Le gouvernement manque de liant et de cohésion comme le Paris Saint Germain. Sur le papier il y a des Ministre de talent et qui ont une vraie dimension internationale, sauf que nombre d’entre eux produisent du « JE » sans trop se soucier de l’intérêt commun. Le mal commence à être profond et dès que la camp adverse leur tient tête, ils laissent filer et reculent avant d’accepter, d’une certaine façon, la défaite. Leurs supporteurs renâclent et n’ont pas forcément des louanges à chanter dans les hémicycles où ils évoluent. Mieux, il arrive que certains encouragent les adversaires en faisant la grève du soutien. L’entraîneur manque de charisme, et le Président n’intervient pas, de peur de ne pas ressortir intact des vestiaires. Il en est ainsi pour les deux mi-temps qui sont actuellement jouées sur les réformes des scrutins et sur le fameux acte 3 de la décentralisation. A force de vouloir faire une place à tout le monde pour disputer des matches sévères contre l’équipe de droite, on en arrive à aligner une « formation » de bric et de broc qui finira, encore une fois, par une déroute.
Sur le premier sujet, il y a deux éléments non fiables qui posent de sérieux problèmes sur leur engagement : l’intercommunalité et le mode d’élection des conseillers départementaux. Il est certain que l’on se dirige tout droit vers des erreurs fatales, faute d’avoir pris soin de mesurer les capacités du terrain à admettre des changements. D’abord, en optant pour le scrutin proportionnel aux municipales dans toutes les communes, Manuel Vals a oublié les conséquences que générerait cette technique élective. Petites municipalités vite ingouvernables, car avec des majorités instables et vite dans la pagaille, compte-tenu de la fragilité des engagements individuels. Il y aura parfois 1 à 2 voix de majorité puisque le nombre de conseillers est parallèlement réduit, ce qui promet de furieuses empoignades sur le goudronnage des routes, le tarif de la cantine, le curage des fossés ou l’embauche du cantonnier.
En montant par ailleurs un système de désignation à l’intercommunalité sur la même base (proportionnelle ne pouvant s’appliquer dans les faits qu’à partir de 4 délégués), le gouvernement va, là encore, faire de l’outil (il ne s’agit pour moi que d’un outil et surtout pas d’une collectivité territoriale) des communautés de communes des enjeux dans lesquels vont se renforcer les querelles entre les collectivités les plus peuplées (forcément majoritaires) et les moins peuplées (les plus fragiles !). Ces dernières voient le nombre des élus baisser de 20 % alors qu’elles ont déjà beaucoup de peine à avoir des délégués pour toutes les instances auxquelles elles sont conviées… Bon courage à celles et ceux qui s’engageront dans un système où ils ne feront de fait que de la représentation. Par ailleurs, la pré-désignation sur des listes à la proportionnelle des conseillers dits intercommunaux, va également complexifier le montage des listes puisque, si le texte reste en l’état, ils devront être placés en tête, ce qui les placera pour l’opinion dans une situation de cumul d’un mandat d’adjoint communal et éventuellement de conseiller intercommunal ! Mais comme on ne trouve pas de solutions satisfaisantes, on va encore dégouter l’électorat d’un scrutin complexe et obscur.
Sur le second point, on découvre avec angoisse que les visions politiques sont totalement divergentes entre le mode de scrutin des conseillers départementaux et le contenu des compétences allouées directement aux… métropoles ! En effet, on a augmenté considérablement la taille des cantons pour passer à un « couple paritaire » dont personne ne sait vraiment comment il va fonctionner sur un territoire commun et peut être des votes divergents dans l’instance où il siègera. Bonjour l’ambiance, et personne n’a prévu les disputes sur un tas de sujets locaux (soutiens accordés différents, choix d’aménagement différents, disponibilité différente, permanences différentes, frais différents, présences différentes…) qui seront inévitables. Mais dans le fond, peu importe, la vie des couples ne saurait être un fleuve tranquille.
Par contre, tout le monde s’accorde à dire que les agglomérations seront désormais beaucoup plus représentées pour gérer le social, les collèges, les infrastructures routières, la politique de l’enfance, éventuellement les collèges et toutes les compétences que va garder le nouveau conseil départemental. Il faudra que les « couples » soutiennent ces politiques, alors que la loi de décentralisation les attribue directement aux métropoles. Comprenne qui pourra !
Pour faire simple, si la Communauté urbaine de Bordeaux s’érige en métropole, les conseillers départementaux de son territoire siègeront dans une enceinte qui ne pourra pas agir sur leur « canton » puisque les décisions appartiendront au conseil métropolitain ! Cherchez l’erreur : quel était l’intérêt de gonfler leur cohérence dans un conseil départemental où ils ne gèreront que les compétences applicables ailleurs que pour leurs électrices et leurs électeurs ? La fameuse égalité territoriale voulue par le scrutin tombera à l’eau ! On aura bel et bien une Gironde à deux vitesses avec, en plus, des pilotes qui ne sont pas concernés par sa conduite !
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