Dans une mondialisation galopante, des échanges permettant le libre échange des marchandises entre pays, il est assez stupéfiant de constater que désormais jamais la taxation eux frontières n’a jamais été aussi pratiquée. Objectif numéro un : protéger directement les producteurs de son pays en prétextant que la concurrence libre et non faussée n’est pas appliquée. Le champion toutes catégories est installé à la Maison Blanche. Il use et abuse du moindre prétexte pour défendre son électorat : les agriculteurs, les ouvriers ou employés de filières menacées, les entreprises en position dominante. C’est ainsi qu’il s’engouffre dans les suites de l’affaire des subventions accordées à Airbus pour frapper fort sur les « fleurons » des productions européennes.
Les USA avaient demandé il y a plus de 15 ans l’ouverture de consultations avec les gouvernements de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et de l’Espagne (les “États Membres”), et avec les Communautés européennes, au sujet des mesures affectant le commerce des avions gros porteurs. Ils reprochaient aux Européens l’octroi aux sociétés Airbus d’un financement pour la conception et le développement de ses Airbus A 300 et A 380 ; des dons et de biens et services fournis en vue de développer, d’élargir et de moderniser les sites de fabrication pour le développement et la production de l’Airbus A380; des prêts à des conditions préférentielles; la prise en charge et l’annulation des créances résultant de l’aide au lancement ; des dons et la prise de participations au capital social; de nouveaux prêts dédiés à la recherche-développement…
Les subventions en question comprennaient toutes celles qui se rapportaient à toute la tribu des produits Airbus (de l’A300 à l’A380). En résumé ils attaquaient les rivales de Boeing qui auraient exactement fait ce que le gouvernement américain a mis en œuvre pour protéger la concurrence de Boeing. Le vrai problème réside maintenant dans un jugement définitif de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ayant décidé d’énormes sanctions commerciales à l’encontre des « tricheurs européens.
Elle permet en effet à la Maison Blanche de mettre en place des droits de douane de 6,9 milliards d’euros envers les produits venant du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne et d’Espagne. Bruxelles ne peut plus légalement contester cette décision mais attend avec impatience une position aussi forte de l’OMC sur les aides accordées par des États américains au constructeur installé sur leur territoire.
Les USA se mettent vite en branle pour prendre leurs « partenaires » libéraux de vitesse. Les taxes douanières seront donc mises en place à partir du 18 octobre. Elles pèseront 10 % sur les avions importés de l’UE et 25 % sur les autres produits : vins français et espagnols, huile d’olive espagnole, le whisky écossais, les draps et les couvertures britanniques, le café, les couteaux et les machines allemandes et des fromages de toute l’Europe, secteur très sensible chez les agriculteurs américains frappés par une crise laitière et qui ne parviennent plus à écouler leur production malgré les aides gouvernementale. Heureux hasard les produits en cuir n’y figurent plus, ce qui protège la maroquinerie des groupes de luxe français comme LVMH. Il faut tout de même protéger l’électorat aisé de Trump !
Le résultat risque bien de mettre à mal des pans entiers de l’agriculture européenne déjà menacée par les traités CETA ou Mercosur ! Il faut s’attendre dans le contexte économique actuel à des faillites nombreuses de viticulteurs du Bordelais incapables de faire face à la surproduction, à la baisse générale des exportations et donc des cours.
Cette guerre commerciale va singulièrement peser sur l’avenir européen. Elle s’ajoute à celle qui fait rage entre Washington et Pékin, à la paralysie de la plate-forme d’échanges de Hong Kong (annulation de la manifestation bordelaise autour du vin) et elle risque de peser sur un commerce mondial dont la croissance ralentit progressivement.
L’OMC ne table plus que sur une hausse des échanges de marchandises de 1,2 % en 2019, contre les 2,6 % qui étaient prévus. Et chaque jour ou presque les discours se succèdent sur la fameuse croissance mère de tous les bonheurs futurs… L’économie ne sauvera pas la planète et encore moins les plus fragiles des femmes et des hommes qui la peuplent.
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La consommation de vin français à été régulée par les gouvernements francais successifs. Il est logique et pas légitime du tout que ça soit ainsi.
Si faillite de viticulteurs, que vont devenir les ancrages viticoles bordelais ?