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Une ministre en forme olympique

Il y a désormais plus de 50 ans, élu au conseil syndical du Syndicat national des Instituteurs de la Gironde, où j’ai tout appris de l’action publique, j’avais été promu secrétaire de la « Commission des Jeunes ». Cette anecdote me permet d’évoquer mon premier voyage en train vers la capitale. Je devais me rendre au rassemblement national des responsables investis de la même mission. Une aventure pour moi puisqu’à 23 ans je n’avais jamais effectué un périple similaire. Un voyage dans l’inconnu avec le métro (quelle galère) et la recherche de l’adresse de la réunion (autre galère) puisque l’arrivée matinale ne laissait que peu de temps pour parvenir à la réunion.

La rencontre était présidée par le tonitruant Limougeaud Michel Bouchareissas, orateur redoutable et dirigeant national déjà très influent. Il avait effectué le même parcours que moi de responsable de promotion d’école normale chargé des relations avec le SNI avant d’être appelé à la section départementale. La réunion était consacrée aux « suppléants éventuels », personnels vacataires, sans statut, qui assuraient les remplacements. Durant des décennies ce problème a constitué un sujet de polémique et de revendications dans le primaire. Il n’y a rien de nouveau sous le ciel de France. 

La nouvelle ministre a démarré son mandat sous le signe de la devise olympique en matière d’erreur politique : « plus vite, plus haut, plus fort – ensemble ». Elle a établi un record en la matière puisqu’en tentant de justifier son choix en matière d’éducation pour ses enfants? elle a réussi l’exploit de déclencher une grève nationale le 1° février dans le secteur dont elle a la responsabilité. Tout le monde sait que les remplacements des profs absents constitue en effet la difficulté principale actuelle de l’éducation qui fut nationale.

Le Président ne voulant pas de ministres « gestionnaires» mais « révolutionnaires », l’occupante du fauteuil de la Rue de Grenelle a toutes les chances de réussir. En matière de « gestion » des ressources humaines il n’y pas en effet plus lamentable que le secteur dont elle s’occupe. Le taux de remplacement dans les classes serait de 80 % pour les absences supérieures à 15 jours (rien durant cette période) avec une différence sensible entre le secondaire (taux plus faible) et le primaire. En fait le nombre de cours annulés pour diverses raisons ne cesse de croître.

Un rapport de la cour des Comptes sorti il y a un peu plus de deux ans alors que la majorité minoritaire actuelle était au pouvoir souligne que c’est dans le premier degré, le remplacement des professeurs des écoles est assuré dans près de 80 % des cas dès le premier jour d’absence. Ce qui n’est pas le cas dans le secondaire : en 2018-2019, près de 10 % des heures de cours y ont été « perdues », soit une perte en progression de 24% par rapport à l’année précédente. Les absences dites « de courte durée », c’est-à-dire inférieures à 15 jours, représentent à elles-seules près de 2,5 millions d’heures, dont seules un peu plus de 500 000 ont été remplacées. La réalité est là! 

Le premier problème réside dans le recrutement puisque les « titulaires remplaçants » ont exactement la même formation que ceux qu’ils suppléent. Depuis quelques années on sait que le nombre des candidat(e)s au métier d’enseignant chute. Le recours auser une affectation sont conservés en réserve pour des affectations considérées comme difficiles. Et parfois il reste des semaine sans travailler…

Un changement majeur est en cours : les familles acceptent de moins en moins cette situation, sans doute alertées par la crise sanitaire qui a mis en exergue certaines difficultés de l’école à assurer la continuité pédagogique. Elles ne décident pas toutes d’envoyer leur progéniture dans l’un des établissement les plus chers de France soumis à une enquête de l’Inspection générale (il sera tranquille maintenant…) sur les idéaux éducatifs qu’il prône. D’abord parce qu’elles n’en ont pas les moyens. Ensuite et surtout en raison de leur attachement à une éducation laïque et émancipatrice. Du moins il est rassurant de le penser.

A ce propos me revient une autre anecdote. Un jour dans l’école où j’exerçais une mère de famille annonce qu’elle sort ses enfants pour les inscrire dans le privé. Un coup rude pour l’équipe enseignante touchée par ces départs. Étonnement lors de la rentrée suivante quand la même personne se présente pour réinscrire ses garçons. La Directrice s’en étonne auprès d’elle en raison des reproches formulés un an plus tôt. La réponse fuse : « c’est plus cher et ce n’est pas mieux ! ». Tout était dit !

Ut !

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    le manque de personnel remplaçant dans l’EN n’est pas une nouveauté ! en terminale, notre prof de sciences naturelles (discipline maintenant promue au titre de SVT : sciences des= la vie et de la terre, ça en jette ! ) fut absent pendant plusieurs mois et ,e fut pas remplacé. À l’écrit du bac les sujets proposés en sciences nat. faisaient partie de ceux qui n’avaient pas été traités en classe. Heureusement nous les avions travaillés tout seuls !
    Maintenant, si vous voulez en savoir plus sur la nouvelle ministre….
    https://www.revolutionpermanente.fr/Absences-non-remplacees-dans-le-public-la-ministre-de-l-education-aurait-menti

  2. christian grené

    Audiovisuel, commerce et… (petite) cuisine. C’est le fonds de commerce chez Rachida DARTY.

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