La Grèce ne cesse de fondre !

L’Europe se complaît à expliquer de temps en temps que la crise s’estomperait et que dans quelques temps il serait envisageable de voir le bout du tunnel ! Des déclarations qui ne visent qu’à endormir l’opinion publique dominante et encore plus à rassurer les marchés qui, d’ailleurs, ne sont pas dupes. Il n’y a aucun doute : ce ne sont que des mauvais effets d’annonce, car rien ne permet de voir l’avenir en rose ! Les effets des politiques d’austérité ralentissent fortement la croissance et les événements constatés en Grèce risquent bel et bien de se démultiplier lentement mas sûrement. Les pays sont plus ou moins loin du mur, mais ils y finiront de toutes les manières si l’on ne revoit pas les conditions mises dans le redressement souhaité par les « prêteurs » ou les « sauveteurs ». La Grèce le constate une nouvelle fois. L’UE et le FMI attendent on ne sait quelles nouvelles mesures pour reprendre leur financement. Chaque jour qui passe accentue le désarroi du peuple grec ! A la manœuvre, les Allemands, tellement certains de leurs « bonnes orientations » qu’ils voudraient les imposer au monde entier ! La Grèce, pour eux, c’est véritablement un épiphénomène ! Ils attendent un improbable accord entre Athènes et ses prêteurs, en vue du versement d’une tranche de prêts de 31,2 milliards d’euros, non attribuée depuis le début de l’été. On tente encore une fois de boucher les trous en parant au plus pressé !

Les créanciers de la Grèce ne laisseront pas le pays faire faillite et travaillent sur l’hypothèse de lui accorder deux ans de plus pour remettre ses finances en ordre. Et la solution la plus certaine, c’est d’obliger le gouvernement, pour faire face à ses échéances dont la prochaine est de 1,6 milliard d’euros, à avoir recours à des emprunts de court terme. En fait, cela conduit à utiliser un « crédit revolving », dont on sait qu’il conduit à la cavalerie. Qui accepterait d’un ménage qu’il emprunte pour rembourser les mensualités de ses emprunts, déjà engagés pour assurer son fonctionnement quotidien  La Grèce sans ressources en hausse, en raison de la récession causée par l’austérité croissante, a besoin d’argent frais pour payer salaires et retraites, recapitaliser ses banques et s’acquitter de plus de 8 milliards d’impayés auprès de fournisseurs, notamment de médicaments. Incroyable mais vrai. La Grèce ne peut plus régler aux pays du Tiers monde ses factures de génériques destinés à son système de santé ! Et on annonce une nouvelle saignée d’économies budgétaires de 18,1 milliards.

La rue a eu beau protester et même se révolter, le processus est toujours le même : restreindre les dépenses pour ne pas augmenter finalement les ressources ! Toujours moins pour le peuple, ce qui conduit à toujours plus de difficulté à rembourser les sommes justifiant l’austérité ! Le pays a d’ailleurs besoin non seulement des 31,2 milliards gelés depuis juin, mais aussi du versement rapide des tranches suivantes qui étaient prévues, de 5 milliards en septembre et 8 milliards en décembre. Au total, avant que passe le Père Noël plus de 41 milliards d’euros à dénicher pour seulement faire face aux dettes ! Et malgré ce désastre, on va persister dans le même registre. Ce n’est qu’un épisode supplémentaire dans le surendettement dans lequel s’enfonce la Grèce !

On commence cependant dans certains milieux à douter de l’issue de cette spirale des emprunts pour tenter de rembourser des emprunts ! Le plan de redressement du pays, associant austérité à quelque 240 milliards de prêts et un effacement de 107 milliards d’euros de créances détenues par le privé, a échoué. La récession  notamment dépassé toutes les prévisions des analystes et elle poursuit vers des niveaux inédits ! Le chantage des organismes institutionnels devient de plus en plus prégnant, afin d’obliger le gouvernement hellène à encore réduire les dépenses. La misère s’installe donc chaque jour un peu plus en Grèce. Une multitude de mesures qui réduisent les salaires dans la fonction publique et les pensions, repoussent de deux ans l’âge de départ à la retraite à 67 ans, amorcent la réorganisation de la fonction publique et libéralisent le marché du travail, et des services viennent de s’ajouter à beaucoup d’autres. La consommation va inévitablement en souffrir rendant le pays encore plus fragile économiquement et bientôt politiquement.

