeunes femmes arboraient des bonnets phrygiens, tandis qu’un camion sono diffusait une musique tonitruante sur la place du Panthéon.
Un scénario d’une autre époque, et surtout révélateur de la facilité avec laquelle l’extrême-droite inspirée par l’État français prônant travail (esclave du profit sanctifié!) famille (nombreuse de préférence), patrie (jetez à la mer tout ce qui n’est pas de pure souche française!) s’installe dans le quotidien républicain. Mégaphone à la main, un orateur a fustigé « le terrorisme (sic) intellectuel qu’on nous impose aujourd’hui », jugeant qu’« en France aujourd’hui, on peut être tout sauf un opposant à la loi Taubira ». Un ramassis d’approximations idéologiques qui devrait affoler la population éclairée.
Jean Moulin, plus jeune sous-préfet de l’Histoire au service de l’État, organisateur de la vraie résistance, pourfendeur discret des idéaux nazis dès la première heure se retrouvait dans un contexte ne pouvant que rappeler celui des années précédant la seconde Guerre mondiale ! En quoi Jean Moulin a-t-il un lien avec des gens prêts à tout détruire de l’ordonnancement juridique pour récupérer des voix ? On peut espérer que ces mêmes persécutés par le socialisme viendront avec autant de motivation combattre les condamnations formulées envers les ouvriers qui se battent avec leurs armes contre des patrons voyous ! En fait, pour eux la loi doit s’adapter à leurs idéaux d’un autre temps, et on doit exonérer les courageux combattants de dieu au prétexte qu’ils sont détenteurs d’une vérité de droit divin… Le Conseil national de la Résistance a prôné une toute autre vision sociale et Jean Moulin en a été l’instigateur, en rassemblant sur des valeurs, de vrais patriotes dans les rangs desquels ne figuraient pas justement les ascendants des manifestants. Pire, ils étaient dans le camp adverse ! Alors laissons Jean Moulin reposer en paix !

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Cet article a 7 commentaires

  1. Eric Batistin

    Jean Moulin, sous la torture a donné un nom de résistant, lui qui les connaissait tous, un nom un seul, le sien !
    Il en est mort, qui d’entre nous serait capable d’une telle abnégation ?
    Rendre hommage à l’esprit d’un être aussi exceptionnel n’a que peu d’importance au fond.
    Ce que je veux dire, et tant pis pour moi si je suis mal compris, c’est que Jean Moulin, monsieur Jean Moulin, est aussi indestructible mort qu’il l’aura été vivant.
    Son esprit résiste et résistera toujours à toutes les hontes et, cela est plus difficile à faire entendre, à toutes les gloires.
    Cet homme, de son vivant, s’est totalement désintéressé de son image, s’est éloigné de toutes les gratitudes, de tous les hommages, de toutes les récompenses, de toutes les marques de reconnaissance, ayant donné à sa vie un seul sens, un seul but, l’efficacité.
    Pourquoi voulez-vous qu’un hommage posthume, gracieux ou perturbé, l’atteigne en quoi que ce soit ?
    Alors, nous vivants, pourquoi serions-nous perturbés par quelques idiots revanchards assoiffés de sang.
    Je comprend la honte et la colère qui peuvent s’emparer des coeurs purs quand l’irrespect et la médisance sont érigés en liberté .
    Mais, monsieur Jean Moulin s’en fout, il et mort sans savoir la fin.
    Il est mort sans connaitre la joie de la Victoire.
    Et, en hommage à lui rendre, la preuve en est encore aujourd’hui, il nous faut savoir non pas rendre hommage aux batailles gagnées, mais bel et bien à la guerre menée.
    Et quoi de mieux pour éviter l’endormissement que trois couillons dangereux venus nous rappeler au combat un jour du Souvenir ?!!

  2. J.J.

    On retrouve bien là les dignes descendants des nervis qui venaient semer le trouble et la pagaille, quand ce n’était pas la violence, lors des manifestations contre la guerre en Algérie et en réaction aux exactions de l’O A S.

