You are currently viewing Les Olympiades de la religiosité évolutive

Les Olympiades de la religiosité évolutive

Les compétitions sportives deviennent chaque jour un peu plus une opportunité d’expression de convictions religieuses. Complaisamment les caméras filment des démonstrations plus ou moins prolongées de pratiques liées à une croyance. Les Jeux olympiques n’ont pas été épargnés avec de multiples manifestations d’appartenance à une religion : signes de croix, invocation de la protection divine, prières paumes des mains dirigées vers le ciel, prosternation sur la pelouse. Et ce n’est rien avec le monde du football où toute entrée sur les pelouses se ponctue de gestes sans ambiguïté sur l’intrusion de dieux qui ne sont pas ceux des stades et leurs déclaraions post-épreuves sont parsemeeés de références religieuses. Il y a même des revendications de salles de prières dans les installations sportives et certains élus locaux cèdent en douceur à ce type de revendication.

La charte olympique est particulièrement claire dans son article 50.2 : «  Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique. » Et pourtant elle comporte des faiblesses criantes puisque que si elle condamne « le prosélytisme et les démonstrations politiques » elle autorise par ailleurs les signes religieux considérés comme des manifestations culturelles. Elle ne dit rien des manifestations ostentatoires d’appartenance à une religion. On a bien vu que si un athlète avait manifesté contre le massacre de la population palestinienne ou s’il avait témoigné à l’ inverse son soutien à Israël il aurait été immédiatement sanctionné. La politique est condamnable. La religion elle bénéficie d’une mansuétude liée à sa dimension planétaire.

La France malgré ses insuffisances est restée très bonne élève dans le domaine de l’application des valeurs de la laïcité. Il n’y a pas eu de manifestations intempestives dans les rangs de ses athlètes alors que l’on a constaté bien des abus parmi les autres nations. Sportifs et entraîneurs présents en équipe nationale ou à titre individuel peuvent être soumis à la neutralité sur le fondement de l’article L. 221-1 du Code du sport. Celui-ci dispose qu’ils « concourent, par leur activité, au rayonnement de la Nation et à la promotion des valeurs du sport », et contribuent ainsi à l’exécution d’un service public. A ce titre ils n’ont qu’une marge de manœuvre réduite dans le secteurs du sport de haut niveau. 

Il y a eu quelques débordements dont celui de la championne néerlandaise Sifan Hassan, médaillée d’or néerlandaise et détentrice d’un nouveau record olympique, portait un voile (hijab) lors de la cérémonie de clôture alors qu’elle ne le portait pas pendant sa course. Rien de ce genre parmi les Françaises et les Français. L’événement le plus grave aura été la polémique autour des certains tableaux de la cérémonie d’ouverture. Contre-vérités, approximations cultuelles et culturelles, atteintes à la liberté de la création artistique et plus encore extrémisme religieux malsain ont accompagné l’un des moments de l’œuvre bâtie par Thomas Jolly.

Les Jeux Olympiques ont eu le mérite de provoquer une réaction pour le moins superflue des…évêques de France. Leur Conférence a salué une cérémonie qui a offert « de merveilleux moments de beauté, d’allégresse riches en émotions ». Toutefois, ses membres déplorent « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme ». « Nous pensons à tous les chrétiens de tous les continents qui ont été blessés par l’outrance et la provocation de certaines scènes », écrivent-ils dans un communiqué, en dénonçant « des partis pris idéologiques de quelques artistes ». L’épiscopat français n’a toutefois pas précisé quelles scènes ils fustigeaient. Prudents car il ne s’agissait que d’une interprétation sommaire des soubresauts politiciens de quelques intégristes. Que l’on ait aimé ou détesté des passages de cette fresque trop longue le long de la Seine malsaine c’est de l’ordre logique de l’appréciation que chacun porte sur une création artistique.

Or Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture, avait pour sa part démenti s’être « inspiré » de la Cène. Serait-ce la Cène ? Ce n’était « pas mon inspiration », a répondu le concepteur du spectacle « Je crois que c’était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là, pourquoi parce qu’il est dieu de la fête […], du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve (…) Vous ne trouverez jamais chez moi une quelconque volonté de moquerie, de dénigrer quoi que ce soit. J’ai voulu faire une cérémonie simplement républicaine. »

La laïcité a d’ailleurs bien manqué dans ce cadre là. La liberté, l’égalité, la fraternité ont eu leur place. Ce fut un concert effarouché de tous les dignitaires religieux de la planète. Le crime de lèse-religion reste de par le monde le plus répandu et le plus terrible. Il est devenu le moyen le plus sûr pour les dictateurs et les tyrans de tous poils d’oppresser les peuples.