En fait, ce qui est le plus scandaleux, c’est aussi que l’Allemagne et la France profitent de la crise grecque. Ainsi l’Allemagne a prêté 46,1 milliards d’euros à la Grèce, mais a aussi économisé, grâce à la crise, 60 milliards sur sa propre dette : l’Allemagne gagne donc de l’argent à la faveur de la crise. La France, qui emprunte à des taux très bas, aussi ! Grand bien nous fasse, mais la gangrène pourrait bien un jour arriver par les sud. Le peuple grec n’est pas responsable des difficultés de son pays et des erreurs commises par les gouvernements successifs. Vous sentez vous responsable du montant de la dette française contractée par l’UMP ? Qui a géré les finances de l’État durant ces dix dernières années en France? Qui a réparti les budgets, les dépenses sinon ceux qui actuellement aboient contre les mesures du gouvernement Ayrault et ont perdu la mémoire ?

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Cet article a 4 commentaires

  1. Nadine Bompart

    Mais pourquoi n’ont-ils donc pas voté pour Syriza ???????
    Il faut dire que tous les chiens de l’ultra-libéralisme (y compris Hollande, qui est allé leur faire une petite leçon de politique juste avant le scrutin…) ont hurlé au loup, leur prédisant l’enfer sur Terre si ils osaient se laisser tenter par la vraie Gauche….
    Tout ce qu’ils risquaient, c’était de voir leurs créanciers se planter le nez dans la boue et les armateurs et autres planqués se faire justement dépouillés….
    Tant pis… C’était un beau pays.

  2. facon jean françois

    Bonjour,
    vous avez raison, Le 3 novembre dernier, en effet, le laboratoire Merck a fait savoir par son directeur financier, Matthias Zachert, qu’il avait cessé de livrer l’anticancéreux Erbitux aux hôpitaux publics grecs en raison de factures impayées.
    Merck est le nom d’une famille d’industriels allemands qui a fondé deux entreprises mondiales Merck KGaA à Darmstadt et Merck & Co. En 2011, le médicament Erbitux a généré à lui seul un chiffre d’affaires de 855 millions d’euros (+4,3% par rapport à 2010) et contribué à hauteur de 15% aux ventes totales de Merck Serono, qui a dégagé une trésorerie de 1,2 milliard d’euros (+14%).
    Donc le cancer économique Grec ne rongera pas les profits des multinationales Allemandes… Nous voila rassurés.
    Bonne journée

  3. Cubitus

    Pendant que les Grecs, les Espagnols, les Portuguais, les Français se serrent la ceinture ou sont réduits à la pauvreté pour réparer l’incompétence, l’insouciance et la folie des grandeurs de leurs (irresponsables) gouvernants respectifs qui, eux, vivent dans le luxe et l’opulence, les banquiers se frottent les mains.
    Cherchez l’erreur…

  4. Vanmeulebroucke Guy

    Bonjour,
    Une UE de la finance et du dumping social en déconfiture et au milieu les peuples qui trinquent.Au delà des considérations politiques,que penser de cet article paru il y a un an,même si entre temps……????

    Comment Papandréou aurait pu éviter l’ukase du directoire Merkozie.

    Georges Papandréou a annoncé sa démission dimanche 6 novembre. Pour l’économiste Jacques Sapir, la Grèce disposait d’un plan B qui pouvait lui permettre d’échapper aux fourches caudines de l’Union européenne. Un plan que ne pouvait pas proposer Georges Papandréou.

    La crise de la Grèce s’est invitée avec une force toute particulière au G-20 de Cannes. Elle a révélé toute l’arrogance et la suffisance du couple Merkel-Sarkozy. Du lundi 31 octobre au vendredi 4 novembre, nous aurons vu se déployer l’hubris de la chancelière et du président à l’encontre de la Grèce. La cause ? Le projet, désormais abandonné, de référendum avancé par le premier ministre Georges Papandréou……..
    Cette décision pouvait même se targuer d’être démocratique : devant l’ampleur et la dureté des mesures décidées, rien de plus normal que de demander au peuple son avis.

    Mais c’était bien sur ce point que le bât blessait. Dans l’Europe telle que nous la connaissons, il n’est pas question de faire intervenir les peuples, si ce n’est pour les faire applaudir aux décisions prises. On pense alors aux indications de mise en scène de l’opéra Boris Godounov : « Le peuple est là et se tait »………

    Imaginons que le premier ministre ait eu en tête les intérêts de son pays et non pas ceux de la zone euro, ce qui après tout pourrait être normal pour un chef de gouvernement, et même constituer la moindre des choses. Il ne pouvait ignorer qu’il n’existe aucune procédure légale pour expulser un pays de la zone euro. Ceci a été dit et redit à de nombreuses reprises par les responsables du service juridique de la Commission de Bruxelles. Dès lors, Georges Papandréou aurait pu parfaitement prendre la décision de réquisitionner temporairement la Banque centrale de Grèce (pour une période d’un an) et lui faire émettre pour 360 milliards d’euros (le montant de la dette publique grecque) d’avances au Trésor public à un taux de 0,5%.

