Dans le fond, j’apprécie de plus en plus un slogan de certains syndicalistes qui le 1er mai clamaient dans les rues des grandes villes: « nous sommes tous des salariés grecs ». J’ajouterai simplement des « salariés grecs… potentiels ». On peut même compléter par des « retraités grecs identiques ». En effet, la cure d’austérité décrétée de l’extérieur pour le premier pays européen en faillite potentielle n’épargnera que peu d’autres économies. Reposant sur le culte du veau d’or, elles vont trembler, puis lentement s’effondrer sous les coups de boutoir des spéculateurs qu’elles ont nourri, soutenu et même parfois protégé… Il faudra une grande habileté aux gouvernants de tous poils pour éviter que la vérité n’éclate. Ils vont tergiverser, louvoyer, tenter de dissimuler les réalités, mais ils finiront par annoncer, par étapes, des plans de rigueur dans un premier temps, puis des mesures progressives d’austérité, pour tenter de juguler les défaillances terribles d’une Europe politique aux abonnés absents de la crise. Même le Chef de l’État français avec ses petits bras musclés de sauveur de la planète ne pourra pas faire autrement. Il tente pour l’instant de gagner du temps, en profitant de l’anesthésie citoyenne d’un Peuple focalisé sur des perspectives à long terme (les retraites), alors que le navire coule !
En fait, comme les généreux donateurs n’ont pas le moindre euro vaillant, ils vont emprunter (sauf peut-être l’Allemagne et c’est la raison pour laquelle elle tousse) ce qu’ils prêtent aux… autres ! Il est donc important d’expliquer que les principaux bénéficiaires de cette décision seront encore une fois les grandes banques. Elles vont consentir des prêts à… 3 % qui permettront aux sauveteurs de la Grèce de leur attribuer des fonds à 5 % d’intérêt, alors que la Banque Centrale Européenne, qui regarde passer les trains, aurait pu faire mieux! Et en sauvant les Grecs, on sauve aussi nos propres banques, une fois encore engagées dans un processus de spéculation hasardeux. C’est un incroyable imbroglio, où les gagnants sont toujours les mêmes et où les perdants sont toujours les mêmes. On augmente la dette de la France et on la planque derrière… un taux d’intérêt plus élevé qui pénalisera ceux à qui l’on prétend épargner une faillite désastreuse.
Dans le cadre du plan de soutien financier de 110 milliards d’euros, co-financé par le Fonds monétaire international (FMI) et la zone euro, la France s’est engagée à apporter une aide maximale de 16,8 milliards d’euros à la Grèce sur trois ans, dont 3,9 milliards d’euros de prêts bilatéraux dès 2010. Ces chiffres correspondent à la quote-part de 21% que détient la France au sein du capital de la Banque centrale européenne (BCE). Le collectif budgétaire présenté prévoit le déblocage de 3,9 milliards d’euros de « crédits de paiement » et l’ouverture de 6,3 milliards d’euros d' »autorisations d’engagement », c’est-à-dire le montant maximal des crédits que la France pourrait engager si la Grèce ne parvenait plus à financer ses besoins de trésorerie… mais rien ne dit qu’elle le fera. Il ne s’agit en fait que d’un engagement à intervenir, aux autorisation d’ouverture de crédits, exclusivement destiné à rassurer les marchés financiers spéculateurs. Le gouvernement socialiste grec, en serrant la ceinture des revenus fixes mais en oubliant totalement d’envisager des mesures réelles sur la corruption, et plus encore une fabuleuse fraude fiscale (200 milliards d’euros) va encore une fois assumer les conséquences de l’incurie de ses prédécesseurs. Tenez, imaginons qu’un gouvernement socialiste sorte des urnes en France en 2012… Que devra-t-il prendre comme décisions pour gommer les « réformes » en cours ou à venir ? Quelle sera la situation de la France 2012, puisque plus personne ne paiera d’impôts, de cotisations sociales patronales, qu’aucune réglementation ne pèsera sur les profits strictement financiers, qu’il n’y aura plus de fonctionnaires pour réguler le système libéral de la marchandisation ? Sommes nous certains que ce ne sont pas les Grecs qui nous consentiront l’aumône ?
Si le prêt à la Grèce porte à 152 milliards d’euros le déficit public prévisionnel fin 2010, selon les prévisions gouvernementales, il ne devrait pas avoir de conséquences fiscales. « Il n’est pas question de signer un chèque en blanc aux frais des contribuables français », a averti la ministre de l’Economie, promettant d’être « extrêmement vigilante à l’égard des mesures prises en application du programme agréé par le gouvernement grec », en accord avec Bruxelles, la BCE et le FMI. Or on sait qu’elle est d’une fiabilité exceptionnelle sur ses prévisions. A cette fin, a-t-elle indiqué, « chaque versement du prêt sera naturellement conditionné par la mise en œuvre du programme d’assainissement des comptes publics auquel le gouvernement grec s’est engagé ». On se pince pour ne pas rire… C’est la poêle qui donne des leçons au poêlon ! Elle sait fort bien qu’à tout moment Bruxelles peut tancer le gouvernement sarkoziste pour non-respect des critères de Maastricht, ou pour le niveau de son déficit ou pour son taux d’endettement. Madame Lagarde est bien incapable d’annoncer à quel niveau sera le déficit 2010 puisqu’en 2010 il a été le double de celui qu’elle avait prévu !
L’Europe ne sort pas indemne de la crise grecque. La cure d’austérité exigée par les États membres à l’encontre du mauvais élève grec s’étend à toute l’Europe. Les ministres de l’Ecofin (Conseil pour les affaires économiques et financières), institution qui gère les finances des États, pourraient bientôt plancher sur un renforcement du pacte de stabilité entre les vingt-sept… et comme le thermomètre s’affole, on va le changer ! En fait, il y a une seule arrière-pensée dans toute cette démarche : aller vers une gouvernance encore plus ultra-libérale de l’Europe. Pour y parvenir, on va mettre sous tutelle les mauvais élèves, les contraindre à s’agenouiller et à briser le carcan potentiel des systèmes sociaux jugés trop protecteurs. La Grèce n’est que le maillon faible, celui que les autres éliminent comme à la télé avec Angela Merkel dans le rôle de Boccolini et Nicolas Sarkozy dans celui de la voix off !
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Hier soir encore aux infos sur la « 2 », on a eu droit à une explication logique de la situation et des remèdes à apporter.Le Canada et la Suède se sont trouvés dans la même situation et ont mis en oeuvre le remède miracle, qui leur a permis de faire face à la situation.
Quel est ce remède miracle ?
Ben voyons ! vous n’avz pas trouvé ?
C’est pourtant simple, il suffit de supprimer des fonctionnaires, pour de nouveau nager dans l’allégresse et l’abondance, élémentaire mon cher Nicolas !
Cela rappelle la tirade de Toinette dans le « Malade Imaginaire » : le poumon, vous dis-je, le poumon !
Le fonctionnaire, vous dis-je ! en oubliant de dire que derrière l’arbre de ce fonctionnaire budgétivore, ce pelé, ce galeux, ce privilégié (qui n’a même pas besoin d’un bouclier fiscal) se cache la forêt du Service Publique au service des citoyens.