    Malgré les airs qu’ils se donnent, et contrairement à ce que d’aucuns voudraient nous faire croire, l’esprit (si l’on peut parler d’esprit !) n’a pas changé chez ces ultras, se prétendant « défenseurs des valeurs de l’occident ».

    Malheureusement beaucoup de naïfs se laissent piéger. Quand ils s’en apercevront, il sera trop tard.

  3. François

    Bonjour !
    Totalement hors sujet, J-M, et je te demande de m’en excuser mais n’oublions pas qu’ à 250 km d’ici, des français sont en lutte … contre les dégâts de la nature déchaînée.
    Je sais que ces gars sont endurcis aux problèmes climatiques et pratiquent la VRAIE SOLIDARITE, pas celle de l’hélicoptère pour officiels en chaussures vernies !
    Une seule question me vient aux lèvres:
    — Alors que nous sommes si prompts à voler au secours de champs d’opium, de réserves d’uranium ou de puits de pétrole, comment notre armée est-elle aussi absente de ce terrain d’action ? Sommes-nous aussi pauvres pour qu’aucune tenue kaki équipée de balai ou de raclette n’apparaisse dans les divers reportages ? Ou préfère-t’on ne pas priver ces pauvres parisiens de leur défilé du 14 juillet ?
    Aaaah, excuse- moi ( encore ! ), j’avais oublié que ces français blessés sont peu nombreux en pourcentage électoral et qu’ils sont juste aptes à payer des impôts en entretenant le paysage et surtout les pistes de ski !
    Cordialement

    1. Jean-Marie Darmian

      Bonsoir François,

      mais je ne vois pas le rapport entre… une manifestation d’intégristes contre une loi de la République et la présence de l’armée française sur le front des inondations… Et donc c’est exact : je suis hors de « ton » sujet !

  4. François

    Bonsoir J-M,
    Si j’ai attaqué mon commentaire par « Totalement hors sujet », c’est que JE considère celui-ci (ce commentaire !) comme effectivement « out »… simplement parce que je n’ai point mis le temps de recherche nécessaire pour le rattacher au billet adéquat.
    Néanmoins, je constate ta dérobade de politicien pré-retraité devant une question qui peut fâcher les copains du commandement: pour être plus clair,tu as bien compris le sujet mais ça ne t’intéresse pas et tu bottes en touche.
    En cette période de notation d’examens, nous dirons que cela mérite 1/20 ….pour le papier !
    Cordialement.

    1. Jean-Marie Darmian

      1/20 alors que l’association des contribuables réunis m’a doté d’un 19/20 pour la gestion économe de la commune de Créon… et donc pour la limitation à zéro de tout ce qui peut ressembler à un euro dépensé pour des frais liés à l’exercice de mon mandat… J’ai donc de la marge de progression ! Cordialement

  5. morland

    J’ai toujours été ému par Jean Moulin et par sa fin tragique.

    Cet Homme a été Résistant avant la Résistance…

    L’émotion me flingue toujours en plein cœur lorsque j’imagine « ce notable » alors préfet, refuser de signer un tissu d’ignominies que voulaient lui imposer les allemands, et qui accusait les soldats Sénégalais de l’armée française d’avoir assassiné des civils ! Jean Moulin savait que c’étaient faux, mais déjà son courage et son extraordinaire humanité lui permettront de faire face et de ne pas céder à l’envahisseur, même pour ces « quelques nègres » (formule ignoble encore employée aujourd’hui mais que dire « d’hier » ??) il ne cèdera pas et préférera se trancher la gorge plutôt que de risquer de trahir ses valeurs…

    Malraux disait que « c’est la mort qui fait de la vie un destin »…

    Sans doute est-ce vrai, mais jamais je n’oublierai la vie de Jean Moulin au-delà de sa mort héroïque.

    Merci Jean-Marie pour cet hommage à un Homme que j’admire tant.

    PS : A l’heure où le FN et l’UMP conjugent leurs valeurs, défendons celle de Jean Moulin et de « son terrible cortège », que la droite républicaine se bouge car à ce rythme là, des relents du passé vont rejaillir sur notre sociétée si affaiblie!!!

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