    Avec cet argent, il pouvait alors racheter la dette entre les mains des détenteurs grecs et non-résidents. Le fardeau des intérêts de cette dette – qui représente aujourd’hui environ 7,5% du PIB – aurait ainsi été ramené à 0,75%, contribuant à faire baisser de manière substantielle le déficit budgétaire. Des avances ultérieures auraient pu être consenties par la suite pour constituer une « cagnotte » du Budget, dans laquelle le gouvernement aurait pu puiser pour faire face aux déficits qu’il faudrait cependant maintenir jusqu’en 2015 ou 2016. Dégagé du poids des dettes accumulées, le gouvernement aurait pu se consacrer aux réformes structurelles indispensables, mais sans chercher à revenir à tout prix et rapidement à l’équilibre budgétaire, ce qui aurait permis d’assouplir les mesures d’austérité meurtrières aujourd’hui imposées à la population.
    On dira alors, et immédiatement, qu’une telle mesure devrait être inflationniste. Mais, rapportée aux 9 200 milliards d’euros du PIB de la zone euro (en 2010), cette création monétaire directe de 360 milliards d’euros ne pèse que 3,9%. Ce montant est tellement négligeable que l’effet inflationniste aurait été nul……..

    De fait, une telle mesure mettrait le gouvernement allemand au pied du mur. S’il est logique avec lui-même, et s’il veut respecter les décisions de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, c’est lui qui doit quitter l’euro. Mais alors, la zone euro libérée de l’Allemagne (et sans doute de l’Autriche et de la Finlande) pourrait s’organiser de manière plus rationnelle.

    Par ailleurs, l’euro, sans le poids de l’Allemagne, se déprécierait d’environ 20% tandis que le mark reconstitué aurait tendance à s’apprécier de 15% à 20%. L’écart de taux de change pourrait ainsi atteindre 33% (calculé à partir de la nouvelle valeur du mark retrouvé) ou 50%, depuis celle de l’euro maintenu. Cet écart serait plus que suffisant pour que les excédents commerciaux de l’Allemagne (réalisés à 60% dans la zone euro) fondent comme neige au soleil et que nous revenions à la situation de 2000/2001. On découvrirait alors que ce pays est en déficit commercial dans ses échanges avec les pays émergents…….

    Sinon, si le coût commercial d’une sortie de l’euro apparaissait comme trop important à l’Allemagne, elle pourrait prendre la décision de rester malgré tout dans cette zone, quitte à amender sa Constitution. Mais alors, elle donnerait raison à la Grèce, et gageons que d’autres pays imiteraient bientôt l’exemple d’Athènes. De proche en proche, nous aurions l’équivalent de l’« assouplissement quantitatif » que la Réserve fédérale américaine a réalisé. Il serait mis en œuvre non pas par la BCE, mais par les banques centrales de chaque pays.

    La poussée inflationniste serait en réalité très faible. Le montant total de cette émission a été estimé par le président de la Commission européenne, M. Barroso lui-même, à 2 200 milliards d’euros, soit un peu moins du quart du PIB annuel de la zone. C’est un ordre de grandeur équivalent à celui des « assouplissements quantitatifs » mis en œuvre par la Réserve fédérale américaine. Une telle injection de liquidités, dans des économies stagnantes, voire en récession, n’aurait pas l’effet inflationniste qu’elle pourrait avoir si la totalité des capacités de production étaient employées.

    L’euro se déprécierait par rapport au dollar, revenant vers un taux de change de 1 euro pour 1,15 ou 1,20 dollar. Ceci apporterait un ballon d’oxygène salvateur aux pays de l’Europe du Sud, mais aussi à la France où toutes les études économétriques, à commencer par celles réalisées par l’INSEE, montrent l’effet destructeur de la surévaluation actuelle de l’euro. Il ne resterait plus qu’à tirer les enseignements institutionnels de ces pratiques, en modifiant le statut de la Banque centrale européenne.

    Georges Papandréou n’a rien fait de tout cela. Il s’est même bien gardé d’en agiter la menace. Il a ainsi montré qu’il était bien le digne et loyal représentant d’un parti européiste, le PASOK, membre de l’Internationale socialiste. Ce faisant, il a laissé passer une belle occasion pour son pays, mais il a aussi choisi les institutions européennes existantes contre les économies et contre les peuples de l’Europe. Le couple infernal Merkel-Sarkozy aurait pu, et aurait dû, l’en remercier ! On peut cependant se demander si dans d’autres pays, une telle idée ne fait pas son petit bonhomme de chemin…

    MARIANNE2.
    Jacques Sapir – économiste | Lundi 7 Novembre 2011.

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