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Le sport sans scrupule se dope aux pétrodollars

Les organismes ayant en charge le sport spectacle professionnel ne reculent plus devant les décisions ouvertement motivées par des considérations financières. Le maintien de trains de vies fastueux des grandes fédérations internationales constitue la préoccupation essentielle des dirigeants souvent rétribués comme des PDG de multinationales. Ils arrosent partout pour de strictes préoccupations électoralistes et s’arrogent des privilèges dissimulés sans qu’aucune instance puisse en contrôler les effets. « L’important c’est de participer à la répartition des bénéfices » d’une manière ou d’une autre.

La Coupe du monde attribuée au Qatar n’est que le révélateur d’un système totalement perverti. La FIFA a accepté tout et n’importe quoi au nom d’une rentabilité exceptionnelle. Les critères du climat, des travaux pharaoniques dans un État ne comptant pour leur réalisation que sur l’exploitation d’une immigration martyrisée, les conséquences sur les championnats nationaux, les réalités des Droits de l’Homme : aucun sens et aucun intérêt.

La FIFA a gagné 5,4 milliards de dollars de revenus grâce à la Coupe du Monde 2018. C’est un bond de 16 % par rapport à ses revenus de l’édition 2014. Mais en tant qu’organisation à but non lucratif, la FIFA réinvestit la plupart de ses gains dans le développement du football. En 2018, 4,3 milliards de dollars ont été directement investis dans des programmes de football sans que réellement les licenciés de base y trouvent leur compte surtout dans les pays sous-développés.

La FIFA a généré plus de 3 milliards de dollars de revenus provenant seulement des droits TV cumulés lors de la précédente Coupe du Monde. La popularité du football dans le monde entier a alimenté une concurrence féroce entre les diffuseurs mondiaux. Tous les records devraient être battus dans quelques semaines. L’instance dirigeante du foot mondial a annoncé qu’elle était en bonne voie pour dépasser son objectif de recettes prévues de 6,44 milliards de dollars ​pour le cycle 2019-2022 et qu’elle se dirigeait vers la barre symbolique des 7 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) sur la période. Alors que des écrans géants soient dressés sur les places ou dans les stades des grandes villes françaises n’a pour ce bilan aucun impact.

Lorsque l’on apprend que l’Arabie saoudite a été désignée pour accueillir les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 à Néom une mégapole futuriste en construction dans le nord-ouest du royaume désertique, a annoncé le Conseil Olympique d’Asie on peut considérer que le mouvement sportif se déconsidère toujours plus. Des milliards de dollars tirés de l’exploitation des énergies fossiles vont être investis pour créer les conditions hivernales adéquates au milieu du désert. Absolument tout sera artificiel et en contradiction avec les engagements qui devaient être respectés sur la diminution du réchauffement climatique.

Là encore toutes les réalités liées au non-respect des Droits de l’Homme, au fait que le pays d’accueil est engagé dans une guerre terrible au Yémen et que les fonds nécessaires sont ceux que procurent la vente d’énergie à prix fort à chacune et chacun des couillons que nous sommes, conduisent à considérer que la géopolitique et le profit sont des valeurs olympiques. D’ailleurs le ministre saoudien des Sports ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il a fait état du souhait de son pays d’organiser un jour des… Jeux olympiques. Et il les obtiendra sans problème car plus aucun pays n’aura les moyens de les organiser à part… la France !

Un responsable égyptien a lui déclaré le mois dernier que l’Égypte, la Grèce et l’Arabie saoudite avaient entamé des discussions sur une éventuelle candidature conjointe pour la Coupe du monde de football en 2030. Et ils l’obtiendront si le chèque saoudien est suffisamment élevé. Les compétitions internationales otages de la folie des grandeurs dévastatrices des organisateurs deviennent démesurées et mobilisent des budgets colossaux. Les équilibres économiques sont fallacieux car il reposent sur des « retombées » prévisionnelles estimées sans tenir compte des impacts négatifs (sécurité, mobilité, dégâts environnementaux) souvent assumés par la puissance publique.

Croire que le système national ne suit pas le même chemin serait faire preuve d’une naïveté désarmante. Actuellement la totalité des aides accordées par exemple aux clubs de football ou de rugby partent dans les engagements d’équipes, les licences, les frais de matchs ce qui transfère en fait les fonds vers les ligues et les fédérations. Plus personne n’aura vraiment les moyens dans un proche avenir d’accueillir des compétitions nationale ou internationales surtout dans des sports qui n’attirent pas les télés en raison de leur faible audience. Il y aura donc dans quelques années les manifestations pour ultra-riches et celles pour les ultra-pauvres !

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Cet article a 7 commentaires

  1. christian grené

    Mens sana in porcs dorés salauds.

    1. Gilles Jeanneau

      Tout à fait, Thierry, dirait Jean Michel (qui se la coule douce pas très loin d’ici!)
      Bonne journée à toutes et tous

    2. Laure Garralaga Lataste

      @ à mon ami christian…
      PD… G ( mes excuses… c’était si tentant !)

  2. Philippe Labansat

    J’ai été élevé dans le culte du sport (je pense beaucoup à mon papa, mes grands-pères, mon oncle), pour tout ce qui est des valeurs de développement individuel et collectif, de dépassement de soi, de bénéfices en matière de santé, de passerelle pour la fraternité, à tous les niveaux.
    J’avoue que le glissement général du sport spectacle, vers une marchandisation, une corruption, une tricherie généralisée, le « tout pour le fric » a fait tomber toutes mes illusions.
    J’ai pourtant pratiqué le sport intensif de compétition à un honorable niveau national avec toujours cet idéal de dépassement de soi, de loyauté, de rapports amicaux profonds et de rivalités fraternelles.
    Là où, avec les copines et les copains on se défonçait bénévolement pour financer nos transports, nos équipements, nous voyons aujourd’hui nos homologues qui se font rémunérer pour pratiquer leur sport.
    C’est grotesque !
    Progressivement, j’ai délaissé tous les spectacles sportifs rémunérés, télévisuels ou non, qui ne provoquent plus, chez moi, que la nausée : coupes ou championnats, du monde, d’Europe, meetings, jusqu’aux jeux olympiques, pourtant le sommet en matière de sport. Il y a désormais quelque chose de pourri au royaume du sport.
    Maintenant, je reste convaincu qu’en se tenant strictement à l’écart de tout ce qui le pervertit, le sport est quelque chose de formidable pour tous et toutes et à tous les âges de la vie…

    1. christian grené

      Je crois me souvenir que les Labansat étaient comme des poissons dans l’eau à la piscine. Ils ne nageaient pas en eaux troubles, eux.

      1. Laure Garralaga Lataste

        @ à mon ami christian qui n’en perd pas une… « errare humanum est –

    2. Laure Garralaga Lataste

      Estimado amigo, es-tu toujours aussi sûr qu’aujourd’hui tes valeurs soient encore partagées ?

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