Ce qui fait souvent la spécificité française, ce sont les exceptions aux règles. Nous avons inventé depuis des siècles un principe essentiel pour bien comprendre la mentalité du pays de Descartes : il ne peut exister de vraies règles que par les exceptions qui en font justement tout l’intérêt ! C’est ainsi que chacune et chacun d’entre nous, formé à l’ancienne méthode de « hibou, chou, caillou, genou… » pense qu’il a des droits que les autres n’ont pas. C’est particulièrement visible sur les routes où il n’y a plus que la peur qui entrave les comportements hors du code établi. Nous pestons tous contre les radars ou la présence des gendarmes le long des routes, mais nous savons fort bien que nous pensons intérieurement que nous sommes au-dessus des règles. Et d’ailleurs, plus les automobilistes sont professionnels, plus ils enfreignent, au nom du principe qu’eux « travaillent », les bases de la citoyenneté. Il faut se rendre à l’évidence, les récents incidents liés à la neige confirment cette triste réalité. Des centaines de chauffeurs de poids lourds n’ont absolument pas respecté les interdictions, considérant qu’eux pouvaient échapper à la dangerosité des autoroutes. Ils ont ainsi bloqué les axes routiers, suscité des embouteillages monstres, contraint les services publics à intervenir… et se sont amèrement plaints devant les caméras du fait qu’ils avaient été abandonnés ! Bien évidemment, aucun d’eux n’avait été informé. Bien évidemment, c’est de la faute à toute la terre, sauf la leur. Bien entendu, ils ont tous une raison de ne pas avoir respecté… la règle et de s’être eux-mêmes mis en difficulté.
Le chœur des exploiteurs de toutes les situations a aussitôt embrayé pour critiquer la « puissance publique » et a profité du contexte actuel pour démolir les Ministres, les Préfets, les fonctionnaires et que sais-je encore. Ils sont à la fois responsables de la neige et surtout immédiatement mis en joue pour une exécution pour faute grave en « n’ayant pas su faire respecter leur propre interdiction ». Un vrai scandale : le gouvernement n’avait pas mis en place une cellule de crise nationale, et pire, il n’a pas envoyé immédiatement l’armée, les forces de l’ordre, pour obliger les chauffeurs de poids lourds, professionnels de la route, à ne pas enfreindre une interdiction de circuler ! La répression vis à vis de ceux qui ont été les « naufragés » n’a pas été, selon eux, suffisante ! Étranges affirmations que celles qui veulent qu’un fautif accuse les autres de ne pas avoir su lui éviter de contourner la loi ! Un peu comme si un voleur demandait des dommages et intérêts aux policiers qui n’étaient pas là au moment de son acte délictueux pour l’empêcher de le commettre. Tous avaient une bonne raison pour enfreindre la règle !
Pour le délégué général de la fédération nationale des transports routiers (FNTR), « il faut remettre les choses en perspective (sic) ». « C’est un peu facile de condamner les quelques comportements individuels (sic), certes condamnables (sic), et de passer sous silence tout le reste », a-t-il estimé, regrettant les dysfonctionnements dans la gestion de la crise par les autorités. Allons-y gaiement : en fait, les centaines de poids lourds qui ont refusé de s’arrêter ne sont pas responsables… de la pagaille qu’ils ont créée. Ils n’ont rien su, rien entendu, rien vu, rien lu, rien dit et surtout on ne les a pas verbalisés pour avoir tenté de circuler ! Le représentant des transporteurs routiers assure que, de plus, « l’A1 est un cas très singulier, car c’est un axe de transit pour l’Europe du Nord ». « Depuis des années chacun souligne que cet axe n’a pas été élargi et qu’il bloque immédiatement en situation de crise », a-t-il déploré. Il y a trop de circulation, de tous ordres, pour la capacité d’absorption de cette infrastructure ». Je me disais aussi que si l’autoroute avait été plus large… ils auraient été encore plus nombreux à s’entasser dans les congères, et les dysfonctionnements du gouvernement auraient été encore plus lourds !
L’irresponsabilité générale enfle. Plus personne ne gère son propre comportement et on se décharge sur les autres des conséquences de ses actes. On trébuche sur un trottoir et on cherche si la profondeur du trou permet d’impliquer la Mairie. Glisser sur le verglas se transforme en une mise en cause des services routiers. Griller un STOP ou un feu rouge ne constitue plus une faute dans la mesure où le panneau est trop haut et le feu pas assez coloré. Se tromper de route ne repose que sur une mauvaise signalisation. Échouer à un examen met en cause les enseignants et l’établissement. On en arrivera à accuser les médecins de ne pas savoir vous éviter de mourir. Et c’est essentiellement le gouvernement, les pouvoirs publics, les autres, qui sont responsables de nos défaillances morales ou matérielles. La répression, vilipendée sous tous les régimes, est appelée à la rescousse quand elle permet de rechercher une excuse à ses propres insuffisances. La faute revient aux autres dans ce monde où il est difficile de se remettre en question ! Il fallait que François Hollande empêche d’abord la neige de tomber, qu’il réchauffe ensuite l’atmosphère, qu’il dégèle enfin les routes, qu’il effectue illico une mobilisation générale pour éviter que des « exceptions à la règle » ne sortent de la difficulté où ils se sont mis…
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Nous pestons tous contre les radars…..
Que d ‘aucuns nomment « pompe à fric ».
Appellation impropre, il s’agit plutôt de pièges à con, et qui fonctionnent !
Le moyen d’y échapper ? A la portée de tout automobiliste : respecter le code de la route et en particulier les limitations de vitesse ‘(je sais, je ne vais pas me faire des copains ).
Question : Pourquoi, aussi trouve-t-on dans le commerce des véhicules qui peuvent atteindre 200 km /heure ?
Réponse (sous forme de question) : Est-on obligé de les acheter ?
Mais comme dit le conteur Yannick Jaulin : les gens sont toujours jamais contents….