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A quand un vaccin contre la famine ?

Le monde obnubilé et même contrôlé par une crise sanitaire, angoissé par des statistiques quotidiennes de mortalité, déstructuré par une défiance croissante à l’égard de tout ce qui peut être considéré comme un pouvoir a oublié que les difficultés réelles sont ailleurs. En France le taux d’occupation des places en réanimation constitue un repère décisif pour les prises de décision gouvernementale.

Tous les moyens mobilisés par l’État permettent d’entretenir l’espoir de voir interrompue une histoire sans fin. Des centaines de milliards ont brutalement été trouvés pour produire des vaccins que la moitié de la population refuse de recevoir. Un million de nouveaux pauvres (essentiellement des jeunes) tentent de survivre alors que la société de consommation va s’éclater en fin d’année.

Et pendant que la Covid 19 mobilise l’opinion publique la destruction de la planète s’accélère et ne se ralentira pas car la priorité des futures années sera la course effrénée à la croissance à tout prix. Tous les maux profonds et structurels se retrouvent relégués au second plan comme s’ils avaient disparu par magie.

On ne meurt plus sous les bombardements ou dans les rues, sur les routes ou les mers de l’immigration, de la pollution, du tabac, des cancers, du manque d’eau ou de la famine sur cette terre uniquement « virussée ». Tout s’est évanoui !

Alors que forcément il y aura une atténuation à court ou moyen terme des conséquences légères du Coronavirus il est illusoire d’espérer que les millions de morts causés par des fléaux soient pris en compte dans la période actuelle. L’attention est ailleurs.

Ainsi lors de la remise du Prix Nobel à distance (qui s’en soucie sauf si c’est un docteur maboule qui aurait inventé une potion anti-virus) la plus grande organisation humanitaire de lutte contre la faim, le PAM, fondé en 1961, qui nourrit chaque année des dizaines de millions de ventres affamés – 97 millions l’an dernier – sur tous les continents a reçu celui de la Paix ! Le jury avait souligné qu’elle menait un véritable combat contre la faim dans le monde « cette arme de guerre » touchant en premier lieu les civils.

Face aux tentations de repli nationaliste, « le Programme alimentaire mondial (…) représente exactement le type de coopération et d’engagement internationaux dont le monde a cruellement besoin aujourd’hui » avait ajouté la Présidente. Une belle parole qui est tombée dans le désert médiatique alors que 280 millions d’humains de tous les âges souffrent de la faim et que largement plus de 20 000 d’entre eux meurent chaque jour dans l’indifférence totale.

« Ce prix Nobel de la paix est plus qu’un merci, c’est un appel à l’action », a indiqué le Directeur du plan alimentaire mondial en ajoutant que la «  famine est aux portes de l’humanité » et que seule « la nourriture est la voie vers la paix ». Partout la guerre de la nourriture est engagée : Burkina Faso, Soudan du Sud, nord-est du Nigeria et Yémen et même dans certaines puissances mondiales indifférentes aux plus pauvres.

Bien évidemment lors de son discours il n’a pas manqué de souligner le caractère absurde de la situation mondiale actuelle : « D’un côté, après un siècle de progrès massifs dans l’élimination de l’extrême pauvreté, 280 millions de nos voisins sont aujourd’hui au bord de la famine et de l’autre, il y a 400.000 milliards de dollars de richesses dans notre monde aujourd’hui. Même au plus fort de la pandémie de Covid, en seulement 90 jours, 2.700 milliards de dollars supplémentaires de richesses ont été créés. Et nous n’avons besoin que de 5 milliards de dollars pour sauver de la famine 30 millions de vies. »

Rappelons que la banque mondiale a débloqué 12 milliards de dollars pour offrir un vaccin que populations les plus pauvres… mais probablement jamais à celles et ceux qui agonisent sur des terres brûlées par un soleil qui devient un ennemi planétaire. L’ONU avait demandé 38 milliards mais n’en a obtenu que 3 pour la lutte contre la COVID. Les actions des grands laboratoires internationaux montent en flèche chaque fois que leurs recherches aboutissent.

La responsable du plan d’action « en pleurant pour les enfants qu’on n’a pas pu sauver » a lancé un appel qui n’a aycune chance d’être entendu : « quand nous n’avons pas assez d’argent ni l’accès dont nous avons besoin, nous devons décider quels enfants mangent et quels enfants ne mangent pas, quels enfants vivent, quels enfants meurent ». Même s’il a ajouté avec émotion, « s’il vous plaît, ne nous demandez pas de choisir qui vivra et qui mourra (…). Nourrissons-les tous ». Pour le moment on va vacciner les personnes âgées !

Cet article a 5 commentaires

  1. J.J.

    « Tous les moyens mobilisés par l’État permettent d’entretenir l’espoir de voir interrompue une histoire sans fin. »

    Ce qui semble être entretenu avec les dernières mesures, saupoudrées de quelques mensonges probables, c’est surtout l’expression de la démagogie habituelle.
    – En ne privant pas de Noël le bon peuple, (au fait, à part faire un gueuleton, et pour une faible minorité qui ira à la messe de minuit échanger ses virus, qu’est-ce que ça représente Noel, pour la plupart des gens ? Oubliées la fête chrétienne et surtout les véritables origines : le Solstice d’Hiver),
    – en autorisant les voyages hors région d’origine,
    – en autorisant les réunions familiales que personne ne pourra contrôler, sans compter les resquilleurs et profiteurs de tous bords, on se prépare une troisième vague probablement majestueuse et exponentielle pour fêter l’année nouvelle (voir Thanksgiving).

