Durant la rencontre face à Benfica Kyllian M’Bappé a tenté de renouer avec son statut de joueur providentiel. Malmené dans son poste de « remiseur » dos au but, il a tenté par des raids solitaires de démontrer qu’il était bien le sauveur escompté. Cette attitude traduit un malaise profond. Celui de la personne qui tente par tous les moyens de démontrer qu’avec abnégation il remplissait sa mission de « sauveur » en l’absence du Messi. Son statut revendiqué de leader indiscuté dépend de sa capacité à démontrer cette M’Bappé dépendance. Un penalty assumé et quelques éclairs dans une grisaille confortée par un mauvais Neymar.
Dans toutes les disciplines de la vie sociale, l’essentiel n’est pas d’arriver au sommet mais de parvenir à s’y maintenir. Les sentiers des montagnes à franchir vous forge un caractère quand les autoroutes de la réussite vous entraînent tôt ou trad vers la facilité. Si le principe Peter frappe à tous les niveaux d’une hiérarchie, il faut bien convenir qu’il est aidé par le complexe de supériorité encore plus fréquent et souvent couplé avec le précédent. Dans le football la puissance financière et morale donnée par la réussite financière et parfois sportive provoque des dégâts considérables. Il semble bien que M’Bappé ait été atteint de cette épidémie qui conduit à se croire capable de remplir tous les rôles.
Le jeune prodige dont on vantait la tête bien faite a brutalement basculé dans la melonite aigue. La signature de son contrat pharaonique en pétrodollars recouvre en effet des clauses inimaginables dictées par son entourage. On sent bien que la guerre du vestiaire fait rage au PSG qui ne deviendra jamais un grand club tant que sa philosophie générale sera la facilité et la supériorité supposée donnée par le « pognon ». Penser que les millions ou même au total les milliards peuvent acheter des comportements individuels intelligents relève de l’utopie absolue. En réclamant une sorte de pleins pouvoirs techniques autour de sa personne M’Bappé s ‘est mis lui-même sur la corde raide d’où il peut chuter à tout moment. Il se prend pour le roi ballon autour de qui tout devrait tourner rond ! En fait il est qu’un jeune talentueux qui a grandi dans l’aisance donnée par son talent.
Se pensant intouchable en raison son rôle passé dans des résultats somme toute médiocres de l’équipe, il est en passe de sombrer dans ce qui conduit systématiquement à l’échec : l’individualisme maladif. Il est vrai qu’autour de lui la pleureuse institutionnelle de Neymar ou l’arrogance catastrophique d’un Ramos, d’un Verrati ou d’un Kimpembé lui offrent des opportunités de se chercher une voie différente. Devenu « agaçant », « présomptueux » un tantinet « méprisant », « égocentrique » comme tous les enfants gâtés par la vie, il témoigne désormais d’une propension à donner brutalement des leçons sur tout et à tout le monde. Il gâche son image de jeune surdoué raisonnable et raisonné.
Cette attitude pose le problème plus large des rapports entre un entraîneur, fusible permanent, et des joueurs qui rapidement prennent de fait l’ascendant par leur poids sur les résultats. La valse des responsables se poursuivra au PSG. Galthié paye déjà une erreur manifeste de recrutement : le Paris Saint-Germain n’a pas d’avant-centre et il va traîner toute la saison deux problèmes : faire jouer obligatoirement son trio MNM alors qu’il ne peuvent pas compenser l’absence d’un vrai buteur ou placer M’Bappé à un poste qui n’est pas le sien et donc le mécontenter. Il sera difficile de franchir au printemps, après une Coupe du Monde abracadabrantesque, les éliminations directes de la Champion’s League. Pour le moment les révoltes seront glissés sous la moquette qatari mais les vœux du nouvel an risquent d’être compliqués.
