La tendance aux sous-entendus et aux approximations est de mode

Dans tous les secteurs de la vie publique, il n’y a plus de frontière entre la fonction exercée et la personne. On ne juge plus l’action, mais on se contente d’appréciations sur les à côtés de ce qui constitue le mandat reçu. Au cours de ses dernières années le mélange s’est accéléré au nom d’une certaine transparence et, plus encore, du droit à informer sur tout ce qui a trait aux éléments pouvant expliquer un comportement ou des décisions. Il faut une transparence qui correspond, en fait, à du voyeurisme, et des explications qui ne sont que des approximations, des apparences, ou à des saillies réputées incisives. Nul ne connaît véritablement la limite, puisque bien souvent, la bêtise cruelle et la rumeur persistante servent de provocations, poussant les individus concernés à réagir… ou à démentir ! La méthode est toujours la même : on balance avec l’espoir que ce soit compris sur la base du principe « il n’y a pas de fumée sans feu ! ». Trop souvent ces allégations, ces fuites, ces pseudos révélations, ces sous-entendus, ne servent qu’à entretenir l’opinion dominante, par des « auteurs » anonymes qui ont l’espoir qu’ils les rendront populaires !

Je vais prendre un exemple concret. Récemment, avec une trentaine d’amis d’origines sociales diverses dont plus d’une vingtaine n’avait aucun mandat électif, nous sommes allés en Inde, en voyage privé, comme tous les ans. Aucun lien avec mes fonctions électives, aucun rapport avec les mandats en cours, aucun autre financement que celui des voyageurs concernés…Un programme strictement composé par des personnes extérieures aux collectivités ou associations dans lesquelles je suis responsable. Et à l’arrivée, deux actes volontaires de dénigrement qui illustrent à merveille le climat actuel : « alors vous êtes de retour de votre voyage avec l’argent que nous n’avons pas ! ». C’est excusable, car l’auteur de ces paroles a oublié le passé… et perdu la mémoire. On reste coi et on est tenté de lui répondre en lui envoyant la facture du voyage et les dates de règlement. Et puis, au bout d’une certain temps, on se dit que ce n’est que le reflet d’une méchanceté destinée à blesser. Silence et on avale sa salive !

Il peut y avoir encore mieux, car la malhonnêteté intellectuelle n’a pas de limites. Dans un bulletin syndical, on peut trouver écrit « les conseillers généraux… voyagent en Inde, avec des propos réputés sarcastiques sur la pauvreté, et la comparaison que l’on peut faire avec les travailleurs sociaux du département. Il y a même une courageuse appréciation de « critique littéraire » qualifié, sur les chroniques parues dans ce blog ! Le tout est totalement anonyme bien entendu… et destiné à discréditer des élus qui ne sont pas aussi « limpides ». Des photos accompagnent cette affirmation, diffusée avec délectation. L’amalgame marchera, alors qu’il est totalement faux et même proche de la diffamation, avec un texte qui n’est pas « ampoulé » mais malhonnête ! Faire un parallèle entre un voyage de groupe d’une agence et la misère dans notre département et les travailleurs sociaux, se veut humoristique et surtout accusateur. Une dénonciation publique et tendancieuse d’une autre époque dont on sait combien elle fut funeste à la véritable démocratie, qui exige rigueur, recul et vérité. Les exemples se multiplient chaque jour ou presque, avec le même conseil donné par les entourages « ne réagissez pas. Laissez courir. Les chiens aboient et la caravane passe ». D’accord, mais le seul fait que l’on puisse, sans rien savoir, pour se parer des oripeaux des censeurs, diffuser de telles contre-vérités, me révulse.

C’est ainsi, nous sommes entrés dans une période terriblement inquiétante, avec une exigence morale très faible dans les rapports sociaux. Même sur des feuilles de choux, on joue au vengeur masqué pour faire le malin, en sachant que toute réponse serait immédiatement taxée d’atteinte à la liberté d’expression ou d’atteinte aux droits à l’information. Le confort de ceux qui confondent sans cesse les personnes et les fonctions repose sur la facilité qu’ils ont à prétendre voir une paille dans l’œil de l’autre sans se rendre compte qu’ils accumulent les poutres dans le leur ! Et dans de telles circonstances, il est facile de perdre le Nord dans n’importe quel canard, en se laissant aller au mensonge !

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Cet article a 5 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Je ne suis pas d’accord: tu DOIS répondre!!!
    Tu n’as pas à te laisser insulter de la sorte, et laisser s’immiscer le doute dans l’esprit de tes concitoyens….

  2. Denis PASCAL

    Bonjour Jean-Marie,
    Ta réponse est largement suffisante et accessible à tous, il me semble.
    Jamais tu ne pourras satisfaire les avides de la provocation gratuite que génère abondamment notre époque. Je ne suis pas si sûr que de répondre à tout va ne nuise pas plus que d’user de sagesse dont tu sais aussi faire preuve, et les citoyens qui s’y intéressent le savent.
    Comme ceux que j’apprécie, je t’encourage à rester dans l’action, c’est ce que tu fais de mieux.
    Amicalement

  3. MR

    Répondre, ne pas répondre… dilemme !

    Je me demande de quel bois tu es fait pour résister à tant de bêtise, de malhonnêteté , de méchanceté. Cette personne aurait allègrement dénoncé les juifs durant la dernière guerre. Je me souviens que la première fois où tu étais parti en Amérique du sud, tu avais du déjà affronter de telles insinuations.
    Je connais un maire qui a été accusé d’avoir acheté sa voiture avec l’argent de la mairie. Chaque fois, les bras m’en tombent. Et la boue continue de se répandre. Le principe de la rumeur n’est pas chose nouvelle mais les possibilités offertes par les « réseaux » dits « sociaux », l’anonymat qui va avec ne fait qu’amplifier le phénomène.

    Merci, Jean Marie, pour ton honnêteté foncière et pour ton courage !

  4. suzanne marvin

    la calomnie lancée par des lâches qui ne disent pas leur nom……..pour nuire …destabiliser…. ce n’est pas toujours facile d’avoir la sagesse de ne pas répondre….. les gens qui savent qui vous êtes vous font confiance et vous apprécient…..

  5. Alain BONNEAU

    Bonjour Jean-Marie,
    Je viens à mon tour dénoncer cet amalgame déplacé mais malheureusement de plus en plus pratiqué, donc rendu commun, qui dénote cette défiance maladive de personnes vis à vis d’autrui. Dans le journalisme, il est déontologique de vérifier ses sources et de les recouper, pratique éthique et responsable qui n’effleure plus vraiment les habitués du bavardage commentatif, dirais-je en créant ce néologisme, bien plus préoccupés de leur présence oratoire que des fondements de leur parole. Un mandat électif assumé impose certes une transparence des choix politiques, diversement assumée selon les personnes, mais n’oblige en rien à mélanger vie privée à vie publique (cf. notamment « la vie privée en péril » d’Alex Türk, président de la CNIL et du G29). Tu as toujours été une personne digne et honnête, précise sur cette distinction, et je tiens personnellement à témoigner de cette probité intellectuelle et de sa mise en actes, laissant de côté ces insuffisances de réflexion malveillantes tarir d’elles-mêmes. Je te souhaite de bons souvenirs de ce moment choisi en Inde que tu as probablement bien su nourrir de ta vivacité et de ton sens de l’humanité partagée.

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