D'un 21 avril à l'autre : l'évolution inévitable !

Les mêmes causes provoquent les mêmes effets dit-on, chaque fois que l’histoire repasse un plat indigeste. A cet égard, le 21 avril restera dans l’histoire de la France comme une date particulière dont on n’imagine pas les conséquences qu’elle a eu ou aura sur la République. Il y a eu celui de 2002 qui plongea la Droite dans l’extase avec l’annonce d’une victoire de Chirac assurée au second tour d’une élection présidentielle que rien ne pouvait légitimer. Ce même soir ce fut l’effarement, avec l’élimination du candidat socialiste, qui devait s’effacer devant Le Pen ! A-t-on véritablement tiré la leçon de ce sombre épisode de la vie politique ? Pas sûr. Pas sûr du tout ! Le 21 avril 2013 méritera lui-aussi de demeurer parmi les sujets d’analyse pour élèves de sciences Po’, car il s’inscrit exactement dans la même logique.
Lorsque Lionel Jospin reconnaît sa défaite et annonce son retrait, personne ne se penche véritablement sur son échec. Je me souviens avoir été sollicité quelques jours plus tard pour une tribune libre dans Sud-Ouest. Je l’avais intitulée « retrouver les fondamentaux » pour tenter de persuader le monde politique de revenir aux valeurs essentielles de la vie sociale collective. Si Jacques Chirac axa sa campagne sur sa critique de la « pression fiscale » (tiens donc ça marche toujours!) et de l’insécurité (ça revient en force!), lui et Lionel Jospin souffraient de leur grande proximité, notamment sur les sujets européens où ils devaient collaborer, ce qui suscita la critique logique de la majorité des autres candidats. Lionel Jospin affirma que son programme était « moderne, mais pas socialiste » (n’ai-je pas entendu ça récemment?), achevant de brouiller les lignes et se plongeant dans le ventre mou de la gestion consanguine des réalités.
Le « troisième homme » fut pendant les premiers mois, le souverainiste de gauche Jean-Pierre Chevènement (n’existe-t-il pas encore sous un autre nom?) avant que la fin de campagne n’avantage Jean-Marie Le Pen, qui présentait un programme nationaliste en seize points, sans que jamais cependant un sondage ne le donne en ballottage. Tout le monde de gauche se ligua contre Jospin, l’accusant de ne pas pouvoir s’opposer à des licenciements groupés, de préférer la logique du rétablissement des équilibres budgétaires en réduisant les déficits, de passer par des augmentations d’ impôts, d’avoir créé des emplois-jeunes coûteux et non durables… Le Guignols de l’info caricaturaient « Yoyo » en insouciant niais et sans charisme. Le gouvernement hoquetait, empêtré dans des courants divergents, hérités de l’époque mitterrandiste. L’UMP avait du mal à digérer sa « primaire de 1995 entre Balladur et Chirac, mais comme nécessité fait loi, les traîtres avaient fait amende honorable avec néanmoins beaucoup de rancœurs dissimulées ! Bref, peu de choses ont changé 11 ans plus tard, avec une situation comparable et des attitudes similaires.
J’avais refusé publiquement d’appeler à voter Chirac car je considérais le 22 avril au matin que c’était lui offrir une victoire en toc dont la gauche allait payer les conséquences. Ma position ne m’avait valu que des critiques silencieuses de la part de ceux qui prétendaient que le « Front républicain » sauverait moralement les socialistes. Le Pen a construit toute sa légende sur le combat, sur la résistance, sur l’apostrophe provocatrice et on a offert au FN un second tremplin vers les sommets. Aucune proposition concrète, aucune crédibilité de gouvernance, aucune autre base que celle d’être martyrisé pour dire tout haut ce que la France profonde pensait tout bas. La crise de confiance dans le politique était déjà sérieuse; désormais elle devient mortelle ! Le 21 avril 2013 en apporte les preuves.
La Gauche est à nouveau éclatée et le gouvernement patauge. Quand c’était « Yoyo » Jospin qui était pris à partie, non pas sur sa politique mais sur les apparences de son image, on rigolait parmi ses rivaux; on s’attaque sans cesse à « caramel mou » Hollande exactement sur les mêmes bases. Haro sur le « socialo », avec des tirs croisés de Taubira, Chevènement, Laguiller, Besancenot, Hue, Mamère… alors qu’en face on effectuait du replâtrage idéologique d’autant plus aisément que la croisade anti-Le Pen redonnait une virginité aux anciens dissidents. En ce 21 avril, réunis derrière une banderole, les élus UMP ont pactisé avec le FN et ils ont ouvertement répondu à celles et ceux à gauche qui avaient appelé à voter Chirac dans la première version. Après le séisme du premier tour de la Présidentielle de 2002, les manifestations dans la rue n’avaient pour autre but que de faire barrage à celui qui maintenant a implicitement pris le contrôle idéologique d’une partie de la Droite de moins en moins républicaine ! Lentement, la fracture factice s’est estompée… et la porosité occasionnelle a laissé place à l’échange durable. La manifestation de ce jour n’avait pas d’autre but que de sceller un accord de terrain, évitant celui des appareils, entre les réactionnaires déjà émoustillés par le virage amorcé par Sarkozy durant sa campagne. Le PS aura donc désormais à combattre un Front national élargi, sans le soutien de la Gauche plurielle qui s’enfonce dans l’erreur en croyant qu’elle récoltera les déçus de la gouvernance actuelle. 21 avril 2002… 21 avril 2013 : la changement n’est pas pour maintenant !

