Mes derniers mètres en roue libre… avant l'école !

En roue libre en été, on a véritablement l’impression agréable d’emprunter une descente, tellement les efforts paraissent faciles pour parcourir la route du temps. On se laisse glisser en permanence vers l’objectif redouté des « cols » qui attendent lors des prochaines étapes. Brutalement… les difficultés reviennent. Certes, on le sait fort bien, mais on pense toujours que l’échéance arrivera le plus tard possible. Même si l’on doit poursuivre une activité, sur la pente estivale, elle n’a jamais la même pesanteur que durant le reste de l’année. Tout paraît plus léger et plus facile, alors qu’en fait, les situations deviennent plus complexes en raison justement du fait que… rares sont les « pédaleurs » actifs ! Dans le fond, l’excuse des vacances permet de ne pas sprinter pour rechercher une issue rapide aux enjeux du quotidien.

Certes, il existe des contextes professionnels qui exigent une sur-activité colossale pour satisfaire le plaisir des autres. Inévitable, puisque la vie ne repose que sur le principe des « vases » communicants : ce que les uns ne veulent temporairement pas faire doit être assumé par d’autres ! La nature qui, selon moi, n’a pas horreur du vide en été mais qui ne supporte pas, au contraire, le trop plein dévastateur, va tenter de s’accommoder de ces activités humaines paradoxales. Aller d’un lieu à l’autre le plus rapidement possible, exploiter au maximum le temps réputé libre alors qu’il ne l’est pas, s’agiter pour ne pas bronzer idiot : il est de moins en moins question de laisser couler les heures. En fait, il arrive souvent que les contraintes des loisirs ne soient guère différentes de celles du boulot. Et donc la philosophie avec laquelle on se déplace dans ces jours ou ces semaines est essentielle.

L’art de la roue libre prend dès lors toute son importance puisqu’il s’agit d’avancer relativement vite sans faire d’efforts. Une technique pas aussi évidente qu’on le pense, car appliquer le constat d’Albert Einstein voulant que « la vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » n’est pas si simple. Or on sait que l’on perd trop vite le sens des « équilibres » en vacances pour justement rechercher l’excès ou l’extrême ! Si l’on se repose trop, le retour à la progression en « danseuse » sera horriblement difficile pour celles et ceux qui n’auront pas l’occasion d’aborder avec méthode les premiers « lacets » du col des soucis !

L’avantage essentiel d’avoir traversé l’été en roue libre réside dans le fait que la pente de la reprise est moins exigeante, puisque la distance de tout ce qui a été parcouru paisiblement n’est plus à assurer. Prendre le temps d’observer les paysages construits par le labeur des autres rend heureux. S’offrir des pauses simples sur le bord de la route a toujours été jubilatoire. Mélanger avec habileté l’utile à l’agréable dans ses déplacements constitue le nec plus ultra de l’activité estivale. Retrouver le peloton des gens que l’on aime pour partager un « bidon » et une « musette » avec eux, appartient au bonheur de la roue libre estivale. Avec un brin de réflexion, on s’attache à ces mois d’été durant lesquels on travaille en se distrayant, et on prend un énorme plaisir à se mettre totalement à l’arrêt quand tous les autres pédalent comme des malades pour rattraper leur retard.

Oui, j’ai bien aimé vous retrouver pour vous faire partager mes foucades nées de mon parcours en roue libre sur des chemins ne sentant pas tous la noisette ou le chèvrefeuille. Je sais vous n’étiez pas nombreux à pouvoir partager ces chroniques trop longues et trop peu polémiques… car l’été doit être rapide et consensuel. On ne s’envoie plus de ces belles cartes postales, car on n’a plus le temps de les écrire. Alors les miennes ont été anecdotiques et ne resteront pas après cette journée de rentrée… au moment où le rouleau compresseur de l’actualité va écraser tous les souvenirs. L’été du superflu, de l’inutile, du calme a vécu. Place à l’essentiel, à l’indispensable, au tumulte pour les gens qui ne rêvent que du pouvoir… Attention, ils vont vous écraser si vous lambinez sur la route de l’avenir ! L’école revient…. ne vous asseyez pas trop au fond de la classe près du radiateur des illusions. On ne surmonte pas les difficultés en roue libre, mais ça fait vraiment du bien de sentir le vent de la liberté durant quelques semaines !

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