Le gouvernement doit faire 3,9 milliards d’économie par an, s’il veut tenir ses engagements de retour à l’équilibre des comptes publics en 2017… Le premier verdict est tombé sur les espoirs du PS. La France est en ruines, mais personne ne va songer à demander des comptes à celles (rares) et ceux qui l’ont bombardée sans mesurer réellement les dégâts de leur déluge empirique de réformes. Et pour ne pas affoler le rentier et le patron, on tarde à dénoncer une situation sociale similaire à celle de la fin des années 40. Un rapport qui avait été commandé par le premier collaborateur du « Président de la république sorti » plante le décor. François Fillon, qui va venir pérorer en Gironde lors d’un déjeuner entre adeptes bien pensants, détaille les marges de manœuvre de l’exécutif en matière d’assainissement budgétaire. Et le maître mot est clair : il faut réduire des dépenses, et modérer les hausses d’impôts. « Une trajectoire de retour à l’équilibre qui reposerait essentiellement sur une hausse des recettes serait contradictoire avec les efforts visant à améliorer la compétitivité de son économie et le pouvoir d’achat des ménages », assure l’Inspection des finances. La spirale reste toujours la même et la recette identique. Les « spécialistes » font peur, car ils prédisent toujours des lendemains qui déchantent… et en fait, ils font de la politique à la place des politiques !
Baisse du nombre de fonctionnaires, gel de leur salaire et/ou de leur avancement, gel des pensions, réexamen des dépenses d’intervention (prestations, subventions)… Le rapport y va de sa liste de mesures drastiques à prendre de manière durable. Les recettes sont partout les mêmes, et il faut avoir beaucoup de maîtrise et d’imagination pour arriver à dérouler un autre scénario. Comme les inspecteurs des finances pensaient avoir à bosser pour le « pilote » du bombardier UMP, ils n’ont pas hésité à déverser tout ce qu’ils avaient dans les soutes. Selon la presse économique ils ont accentué la destruction méticuleuse qu’avait entamée la droite sarkozyste ! Le rapport prône ainsi une baisse de 1,5% des effectifs de fonctionnaires par an, soit 28.000 postes. Et évoque le « non remplacement de deux fonctionnaires sur trois partant à la retraite », alors que Sarkozy n’avait osé que le un sur deux !
Le rapport prône également un gel des pensions de retraites des agents de l’État, pour » faire contribuer les retraités aux efforts ». C’est la Grèce qui se profile…. si on se fie à ce document qui devait donner des arguments politiques à François Fillon. Au moins, on sait maintenant que l’on avait un programme UMP très différent de celui qui avait été vaguement annoncé. Il fallait noyer sous des flots « d’inutilités lepénistes » la purge en préparation. Et dire que les 10 et 17 juin, certains continueront à croire en des candidats UMP (ils ont très peu de candidates) ! La liste continue, avec la diminution obligatoire de l’aide au logement et aux anciens combattants, ou l’hébergement d’urgence… en définitive, la fatalité de la récession, de la compression, de la destruction.
Ce rapport pose véritablement l’enjeu des élections législatives : quel sera le rapport entre le poids politique de l’assemblée et les éternels maîtres de Bercy… Ce sont eux qui, depuis des décennies, ont pris le contrôle de l’État et ils imposent aux représentants du peuple, ministres compris, leur vision de la gestion politique du pays ! C’est de la capacité de résistance de la Gauche à ce type de plans que viendra le salut. Il n’y a aucune autre chance. Le gouvernement et les socialistes refusent le processus, car ils en connaissent parfaitement les conséquences.
Le ministre de l’Économie et des finances a annoncé que les objectifs seraient tenus sans austérité. » Nous avons nos propres voies et moyens, cela s’appelle un projet « , a-t-il insisté lors d’un voyage à Bruxelles. Ouf ! Martine Aubry a également repoussé la logique selon laquelle la résorption des déficits passerait « uniquement » par la baisse des dépenses. « Nous, nous pensons qu’il y a d’énormes marges de manœuvre en faisant rentrer des impôts complémentaires » visant « ceux qui ont eu tant de privilèges aux dépens des autres ». Il faudra vraiment une majorité pour voter et soutenir de telles mesures. Elle devra être solide et durable. Le moindre doute suffira à ébranler un plan qui sera soumis à des tensions calculées, programmées et mises en œuvre au bon moment.
Ce rapport témoigne des options que prendrait un gouvernement de Droite s’il détenait une majorité à l’Assemblée. Il pousserait le peuple à bout, avec l’espoir de mettre en péril le pouvoir présidentiel, et donner raison à celui qui prônait des mesures du type de celle de l’IGF. Ces propositions dévoilées devraient inciter massivement les Françaises et les Français à aller chercher un « vaccin » garantissant que le changement ne sera pas qu’éphémère. Encore faut-il qu’on leur explique les enjeux !
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