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 7 commentaires

  1. J.J.

    Je n’ai pas les éléments nécessaires pour juger en toute objectivité de cette affaire du spectacle d’ouverture des jeux olympiques, mais la seule image que j’ai retenue est celle qui au premier abord m’a évoqué affectivement le tableau de Léonard, et j’ai trouvé cela inconvenant, pour moi une atteinte à la Laïcité (et tu connais Jean Marie, mes opinions sur la question).
    Je ne mets pas en doute les arguments du réalisateurs mais, comme aurait dit Raymond Devos, « j’ai des doutes ». Mauvaise interprétation ? Erreur de mise en scène ? Je n’irai pas accuser le réalisateur de tartufferie, mais je n’ai pas non plus apprécié le message plus ou moins subliminal diffusé par certains médias tendant à considérer comme des béotiens le fait de n’avoir pas reconnu le tableau de Jan Harmensz van Bijlert , très bon peintre, certes, mais pas particulièrement célèbre, ni particulièrement talentueux pour un béotien comme moi.
    Quant aux port ostensible de signes religieux et de démonstrations de foi en des entités surnaturelles, elle sont deux caractéristiques : pour les uns , un moyen de contrôle sur les peuples, pour les croyants(certainement pour la plupart beaucoup plus intelligents que moi) une pathologie psychique connue sous le om de « dissonance cognitive, probablement incurable .

  2. J.J.

    Erratum : dernier paragraphe
    elles ont deux caractéristiques et non « elle sont »
    connue sous le nom et non sous « le om »

  3. Alain.e

    La plus grande fake news de l’ histoire , les religions , et des milliards de couillons pour le croire ….
    Je n’ ai que charité chrétienne, ah non , messie , pour ces pauvres âmes perdues , pour ces esprits si faibles qu’ils ont besoin de croire ….
    Je valide les récents propos de Sophia Aram
    https://www.lejdd.fr/societe/plus-dabrutis-criant-lislamophobie-que-de-personnes-indignees-par-les-talibans-la-charge-de-sophia-aram-contre-lobscurantisme-en-france-148859 .
    Malheureusement , notre laïcité est attaquée de toutes parts , et a mon avis , c’ est foutu , dommage , car c’ était vraiment une des plus grande avancée de l’ intelligence humaine et de la raison .
    Et pour ce qui est de choquer les croyants , c’ est eux qui me choque en balançant en permanence des âneries pareilles , en déniant la science , vive Bacchus .
    Cordialement , une petite gueule …

  4. facon jf

    Bonjour,
    alors moi personnellement moi même qui vous cause, les zeux jolympiques ont été une trêve des merdias, pas de radio, pas de télé cela m »a fait le plus grand bien.
    Concernant la place de Dieu dans nos sociétés ici et maintenant, je vous laisse consulter ce brillant article  »
    Un athée magnifique » Par Bertrand Vergely philosophe et essayiste français, professeur de philosophie en classes préparatoires. Auteur de nombreux livres philosophiques il aborde ici la réflexion d’André Comte-Sponville. Comte-Sponville se définit comme « athée non dogmatique et fidèle » : « athée » car il ne croit en aucun dieu, « non dogmatique » car il intègre le fait que l’athéisme est une croyance et non pas un savoir, « fidèle » car restant attaché à un certain nombre de valeurs morales, culturelles et spirituelles, tronc commun de l’humanité, transmises historiquement par les grandes religions. Je tiens à dire que je ne partage pas certaines positions politiques de B.Vergely concernant le mariage pour tous notamment.
    Voici l’article ici https://shs.cairn.info/article/RIP_258_0081?lang=fr
    Si vous n’aimez pas la philosophie vous pouvez zapper et pour les autres bon courage.
    Bonne journée

    1. J.J.

      bonsoir JF. J’ai commencé à lire le lien, je continuerai plus tard, car il faut faire chauffer la soupe, mais ça m’a l’air particulièrement intéressant.

  5. christian grené

    Bonjour aux revenants, à FJF en particulier, que JJ avait précédé de quelques jours, pour autant que je ne me lasse pas de lire leurs commentaires en suivi de la chronique du jour signée JMD.
    Petite question, donc, à FJF avant le coup d’envoi des Jeux Paralympiques. Est-ce que Comte-Sponville, avec son athéisme, intégrait que l’athlétisme pouvait être une croyance pour les accidentés de la vie?
    Juste un p’tit mot pourri… re.

    1. facon jf

      @ CG bonne question en effet ;-)))

Laisser un commentaire