    Et les services de santé publique, au bord de l’effondrement, ne trouveront pas grand chose dans leur petit soulier, à part une charge de travail dont on n’est pas sûr qu’ils puissent venir à bout.

    Oui, certains feront un copieux gueuleton de Noel, et bambocheront sans complexes « alors que 280 millions d’humains de tous les âges souffrent de la faim et que largement plus de 20 000 d’entre eux meurent chaque jour dans l’indifférence totale. »

    Et bientôt on investira dans un nouveau sous marin à propulsion nucléaire !
    Bref, le meilleur de mondes .

  2. GRENE CHRISTIAN

    Jean-Marie,
    Il y a quelque chose d’agaçant avec toi, c’est que je ne trouve jamais rien à redire ou à rajouter. Tu serais tellement plus écouté si tu pouvais passer par la petite lucarne à une heure de grande audience. La mairie de Créon? Trop petite. L’auditorium du Conseil Départemental? Trop… confiné. « Faisons en sorte » de te faire connaître autour de nous pour que ta parole porte au plus loin, d’Akaba jusqu’à Zanzibar en passant par La Souterraine où, là aussi, le trou se Creuse entre les riches et les pauvres. Ceux qui bâfrent et ignorent que le Biafra existe encore; et ceux dont ventre crie famine dans le désert. Arrêtons de « faire en sorte »!

    1. J.J.

      « J’aimerais mieux être le premier dans ce village (à Créon, par exemple, pour être plus tranquille)que le second à Rome. »
      Jules César

  3. Visalski

    Opposer la Covid et la malnutrition dans le monde c’est ignorer que ce sinistre virus impacte fortement les économies informelles. Dans les pays en développement, une grande partie des ménages vit de l’économie informelle. La pandémie les a alors plongé dans une extrême pauvreté. Leurs sources de revenus ont été grandement fragilisées. Face au COVID-19, le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) a déclaré que nous étions au bord d’une pandémie de la faim. En effet, dans le monde 135 millions de personnes sont déjà proches de la famine. Avec la crise sanitaire ce sont 130 millions de personnes supplémentaires qui pourraient être au bord de la famine d’ici la fin 2020. Certains pays sont d’autant plus frappés par l’impact économique du COVID-19 en raison notamment de leur dépendance aux marchés internationaux. Alors que les échanges sont extrêmement perturbés, des pays exportateurs comme le Brésil par exemple, se retrouvent en grande difficulté. C’est le cas également de l’Egypte et de l’Algérie dont la production est essentiellement basée sur la monoculture.
    Si on ajoute à cela les conflits régionaux on constate que certaines régions du monde sont quant à elles déjà plongées dans un état de famine en raison des conflits qui sévissent. Il s’agit notamment du Yémen, du Soudan du Sud et de l’Afghanistan, pour qui les conséquences de l’épidémie de Coronavirus viennent aggraver la situation. La République Démocratique du Congo en proie à d’importants conflits pourrait basculer vers la famine, tout comme Haïti, le Pakistan et le Zimbabwe qui font face à une situation économique et environnementale préoccupante.
    L’inquiétude est grandissante en Afrique de l’Ouest et notamment au Burkina Faso et au Niger. Alors que les conflits éclatent, l’aide humanitaire peine à accéder à certaines régions plongées dans une instabilité sécuritaire permanente. Alors que 70 à 80% de la population d’Afrique de l’Ouest vit de l’agriculture, la transhumance du bétail est impossible face à la fermeture des frontières et du confinement. Aujourd’hui dans le monde, 1 enfant sur 6 vit dans un pays en guerre. Dans ces pays en guerre, il y a évidemment beaucoup plus de risque d’enrôlement d’enfants soldats. Ces groupes armés utilisent aussi bien des filles que des garçons qui sont des fois à peine âgés de 7 ans.
    Dans les situations les plus complexes, les parents se voient souvent contraints de marier leurs enfants précocement et de les faire travailler pour accéder aux moyens de subsistance. Ces phénomènes se multiplient face à la pandémie. 8 millions d’enfants ont été contraints au travail et à la mendicité. L’ONU, estime que dans les prochaines années, 13 millions de mariages d’enfants supplémentaires risquent d’avoir lieu en réponse à l’insécurité alimentaire des familles et à la pauvreté dans lesquelles elles sont plongées.
    Une fois victimes du travail des enfants et des mariages précoces, les enfants décrochent des systèmes scolaires et risquent de ne plus jamais retrouver les bancs de l’école. En plus d’avoir des conséquences directes sur la santé des enfants, la faim a des conséquences irréversibles sur leur émancipation et la sortie d’un chemin qui leur est bien trop souvent déjà tracé.
    Il faut aussi souligner que nombre de repas d’urgence sont distribués dans les écoles et représentent très souvent le seul repas des enfants.
    Source: visiondumonde.fr

  4. Laure Garralaga Lataste

    Un mystère/une énigme du Covid…
    Mardi, nous enterrons une cousine morte du Covid à l’hôpital, et enterrée avec toutes les précautions attachées à cette pandémie.
    Sacré mystère à résoudre !  » Comment une personne testée plusieurs fois négative ( 6 fois) peut-elle mourir du/de la Covid ?
    Merci pour vos réponses…

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