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Cet article a 3 commentaires

  1. ANCONIERE Philippe

    Ce que tu dis est vraiment inquiétant. Les discordes ont toujours fait de la place aux adversaires. En 2002, c’est la droite qui en a bénéficié. Il semble que dix après, le même senerio se reproduise. Cependant, c’est le FN qui peut en sortir renforcé.
    Après le séisme de 2002, j’ai glissé de la Gauche vers le Centre à cause des discordes socialistes, pensant que F. BAYROU pouvait rassembler les forces socialo-humanistes de notre Pays. Il n’y ait pas parvenu.
    Trop gentil, trop candide à mon sens.
    Comme JOSPIN, il apparaît toujours comme un niais. Les français aiment les requins aux dents longues. Les français aiment les tappe-forts. Qui tappe fort aujourd’hui ? Certainement pas HOLLANDE ! SARKO 2 oui, mais surtout, toujours en embuscade LE PEN bis.
    en fait je crois que ni au Centre ni à Gauche personne de crédible n’est capable de tapper fort.
    Je l’ai écris il y a quelques jours, sur F Book, les militants de la gauche ont dépensé une folle énergie à faire élire F. HOLLANDE ; pourquoi ne réaniment-ils pas cette même énergie à soutenir son projet, à le soutenir pour aller jusqu’au bout. Il reste encore 4 ans à tenir, ça va être long, très long. Au risque de voir se reproduire un « 21 avril » mais à la faveur de l’extrême droite. Et ça, je n’en veux pas.
    Philippe Anconière

  2. batistin

    La Pub Litique

    D’aussi loin que je puisse me souvenir de ma première prise de conscience politique, c’est à dire depuis l’arrivée fort tardive de la télévision dans la maison de mon père, vers 1970, je ne vois que brouillard.
    Comment un être cathodique et plat a pu à ce point nous priver du moindre bon sens.
    Jusqu’alors, avant la télévision, la politique prenait son temps. Le temps d’arriver.
    On y songeait en cultivant son champ, et chaque décision prise par la force du groupe villageois se devait tout de même d’être validée par la réflexion.
    Réflexion sage et posée, calmement, en écoutant grand-père organiser le monde au coin du feu.
    Ce qui me laissa le temps alors, de comprendre ce que pouvait -être un nationaliste exacerbé en opposition à un patriote engagé.

    Aujourd’hui, essayez donc de vous balader avec un drapeau bleu blanc rouge en guise de cache nez, et dites moi donc dans quelle catégorie vous serez classés !

    Il s’agit donc, par la force imbécile d’un flux incessant d’images d’imprimer dans nos cerveaux trop lents « une image de marque ».
    Donc, ces jours-ci, une vieille moche mais un tantinet salope qui fait l’amour avec les doigts, ça c’est celle qui protège la famille en son sein.
    Un gros bonhomme huileux et défenseur des droits civiques, ça c’est l’avocat des droits gommés.
    Un mec qui hurle tout le temps qu’il faut tourner plus à gauche, c’est celui qui fait le beurre à droite.
    Et ah oui j’allais l’oublier, le gentil nain qu’on dirait l’ancien qui trônait dans le jardin, mais fait moins peur les soirs de pleine lune, ça c’est le chef !

    Et toutes et tous, ils ont un bout de drap bleu blanc rouge sur le cul ou les épaules, c’est « l’image de marque ».
    Avec ça, moi qui suit bientôt grand-père, je vais pas tarder à être dans le doute.
    Au moment d’expliquer à mon petit bout de choux, que la date de péremption correspond à la prochaine élection du yaourt en promotion, je vais avoir du mal à lui faire gober qu’en plus il faut se les farcir par douze.

    C’est à celui qui sera le plus chouette pour animer la galerie, histoire que monsieur Bouygues ne perde pas d’audimat. Sinon, punition extrême, il n’y aura plus de pub entre les débats politiques, ce qui est, mon petit la marque ignominieuse d’un désaveux général. Un désaveux mon Général !

    Merde, avec tous ces enfants que lui-même ne reconnaitrait pas, le grand bonhomme cathodique et plat, s’il avait su, « il aurait pas venu » !

  3. baillet gilles

    Les militants de gauche n’attendent que ça soutenir un projet de gauche et serait prêts à se mobiliser mais voilà, la polique de Hollande est libérale sur le plan économique, quelques efforts en matière éducative font la distinction avec le sarkozysme, pour le reste il y a continuité… Pourquoi se mobiliser pour la rigueur?

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