Propos que j’ai tenus lors de l’intronisation de Joël Aubert récemment disparu dans l’association de Bienfaisance de Cruches sadiracaises en 2019
« Mon cher Joël,
C’est avec un étrange mélange de beaucoup de fierté et un soupçon de trac que j’ai la charge de vous proposer, chères et chers amis, de recevoir dans notre confrérie de mon ami Joël Aubert.
Fierté que cette tâche de te faire renouer avec ton passage sadiracais me soit confiée par mes confrères cruches et cruchons. C’est vraiment un honneur pour nous que tu aies accepté l’invitation de notre grand maître. Toi qui as déjà eu droit au plus prestigieuses réceptions en raison de ton goût prononcé pour les produits de ce vignoble que tu portes dans ton coeur, tu acceptes aujourd’hui de nous rejoindre.
Tu as en effet toute ta place parmi nous puisque sous les pavés descellés de mai 68 tu n’as pas trouvé la plage mais la terre de Sadirac. Même si bien évidemment tu foules depuis longtemps celle de la Haute Gironde où pousse le vignoble chéri par ton père c’est chez nous que tu avais choisir de t’installer pour débuter dans ce que l’on nomme la vie familiale et faire ets premiers pas au sein de la rédaction de Sud-Ouest.
Ancien élève du collège de Saint Yzan de Soudiac puis du Lycée Max Linder de Libourne tu as vite été habité par une passion, celle du journalisme.
Tu avais atteint l’objectif de ta vie en entrant en 1964 dans la prestigieuse école supérieure de journalisme de Lille dont tu sortiras en 1967 pour vite rejoindre le grand quotidien républicain régional Sud-Ouest dont le patron est alors un certain Henri Amouroux, personnage ayant le flair pour dénicher les talents.
À son départ en 1974 tu deviendras très vite, après divers séjours dans les agences du groupe, l’un des proches de Jean-François Lemoine avec lequel tu noueras des rapports d’estime et d’amitié réciproques qui ne se démentiront jamais.
Joël peu de nos amis savent que tu fus Sadiracais. Nous ne sommes plus que quelques-uns à nous souvenir de ce grand bonhomme chevelu et barbu qui habitait le moulin du bourg de Sadirac propriété du Grand-Verdus.
Le foyer des jeunes (oui il y a eu à Sadirac durant quelques temps un foyer des jeunes) bénéficia de tes conseils et de ton soutien.
Bien évidemment dans un village où l’instituteur pratiquait au sein de l’école du bourg la pédagogie Freinet et le journal scolaire (au bord de la Pimpine) tu as vite été sollicité pour monter une initiation au journalisme.
Je me revois dans la salle de la cantine (aujourd’hui salle de classe) autour d’un magnétophone à bande emblématique du reportage audio le Nagra !
Joël tu as conforté sans le savoir ma passion secrète et peut-être aussi celle de mon frère.
Tu as été aussi l’un des premiers à t’intéresser à la tradition potière de Sadirac et à nous persuader que nous avions tout lieu d’en être fiers.
Tu as quitté le moulin pour d’autres aventures et quand nous nous retrouverons beaucoup plus tard tu auras grimpé tous les échelons et tu seras devenu directeur de la rédaction avant d’accéder au poste de directeur général adjoint de Sud-Ouest.
Jamais tu n’as oublié l’éthique de ton métier, la passion pour l’info, le goût essentiel dans notre monde actuel pour l’humain, les amitiés nouées dans la vie sociale, le sens du boulot bien fait et surtout l’importance de la proximité et du terrain.
Parti de Sud-Ouest tu as poursuivi ta mission en créant le site Aqui.fr en y mettant toutes tes forces intellectuelles et matérielles très en avance sur la mutation du papier vers le numérique. Tu fais confiance à des jeunes et tu animes encore et toujours une équipe, une rédaction.
J’étais un instituteur qui aimait être journaliste ; toi tu étais et tu resteras toujours pour moi un journaliste animé de la volonté permanente de transmettre et donc d’être instituteur.
Joël, nous sommes ravis de te compter si tu l’acceptes parmi les femmes et les hommes qui aiment Sadirac, qui veulent conserver son âme à Sadirac, qui ne vivent pas sur le passé mais qui ne l’oublient pas !
Joël merci de nous prouver que la valeur de l’attachement que l’on porte à un lieu n’attend pas le nombre des années où on y est passé !
Joël en fait dans notre confrérie c’est un peu comme quand tu lisais un papier au journal, le principe est le même : « ne regarde pas la cruche mais surtout regarde ce qu’elle contient ».
Les nôtres contiennent toutes de l’humilité, de la fidélité et de l’amitié autant de valeurs que j’en suis certain tu partageras! »
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Bel hommage
Aussi vrai que les liens qui nous unissent ont toujours été fraternels, on peut dire que Joël Aubert était notre père même si, de mon côté, j’ai été nourri à la mamelle d’une institutrice et « dressé » par un géniteur, qui se croyait génial instituteur, dans un bureau d’ où souvent je sortais souvent le corps en saignant. Il eut cinq chats et trois chattes à fouetter, se moquant bien de la méthode freinée. Pour ça, tu comprendras Jean-Marie que Joël, rencontré en 1959 sur les bancs du lycée de Libourne qui venait à peine de sortir de terre, aura toujours été un père pour moi même si je ne l’ai pas suivi à l’école de journalisme de Lille. J’ai été appelé, après la corvée nationale, sous les drapeaux de l’IUT de Bordeaux où professait un certain Noël Mamère. Heureusement « Sud-Ouest »! Fabrique d’hommes exceptionnels, au premier rang desquels Jean-François Lemoîne, Henri Amouroux et le très attachant JOËL AUBERT…
Merci Jean-Marie d’avoir rappelé ton hommage, sur le vif si je puis me permettre, à Joël Aubert en guise d’adieu à ce grand journaliste, cet humaniste à la fibre restée terrienne, cet initiateur de talents nouveaux. Sur ce dernier point, via « aqui.fr », un bel hommage à lui rendre est d’adhérer à l’association des amis d’aqui.fr, encouragement à l’entrée dans le métier (via le e-journalisme). Sur mon profil FB j’avais hier commis un post modeste à la mémoire de Joël Aubert ; je me suis permis à l’instant d’y ajouter le lien avec ton présent billet.