En prenant le ballon hier soir pour tirer le penalty M’Bappé a affirmé qu’il assumait son statut de patron par contrat. Il avait à la fois besoin de se rassurer et plus encore de le démontrer. Sa réussite n’a pas éclipsé deux ou trois excès d’individualisme et surtout un manque de réussite patent Le gamin doute! Il n’est visiblement pas bien dans sa tête. Il gamberge et n’a plus l’assurance ou le toupet qui lui permettaient de transformer les besognes de « pousse-citrouille » en actions féeriques. Il lui faudra retrouver l’envie de jouer et surtout la simplicité qui faisait sa force.
Le monde du ballon rond a vu tellement d’étoiles filantes traverser les terrains que rien ne saurait étonner. Celle du PSG pourrait si le ciel des Bleus s’obscurcissait, avoir bien du mal à éblouir au cours de cette saison. Cette situation se répète avec les enfants de la balle considérés comme des prodiges et qui manquent de prodigalité dans leur comportement. M’Bappé n’y échappera pas. Et les rumeurs vont aller bon train… sur ses états d’âme d’enfant gâté devenu forcement boudeur et capricieux.
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Bonjour Jean-Marie,
Je préfère ne pas apporter de commentaire superflu au sujet du jour. M’Bappé par-ci, M’Bappé par-là! L’ego du jeune homme est tellement boursouflé que j’aurais préféré le voir jouer au Lego. Y’en a a marre, vraiment, de ces comportements de star dont les médias de toutes sortes font leur choux bien gras. Beurk! Passons à d’autres sujets. La planète n’est pas un ballon de football.
Oui, oui, j’en Neymar.
« Les sentiers des montagnes à franchir vous forge un caractère quand les autoroutes de la réussite vous entraînent tôt ou tard vers la facilité. »
Que voilà une belle métaphore ! (à moins qu’il ne s’agisse d’une catéchrèse…)
Après ces deux avis de mes amis Christian et J.J. , je n’ai plus grand chose à rajouter sauf ce conseil : France, attention de ne pas pourrir tes enfants ! Et cet espoir : en espérant qu’il n’est pas trop tard !
Ce conseil à M’Bappé qu’hélas pour lui il ne lira jamais… » tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise… » Et même s’il la lisait, sa tête de melon n’en aurait cure… Je demande aux melons de m’excuser !
Je ne suis pas fana de foot et n’ai pas suivi ces matchs du PSG autrement que par bribes sur France-Info dans la voiture.
Le papier de Jean-Marie tape juste. J.J. a relevé une excellente métaphore. De mon côté, lorsque j’ai lu « les sentiers… » dans ma tête je me suis murmuré « …de la gloire ». Eh non, nous sommes en haute randonnée…
Je regrette le M’bapé de Monaco, à la fois sur le terrain et hors terrain.
Bonjour,
les jeux du cirque ne me passionnent pas, je préfère un bon livre.
« Le travail physique épuisant, le souci de la maison et des enfants, les querelles mesquines entre voisins, les films, le football, la bière et, surtout, le jeu, formaient tout leur horizon et comblaient leurs esprits. Les garder sous contrôle n’était pas difficile. […] Il n’était pas désirable que les prolétaires puissent avoir des sentiments politiques profonds. » Orwell 1984.
Ou encore » Pratiqué avec sérieux, le sport n’a rien à voir avec le fair-play. Il déborde de jalousie haineuse, de bestialité, du mépris de toute règle, de plaisir sadique et de violence ; en d’autres mots, c’est la guerre, les fusils en moins. »
Et pour finir toujours Orwell « Un état général de pénurie accroît en effet l’importance des petits privilèges et magnifie la distinction entre un groupe et un autre. »
Pour M’bappé ce sont des trèèèèès gros privilèges.
Dans le foot le seul qui prend tous les coups sans être payé c’est le ballon .
Bonne journée
Une bouteille à la mer… En l’absence de notre chronique journalière (notre Jean-Marie serait-il souffrant ? Hi Hi ! Hi ! ), je me replie stratégiquement sur cette rubrique d’hier. Merci de nous donner de tes nouvelles cher ami… !